Black M : "Mon histoire est spéciale"

Après avoir eu les yeux plus gros que le monde et emprunté sa route, Black M confie être un "Eternel Insatisfait" dans un deuxième album. Rencontre avec un chanteur adoré à l'ambition inassouvissable.

Black M : "Mon histoire est spéciale"
© David Delaplace

"Je me sens menacé par le temps", chante Black M dans Cheveux Blancs, extrait de son dernier album. Pourtant, le temps semble être du côté de ce Parisien de 31 ans, auteur des tubes Sur ma Route et Madame Pavoshko. Black Mesrimes, Alpha Diallo de son vrai nom, était membre du groupe Sexion d'Assaut au côté de Maître Gims il y a encore quelques années, avant de devenir, en deux ans, l'un des chanteurs les plus populaires auprès des jeunes. Presque quatre millions de likes sur sa page Facebook, plus de 800 000 abonnés sur Instagram et Twitter : des chiffres qui en imposent à l'heure où le succès se mesure sur les réseaux sociaux.

Une adoration pour Eminem

Son premier album, Les Yeux plus gros que le monde, a d'ailleurs été disque de diamant. Ses influences ? De la musique urbaine et une touche de sons africains. Le tout motivé par une adoration pour Eminem côté US, Booba et Oxmo Puccino côté français. Black M, c'est un peu le petit frère sympathique de ces deux derniers, celui qui fait danser grands-parents et petits-enfants sur des musiques passées en boucle à la radio. Une image de rappeur variété qui convient parfaitement à celui qui ne cherche pas à être un artiste engagé.

Dans son deuxième opus, Eternel insatisfait, l'auteur-compositeur-interprète s'offre une chanson avec Shakira, un son produit par Diplo, une reprise chantée par Amadou et Mariam et un duo avec le nouveau chouchou du rap français, MHD. Accessoirement, Vincent Cassel a aussi fait une apparition dans son dernier clip, en rejouant une scène de La Haine. Pas mal, pour un insatiable.

Le Journal des Femmes : Votre dernier clip est une référence à La Haine, avec Vincent Cassel en guest-star. Le cinéma vous inspire-t-il ?
Black M : Tellement que je suis en train d'écrire un long-métrage autobiographique avec un comédien très connu. Je veux parler de mon succès, un peu de ma vie personnelle et de Sexion d'Assaut. Je souhaite expliquer comment un mec comme moi a réussi à devenir populaire, à réunir des familles dans ses concerts.

"Je me suis retrouvé 3 mois à la rue"

Faire un biopic à 31 ans, ce n'est pas un peu ambitieux ?
S'il ne s'était rien passé oui, mais j'ai des choses à raconter. Mon histoire est spéciale. J'ai grandi dans un quartier riche en plein Paris, J'étais le seul noir et je n'avais aucun moyen alors que tout le monde pouvait s'offrir ce qu'il voulait autour de moi, Je faisais du rap, j'étais le seul dans mon délire, les gens me regardaient de haut. Et puis on s'est fait expulser, je me suis retrouvé 3 mois à la rue... On me disait "comment tu vas faire du rap en venant du VIIème arrondissement ?"

Que répondez-vous à ceux qui considèrent votre rap trop populaire ?
Je ne me suis jamais menti, je n'ai jamais fait le caïd, Ceux qui me critiquent ne me dérangent pas, parce que j'ai toujours voulu populariser mon son. Michael Jackson ne s'est pas contenté de faire de la musique pour un groupe de personnes. Il s'est dit : "Je veux que le monde entier m'écoute." Je suis dans le même état d'esprit.

D'où le titre de votre album, Eternel insatisfait...
Ce n'est pas parce que je suis toujours mécontent, mais plutôt parce que je veux toujours me surpasser. Quand j'obtiens quelque chose, je veux le double, puis le triple. Tous les êtres humains sont comme ça. Je suis très, très, très, très ambitieux. Je ne sais pas si  j'ai les armes pour arriver là où je veux, mais je m'en donne les moyens.

"Je ne peux pas tout me permettre"

Vous avez galéré pour en arriver à un tel succès. Est-ce plus difficile d'écrire maintenant que tout vous sourit ?
Au début, j'étais révolté, je disais tout ce qui me passait par la tête, Aujourd'hui, je suis obligé de regarder autour. Mon public est assez jeune, je ne peux pas tout me permettre. Je ne peux pas faire le son de Booba par exemple. Mes paroles partent toujours des tripes, mais sous une forme plus adulte. Ce rôle de grand frère ne me dérange pas parce que je n'ai jamais été négatif dans mes propos. Je suis plutôt du genre à rassembler.

Vous avez presque 4 millions de followers sur Facebook… La popularité, c'est un avantage ou un inconvénient ?
L'avantage, c'est que quand j'écris un son que je veux partager, tout le monde est au courant. L'inconvénient, c'est que je ne suis jamais tranquille. C'est le jeu…

C'est le jeu, comme les polémiques que vous avez subies…
Dès que vous devenez trop populaire. on vient vous chercher des problèmes. Je ne suis pas quelqu'un qui divise. Après l'histoire avec le FN, j'ai reçu des menaces, j'étais en colère. Ils s'attendaient à ce que je réponde violemment, mais j'ai sorti le morceau "Je suis chez moi". Aujourd'hui, tu mets ce titre dans une classe de pré-ados de toutes origines, chacun peut se dire "oui, je suis Français". Tant mieux si cette histoire a permis à des jeunes de se poser certaines questions. Je dis souvent que j'essaie de transformer ce qui est négatif en positif. Ça a été le cas ici.

"Vincent Cassel rejoue une scène culte de "La Haine" dans le nouveau clip de Black M (vidéo)"

Eternel Insatisfait, disponible depuis le 28 octobre.