Jenifer : "J'ai vécu des choses douloureuses"

Jenifer revient à l'écran. Dans "Traqués", diffusé le 14 mai à 21h sur TF1, la chanteuse désormais actrice se retrouve poursuivie par un homme qui veut éliminer le petit garçon qu'elle a pris sous son aile. La jeune femme s'est confiée à nous sur ce rôle fort, son rapport compliqué à l'image et la période difficile dont elle revient, plus déterminée et sensible que jamais.

Jenifer : "J'ai vécu des choses douloureuses"
© ShootPix/ABACA

Le Journal des Femmes : Comment vous êtes-vous retrouvée héroïne de Traqués ?
Jenifer : J'ai reçu un scénario que j'ai bien aimé et j'ai rencontré le réalisateur, avec qui ça a matché. Depuis le début de ma carrière, on me propose des choses, mais j'ai rarement eu l'élément déclencheur. Après les comédies Les Francis et Faut pas lui dire , j'ai eu envie de me challenger avec un drame.

Comment avez-vous abordé le rôle de Sarah ?
J'ai eu peur. J'avais besoin de comprendre complètement qui était Sarah pour pouvoir livrer les sentiments qu'on attendait de moi. Le plus dur était de faire abstraction de la caméra, de ne pas me focaliser sur l'œil qui vrille ou le sourcil tordu pour ne pas sortir du personnage. D'autant plus que Sarah est du genre à se fondre dans la masse. 

Sarah est une tête brûlée, mais avec une grande fragilité...
C'est un personnage complexe, en phase de reconstruction à cause d'un passé très chargé. C'est ce qui la rend attachante. Toutes ses coutures m'ont touchée. Je suis allée puiser dans celle que j'étais pour tenter d'être la plus honnête possible. C'est le passage obligatoire pour traduire la douleur. Cela m'a permis de panser définitivement certaines plaies. J'avais décidé d'arrêter ma tournée, c'était une période compliquée. Le fait de mettre ça de côté, de me plonger dans un personnage, m'a fait du bien.

"Ma voix m'insupporte "

Au début du film, on la sent bloquée dans un quotidien morne. Comment vivez-vous la routine ?
Je me lasse vite. Depuis petite. Me lever à la même heure, aller à l'école... ça m'a toujours angoissé. C'est pour ça que j'ai arrêté tôt ! Ce n'est pas un hasard si je fais un métier artistique. Le renouveau et la remise en question permanente me plaisent. J'ai soif d'apprendre.

"Je n'aime pas me regarder"

Qu'avez-vous ressenti en vous voyant à l'écran ?
a confrontation avec le miroir n'est jamais agréable. A l'écran, j'essaie de faire abstraction de celle que je suis, pour me concentrer sur le projet. Je réussis à faire la part des choses, même si j'ai eu du mal. Ma voix m'insupporte aussi. Quand je dois passer ma journée en studio à me réécouter, c'est l'horreur. Dans ce cas je sors, je dors un peu, je vais marcher avec mes enfants ou je pars en Corse pour prendre du recul.

Cela fait maintenant dix-sept ans que vous êtes au centre de l'attention. Comment se construit-on quand on est liée à un public ?
On n'oublie pas d'où on vient, on reste fidèle à l'éducation qu'on a reçue. J'avais peur de décevoir les miens et les gens susceptibles de m'aimer. Cela m'a poussée à grandir simplement, tranquillement, même sous l'objectif. Les valeurs qu'on m'a inculquées ont contribué à mon équilibre psychologique. Le public y est aussi pour beaucoup. C'est lui qui m'a donné envie de retourner en studio. Si je ne le fais pas, j'ai l'impression d'abandonner les gens et de renoncer à un quelque chose que j'aime profondément.

Qu'est-ce qui vous anime ?
Le renouveau, les challenges, l'inattendu, m'étonner, pouvoir surprendre. La scène aussi. J'aime la proximité avec les gens.

La fiction, le coaching pour The Voice... Vous aimez jouer un rôle ?
Non, parce que l'air de rien, c'est moi. Ma démarche est honnête. Si j'accepte un projet, c'est qu'il y a une partie de moi là-dedans.

Vous êtes-vous déjà sentie traquée ?
Oui, quand des gens insistants rôdent autour de chez moi. Dans ces cas-là, je communique, j'essaie d'être diplomate. Je me barricade et me rappelle mes valeurs. Je fais attention à mon entourage et je relativise.

Vous sortez d'une période difficile suite à l'accident mortel survenu pendant votre tournée. Mais vous voici de nouveau à la télévision, en interview, de retour en studio... C'est une nouvelle Jenifer ?
Non, c'est toujours moi. Je reviens c'est tout. J'ai vécu des choses douloureuses, mais je reste la même, un peu plus chargée en émotions.

Traqués, avec Jenifer, diffusé sur TF1 le 14 mai à 21h