David Hallyday : "Mon album a été construit pendant les attentats"

Les fans l'attendaient avec impatience. David Hallyday revient dans les bacs avec "Le temps d'une vie", un album intimiste. Rencontre.

David Hallyday : "Mon album a été construit pendant les attentats"
© David Tomaszewski

Six années se sont écoulées depuis son dernier album. Avec Le temps d'une vie, David Hallyday signe son grand retour dans les bacs. L'album, considéré comme l'un des plus intimes de l'artiste, appelle au respect de l'être humain et à l'importance d'un retour aux vraies valeurs. Alors qu'il sera sur la scène de la Maroquinerie le 12 décembre prochain, David Hallyday s'est laissé aller à la confidence...

Journal des Femmes : Le temps d'une vie est un album entièrement en français. Est-ce plus simple d'écrire et de chanter en français ?
David Hallyday : Ayant vécu toute ma vie aux Etats-Unis, il est plus naturel pour moi d'écrire et composer en anglais… La difficulté est de trouver des mélodies qui fonctionnent en français. C'est pour cela que je collabore avec Pierre-Dominique Burgaud et Arno Santamaria, deux musiciens qui savent mettre les mots en valeur. Quand je compose un titre, je chante tout ce qui me passe par la tête, sans réfléchir. Et bizarrement, il y a toujours un mot ou une phrase qui ressort avec le thème de la chanson.

C'est certainement votre album le plus intime, celui où vous vous dévoilez le plus…
Je suis toujours le même mais mes goûts ont évolué et j'ai envie de parler de choses différentes… J'ai eu des albums intimistes. La différence c'est qu'ici, j'ai voulu m'adresser à une seule et même personne, lui parler de choses de la vie, de l'amour, de déchirures, de trahisons, des valeurs…

Ce retour aux vraies valeurs est d'ailleurs le fil conducteur de l'album.
On vit une époque très compliquée dans laquelle les gens perdent la notion des choses simples. L'album s'est construit pendant les attentats. Je pense qu'il faut tenter de lâcher prise et pour ce faire, s'intéresser aux choses qui nous entourent. Tant que les gens ne respecteront pas la nature, on n'arrivera pas à se connecter entre nous. On voit que la politique ne fonctionne pas. Il faut trouver autre chose et c'est peut-être la spiritualité qui sera la clé de tout ça. L'album est truffé de doubles sens, de symbolisme. Chacun peut se faire sa propre idée.

Dans Les portes, vous dites "je me tais pour laisser les sirènes du passé se noyer lentement". Êtes-vous aujourd'hui un homme serein ?
J'essaie de l'être de plus en plus. J'ai de la chance d'avoir eu cette passion très tôt et d'avoir pu m'y consacrer pleinement. Mon plus grand luxe est de pouvoir faire ma propre musique. La musique m'a aidé à atténuer certaines de mes souffrances les plus enfouies. Elle m'a soulagé.

"Je ne suis pas hanté par le passé"

Êtes-vous hanté par le passé ?
Je ne suis pas hanté par le passé. C'est lui qui m'a construit et me permet d'être ce que je suis aujourd'hui. J'ai tendance à vivre le moment présent et à regarder vers l'avant. Je regrette bien sûr des fautes que j'ai pu commettre, mais j'essaie de devenir une meilleure personne et de m'améliorer dans beaucoup de domaines.

Dans Le 6e sens, vous parlez écologie. Une thématique qui vous tient à cœur.
Je suis très attaché à la cause animale car on sait comment on les voit, mais on ignore comment ils nous perçoivent. Ils sont impuissants face à nous. Finalement, on est une " sale race " par rapport à eux. Un animal sauvage ne ment pas, alors que nous, nous sommes une espèce très complexe qui détruit tout sur son passage… C'est catastrophique.

Ça vous effraie ?
Ça m'enrage surtout. Je ne comprends pas qu'il y ait des gens qui ne se sentent pas concernés par l'écologie. Je milite et soutient de nombreuses associations comme Sea Shepherd car c'est une association qui, en plus de tenir un discours, agit. C'est le plus important.

© David Tomaszewski

Que pensez-vous des climato-sceptiques ?
Certains disent que la terre revient toujours à zéro et qu'on peut tout recommencer. Quand on regarde certaines zones de l'Asie qui sont devenues totalement irrespirables à cause des centrales nucléaires et des usines… Pour le bénéfice de certains, on détruit l'environnement, et beaucoup s'en fichent. Ils se sentent plus concernés par leur propre confort, ce que je respecte, que par le reste. Cela n'empêche pas le fait de respecter la nature… Malgré tout, j'ai tendance à croire en l'avenir. Mon fils et ses amis se sentent beaucoup plus concernés que nous au même âge. Cette nouvelle génération plus informée et cultivée me donne de l'espoir.

Vous serez le 12 décembre à la Maroquinerie. Hâte de retrouver la scène ?
La scène, c'est la consécration de tous tes projets. Tu passes tellement de temps à travailler sur un album, à chercher des paroles, composer des chansons, choisir un titre, un visuel… Une fois qu'on a réussi à faire tout ça, il faut présenter ce travail sur scène et en live, tout prend des proportions beaucoup plus fortes. Tu ne peux pas être un artiste sans faire de live.

"Mes enfants doivent faire leurs propres erreurs"

Vous avez 3 enfants – Ilona, Emma et Cameron. Quel genre de papa êtes-vous ?
J'essaie d'être présent pour eux, mais pas trop, de leur faire croire qu'ils sont totalement libres alors que pas tout à fait… Ce n'est pas simple. Leur montrer les choses importantes de la vie, leur inculquer les vraies valeurs, être juste, les aider dès que possible, leur dire de ne pas tricher, de se mettre à la place des gens… Toutes ces choses qui font partie de l'être humain finalement. Mais je suis fier de voir que j'ai des enfants bien, qui écoutent et s'intéressent aux autres. Si je peux les aider dans leurs choix de vie professionnelle, je le ferais mais ils doivent aussi construire leur propre carrière et faire leurs propres erreurs.

Comment vivez-vous la carrière et l'exposition médiatique de votre fille Ilona ?
J'avais très peur au début car j'ai grandi là-dedans. L'exposition c'est bien quand on a quelque chose à dire. Si c'est pour te voir en peignoir dans ta cuisine, ça ne sert à rien. Il faut aussi veiller à préserver notre vie privée. Elle l'a bien compris donc je suis plutôt serein.

Vos fans vous font de grandes déclarations sur les réseaux sociaux. Comment réagissez-vous ?
(rires) J'en lis certaines et c'est très drôle. En réalité, j'ai du mal à réaliser que ces messages me sont destinés. J'ai toujours abordé mon métier comme une passion, un terrain de jeu… C'est dingue mais plutôt rigolo.

Vous allez bientôt fêter vos 30 ans de carrière, en 2017. Qu'avez-vous prévu pour la suite ?
Je n'ai aucun plan de carrière. Je me lance des défis mais je ne prévois rien. La tournée arrive, je vais me consacrer au cinéma avec le tournage de deux films l'année prochaine, et j'essaie de trouver de nouveaux talents à Londres via mon label. C'est important de transmettre cette passion.