Louis Garrel, amant torride de Saint Laurent

L'acteur ténébreux interprète le tout aussi mystérieux Jacques de Bascher, amant du célèbre couturier dans "Saint Laurent", en salles le 24 septembre. Louis Garrel nous parle de son rôle de dandy, de la nuit et de sa moustache.

Louis Garrel, amant torride de Saint Laurent

Pour Saint Laurent, au cinéma le 24 septembre, Louis Garrel prend les traits de Jacques de Bascher, mondain parisien magnétique, connu pour avoir été l'amant destructeur d'YSL et le compagnon de Karl Lagerfeld.
L'acteur nous rejoint dans le salon d'un hôtel particulier parisien, par une journée ensoleillée de septembre. Pantalon noir, tee-shirt sombre, barbe de trois jours et casquette à la main, Louis Garrel nous salue, s'affale dans le sofa et nous transperce de ses yeux noirs.
Ténébreux, le mot semble inventé pour lui. Même quand il parle, le trentenaire dégage un mystère aussi épais que ses boucles de jais. On se dit qu'il est impénétrable, noyé dans ses pensées. Quand tout à coup, il lâche une plaisanterie, un éclat de rire et semble plus léger. A peine le temps de savourer l'instant que le regard de braise, observateur, est de retour avec un sourire en coin. Insaisissable. Récit d'une conversation avec un acteur sombre au talent étincelant.

louis garrel
Louis Garrel en Jacques de Bascher dans "Saint Laurent" © 2014 Mandarin Cinéma - Europacorp - range Studio - Arte France Cinéma -Scope Pictures / Carole Bethuel

Le Journal des Femmes : Que représentait Yves Saint Laurent pour vous ?
Louis Garrel : Une sorte de mythe, de figure incontestée. Un chef dans son domaine, une référence... Et surtout beaucoup d'images des années 80, de sa grande idée du smoking pour femmes. Tout ça vu de loin, en étant très nul en mode.

Etait-ce difficile de s'acclimater à ce monde qui vous était inconnu ?
Louis Garrel :
Au contraire, quand on fait un film, c'est toujours plus rigolo de se plonger dans un nouvel univers. C'est ce qui est agréable en tant qu'acteur : découvrir de nouvelles choses, aller voir le monde.

C'est cette soif de découverte qui vous a donné envie d'interpréter Jacques de Bascher ?
Louis Garrel :
 Oui, quand j'ai entendu parler de Jacques de Bascher, je me suis dit que j'adorerais le jouer. C'est un personnage très énigmatique, pas du tout connu, qui représentait une figure de dandy. Les gens qui l'ont connu ont un souvenir hyper fort de lui. Il est assez légendaire.

Y a-t-il plus de pression à interpréter un homme qui a existé ?
Louis Garrel : Au contraire, le fait qu'il n'y ait pas de photo de lui, qu'on ne le connaisse pas, ça laisse place à l'imaginaire. Ce qui est plutôt très agréable. Pendant le tournage, je pensais tout le temps aux gens qui l'ont connu. J'espère qu'ils vont se dire : "Ah ! Ca nous le rappelle, c'est tout à fait ça !"

Une scène vous a marqué en particulier ?
Louis Garrel 
: Celle où on s'embrasse avec Gaspard [Ulliel, ndlr]. Elle a été tournée en une seule prise, ça a duré très longtemps. C'était assez bien chorégraphié et très agréable à faire. C'était doux, tendre, sensuel. L'endroit où on tournait était incroyable, avec un soin particulier apporté aux objets, au design. Il y avait une vraie atmosphère, entre la beauté de Gaspard, le blanc de la pièce...

Partagez-vous des traits de personnalité avec Jacques de Bascher ?
Louis Garrel :
Pas vraiment. C'est un objet de fantasme, qui organise des soirées orgiaques, qui n'a pas envie de se soucier d'autre chose que de son apparence, de cultiver une sorte de sensualité dans tout. C'est vraiment la définition de la femme fatale des films hollywoodiens. Celle qui pousse un homme marié à se séparer de son épouse, qui va le ruiner, puis le quitter à la fin.

Comme quand il déclare : "Les gens pensent que je ne travaille pas, mais j'inspire Karl [Lagerfeld, ndlr]"...
Louis Garrel :
 Exactement ! Cette phrase est super drôle, c'est tout à fait lui (sourire). Sa réputation est son travail. Son œuvre, c'est sa vie. Quelqu'un m'avait dit "il est décadent", ce qui signifie "chuter avec grâce". J'aime bien cette définition, un peu comme un ballet inquiétant, sensuel... Romanesque à jouer.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour vous dans ce rôle sans limite ?
Louis Garrel
: Il a fallu que je porte la moustache. C'est bête, mais ça change. Parce qu'il faut l'assumer partout. Autant sur le tournage, avec les costumes, la lumière, ça s'y prête. Autant dans la vie... Pour moi, porter une moustache était comme un "truc" de la nuit. Ca allait bien avec l'image que j'avais de Bascher.

Vous aussi, vous êtes une créature nocturne ?
Louis Garrel
: Comme tout le monde, ça m'arrive d'avoir des moments de plaisir à vivre la nuit, quand l'industrie du monde dort, pendant cette période normalement complètement inutile, dédiée à rien. La nuit, c'est une pure fête.

Qu'avez-vous ressenti en vous voyant dans le film ?
Louis Garrel
: Je ne l'ai pas encore regardé ! Je vais le faire, mais pour l'instant, je ne sais pas pourquoi, j'ai le trac.

Portrait chinois : si vous étiez...
Un film : Tout sur ma mère, de Pedro Almodovar
Un livre : Portnoy et son complexe, de Philip Roth
Un mot : Ouf !
Un chanteur : Julian Casablancas, des Strokes
Un parfum : La menthe
Un vêtement : Un chapeau
Une femme : Ma mèreuh !

Découvrez Louis Garrel en Jacques de Bascher dans la bande-annonce de Saint Laurent, au cinéma le 24 septembre :

"Bande-annonce, Saint Laurent"