Isabelle Carré brise le tabou de la nécrophilie avec les frères Larrieu

Conte épicurien fantasmagorique, voyage initiatique et érotique réjouissant, quête du désir subtile et délicieuse, ces "21 Nuits avec Pattie" sont savoureuses, merveilleusement écrites et réalisées par les frères Larrieu et interprétée par la douce Isabelle Carré... que nous avons rencontrée. Interview.

Isabelle Carré brise le tabou de la nécrophilie avec les frères Larrieu
Isabelle Carrée dans "21 Nuits avec Pattie", au cinéma le 25 novembre  © Pyramide Distribution

Le discours libertaire et érotique d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu sur la sexualité atteint son apogée en abordant la nécrophagie, sans jamais déranger, avec "21 Nuits avec Pattie", en salles ce mercredi.
Déroutant, valsant comme un bal populaire, revigorant aussi à coups de verres de vin, de soliloques déjantés de Dussolier, de la verve gouailleuse de Karin Viard et des culbutes et répliques cul(-tes) de Denis Lavant, cet opus réussit une prouesse. Celle de parler de jouissance féminine, d'inceste et de désirs scabreux en évitant l'obscénité grâce à la partition joyeuse jouée par son insouciante héroïne, Isabelle Carré.

Le Journal des Femmes : Qui est Caroline, le personnage que vous interprétez ?
Isabelle Carré :
Quelqu'un de transparent, de passe-partout, elle écoute et reçoit. Les frères Larrieu m'ont dit que c'était certainement un personnage qui travaille dans l'événementiel. Elle a ce côté parisien de la fille qui assure et qui finalement ne maîtrise plus rien et se laisse déborder par ce qui lui arrive dans cette mystérieuse montagne noire.

Son rapport au corps est moins libre que celui des autres personnages...
Il est même verrouillé, c'est très touchant lorsqu'elle dit qu'elle n'a "jamais rien ressenti". Les frères Larrieu ont vraiment réussi à faire passer ce message. Ce qui m'a frappée, c'est qu'ils construisent devant nous, ils inventent les plans et construisent petit à petit.

Qu'est-ce que cela fait d'intégrer la famille Larrieu ?
J'adore leur cinéma et j'ai vu tous leurs films. mais je me sentais éloignée de leur univers. Quand ils m'ont proposé ce projet,  j'étais très reconnaissante. On s'est très bien entendu. Ce sont des hommes simples, ouverts, des cinéastes qui laissent de la place à l'autre. On se sent encore plus vivant à leurs côtés. 

Interview aléatoire :
Le Journal des Femmes a demandé à Isabelle Carrée de choisir au hasard des numéros entre 1 et 110 et de répondre aux questions correspondantes.

Quel était votre fantasme pour adolescente ?
Celui de La Rose Pourpre du Caire (un film de Woody Allen, ndlr). Rentrer dans l'écran à la manière de Mia Farrow, de quitter la vie et d'être dans le film.

Déjà un désir de cinéma…
Oui, je passais mon temps à aller voir des films français lors de mon adolescence. J'ai découvert le cinéma en tant que spectatrice. Mes plus grands coups de coeur de l'époque restent Mauvais Sang de Leos Carax, Mélo d'Alain Resnais, les films d'André Techiné et Sandrine Bonnaire... J'aimerais vraiment être dirigée par elle. J'ai déjà été dirigée par des actrices et c'est très émouvant, il y a vraiment quelque chose de l'ordre de la transmission. 

Vous venez d'un milieu artistique ?
Mon père est designer donc on allait voir plein d'expos d'art conceptuel, d'art moderne. Il faisait de la poterie et de la céramique. Ma mère est sculptrice dans l'âme, mais travaillait comme secrétaire pour gagner sa vie. 

De quelle chanson ne vous lassez-vous pas ?
Christine & the Queens ! Je l'ai découverte pendant le tournage des Larrieu et sa musique m'a beaucoup aidée. Pour le tournage de Se souvenir des belles choses, c'était Björk.

Que puis-je vous offrir pour vous faire plaisir ?
Du chocolat au lait avec des noisettes. J'ai d'ailleurs pris des cours avec Pierre Hermé pour faire mes chocolats moi-même.

21 Nuits avec Pattie © Pyramide Distribution

Quel est votre pire défaut ?
De m'excuser beaucoup. C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai pas mon permis de conduire, j'ai peur de la responsabilité, des gens qui sont avec moi dans la voiture et ceux à l'extérieur.

Le destin vous fait peur ?
Oui. Les mauvaises rencontres, les mauvais endroits au mauvais moment, les catastrophes... Je suis une angoissée.

Quel est votre talent caché ?
Je sais écouter.

Qu'est-ce qui vous donne la pêche ?
La musique, la danse africaine, la gentillesse.

Avez-vous des réflexes écolos ?
Un petit peu, mais pas assez. Je fais le tri, j'essaie de manger bio, de prendre des liquides et sacs poubelle recyclables.

Faites-vous attention à votre ligne ?
Ah non pas du tout ! J'ai d'ailleurs une théorie : c'est lorsque l'on commence à faire des régimes que l'on grossit parce que l'on est obsédé par la nourriture, on a faim … Et puis la beauté peut s'exprimer de différentes manières. J'ai envie de voir de vrais corps.  

 © Pyramide Distribution