Audrey Pulvar : "Quand j'étais étudiante, j'allais au cinéma tous les jours"

INTERVIEW - Audrey Pulvar est la présidente du Jury de la Révélation Kiehl's du 42e Festival de Deauville. Une casquette surprenante, qui réjouit la journaliste d'i-Télé, passionnée de cinéma. Rencontre.

Audrey Pulvar : "Quand j'étais étudiante, j'allais au cinéma tous les jours"
© Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA

Quel est le point commun entre le journalisme et le cinéma ? Ils ont tous les deux vocation à raconter le monde en mettant l'humain au centre. Audrey Pulvar illustre à merveille ce trait d'union. La journaliste est la présidente du Jury de la Révélation Kiehl's du 42e Festival de Deauville. Avec ses jurés - Christa Théret, Kheiron, Diane Rouxel, Cédric Anger et Jérôme Bonnell - elle remettra samedi 10 septembre un prix spécial à un film de la sélection. Nous l'avons rencontrée, au début du Festival. Habituée à poser les questions, la journaliste d'i-Télé devait cette fois répondre aux nôtres. Passionnée de cinéma et ultra calée sur le sujet, Audrey Pulvar nous a parlé de sa cinéphilie.

© Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA


Le Journal des Femmes : Pourquoi avoir accepté cette fonction de présidente de jury ?
Audrey Pulvar :
C'est comme si un rêve devenait réalité. J'aime beaucoup le cinéma depuis très longtemps. J'ai commencé à m'y intéresser au début de mon adolescence. J'étais loin de pouvoir accéder aux genres de films qui sont projetés ici. Etre au coeur d'un festival aussi important que celui de Deauville, être ne serait-ce que membre d'un jury, voir tous les films dans de supers conditions, c'est un rêve.

Le Journal des Femmes : Vous avez une ligne directrice de présidente ?
Audrey Pulvar :
Je demande à mes camarades d'être eux-mêmes, de juger les films sans a priori. Ils font tous du cinéma, à plus ou moins petite dose donc ils ont déjà un regard de professionnel. C'est mon rôle de profane de leur faire retrouver un oeil de simple cinéphile, sans avoir en tête le côté technique.

Le Journal des Femmes : Quelle cinéphile êtes-vous ?
Audrey Pulvar :
Je vois beaucoup de films. Quand j'étais étudiante, j'arrivais à aller au cinéma tous les jours, alors que paradoxalement, j'étais sans le sou. A l'époque, je voyais aussi bien des films des années 30 que de l'après-guerre ou des films récents. Aujourd'hui, je vois un peu moins de longs-métrages en salles. J'aime tous les cinémas : le cinéma européen, sud-coréen, japonais et évidemment le cinéma américain.

Le Journal des Femmes : Que représente le cinéma américain pour vous ?
Audrey Pulvar :
Les films indépendants. On est en plein dedans, là. Tous ces films un peu en marge, plus exigeants, qui nous montrent la réalité d'un pays qui nous fascine, la plupart du temps. C'est intéressant que des auteurs nous dévoilent une partie de la vie de ce continent. Je ne suis jamais allée au Festival de Sundance, mais ça fait partie des choses que j'aimerais faire.

Le Journal des Femmes : Avez-vous un film de chevet ?
Audrey Pulvar :
Il y en a pas mal. Torch Song Trilogy et Beignets de Tomates Vertes. J'ai vu et revu et revu West Side Story, qui pourrait peut-être être mon film de chevet, le genre de films qu'on revoit 250 000 fois. J'étais vraiment toute petite quand je l'ai découvert. Je devais avoir 6 ou 7 ans. C'est un des premiers films qui m'a vraiment marquée et que j'ai vu et revu ensuite. C'était la première fois que je voyais une comédie musicale. A l'époque, les Etats-Unis me faisaient rêver, je n'y étais jamais allée. Ce film, c'est Roméo et Juliette, la danse, la musique...

Le Journal des Femmes : Les comédies musicales sont un genre que vous appréciez ?
Audrey Pulvar :
Moins maintenant, mais quand j'étais enfant, oui. Mes parents ont fait mon éducation au cinéma comme ça. Avec des grands classiques, comme Charlie Chaplin, mais aussi avec Chantons Sous la Pluie, Un Américain à Paris, toutes ces comédies musicales qu'on a vu des milliers de fois.

J'ai vu et revu et revu West Side Story

Le Journal des Femmes : Quel genre préférez-vous aujourd'hui ?
Audrey Pulvar :
J'aime plus le cinéma du réel. Je suis moins attirée par les comédies musicales en général, au théâtre comme au cinéma. Je revois aujourd'hui un film comme Hair, mythique pour au moins 2 générations, avec nostalgie, mais moins de plaisir.

Le Journal des Femmes : Est-ce que votre regard de journaliste influence vos goûts ?
Audrey Pulvar :
Peut-être, oui. Ou alors, c'est parce que j'ai vu beaucoup d'autres films et que je me suis attachée à d'autres types de cinéma. Je pense à un film coréen, qui s'appelle Failan (de Song Hae-seong, ndlr) ou un film comme Ivre de Femmes et de Peinture (de Im Kwon-taek, ndlr) : ce sont des films qui me transportent beaucoup plus aujourd'hui que les comédies musicales.

Le Journal des Femmes : Vous êtes très active sur Twitter. Pourquoi cet intérêt pour ce réseau social ?
Audrey Pulvar :
Parce que j'ai la flemme de me mettre sur les autres (rires). Quand Twitter est apparu, j'étais parmi les premiers comptes en France, à une époque où ce n'était pas du tout un déversoir de haine. Il y avait déjà quelques trolls, mais c'était encore un truc très sympa. On parlait avec des gens inconnus, certes, mais on parlait de choses marrantes, on s'envoyait des vannes. Je lançais le "saucisson time" et on faisait du porn food avant l'heure ! C'est devenu très rapidement ce que c'est aujourd'hui : un endroit où se déversent toutes les haines et les aigreurs. Finkelkraut disait qu'Internet était la poubelle des aigreurs du monde. J'ai arrêté Twitter pendant un certain temps avant de rouvrir un compte il y a 2 ans.

Le Journal des Femmes : Sur Twitter, vous faites preuve d'une grande liberté de ton. Ca ne vous a pas porté préjudice par rapport à votre image publique ?
Audrey Pulvar :
Non, parce que les gens savent que je suis comme ça. Cela va faire 25 ans que je fais ce métier. Les gens me connaissent, ils m'ont vu dans différentes situations professionnelles. Je me sens autorisée aujourd'hui à avoir une parole un peu plus libre. Mais si j'étais au début de ma carrière, si j'étais une jeune journaliste qui démarre, je ferais un peu plus attention.

Le Journal des Femmes : A la rentrée, vous allez animer l'émission Pop Up sur la chaîne C8 (anciennement D8). Pouvez-vous m'en dire plus ?
Audrey Pulvar :
Ce sera une émission d'environ 1 heure, le vendredi soir. Elle sera basée sur du reportage, on n'aura pas forcément d'invités en plateau. Je serai sur le terrain avec les équipes. On va parler de tout ce qui fait la culture avec l'idée qu'il n'y a pas de petite ou de grande culture, ou de bonne ou de mauvaise culture. Il y a la façon dont on en parle et dont elle s'ancre dans la vie des gens. Si un film hyper populaire peut sembler avoir un contenu léger, mais qu'il rencontre un écho chez les gens qui vont le voir, ça nous intéresse. Si quelque chose de plus élitiste parle aux gens et déclenche une interrogation chez eux, on va en parler aussi. Je n'ai pas d'œillères. Tout m'intéresse. 

Le Journal des Femmes : La culture est-elle suffisamment représentée à la télévision ?
Audrey Pulvar :
Elle ne l'est jamais trop.