Anne Sinclair, sur DSK : "On ne quitte pas un homme quand il est à terre"

Anne Sinclair s'est confiée sur l'affaire du Sofitel de New York pour la première fois ce mardi soir, dans l'émission "Un jour, un destin" de France 2. Compte-rendu d'une interview longuement attendue.

Un record. Cinq millions de Français ont suivi le magazine Un jour, un destin sur France 2, ce mardi. Tous attendaient l'entretien d'Anne Sinclair par Laurent Delahousse, trois ans après l'affaire du Sofitel de New York. Pour la première fois, l'ex-femme de Dominique Strauss-Kahn s'est livrée sur le scandale qui a signé la fin de la carrière politique de son ancien époux. La journaliste a enfin mis des mots sur ce qu'elle a vécu comme "un moment de cauchemar". "Je n'y ai pas cru, je ne le crois pas et je sais que ce n'est pas le cas", a-t-elle déclaré à propos des accusations de viol portées contre DSK.

Dans la nuit du 14 au 15 mai 2011, arrivent les prémices de la tempête qui va s'abattre sur leur couple. L'avocat de DSK, William Taylor, appelle Anne Sinclair pour lui annoncer que son conjoint est en garde à vue à New York, et qu'il est accusé de viol par Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel où il loge. "Elle était extrêmement choquée, surprise", se souvient-il. Pour elle, "c'est tomber du haut de l'Olympe pour se retrouver dans un cul de basse-fosse, c'est un destin incroyable". Pourtant, malgré le tourbillon médiatique suscité par l'affaire, Anne Sinclair apparaît impassible, invulnérable. "Si elle se montre effondrée, il est condamné", commente l'une de ses amies. "Tout a été violent, y compris les réactions de la presse. Il y a eu 150 000 Unes de journaux dans le monde sur le sujet. Il y a beaucoup de journalistes qui m'ont étonnée par leur impudeur, leur façon de se délecter de commentaires psychologiques, de détails scabreux", rapporte l'ancienne présentatrice de 7 sur 7 à Laurent Delahousse.

Interrogée sur l'éventualité d'un complot, elle déclare : "Il n'y a pas eu de complot, je pense qu'il y a eu une volonté d'amplifier beaucoup les choses auprès des autorités new-yorkaises. Je pense que les autorités françaises n'ont pas été totalement neutres mais je ne veux pas rentrer là-dedans." Anne Sinclair confie aussi ne pas avoir revu Nicolas Sarkozy depuis et n'avoir "rien à lui dire""Je n'ai rien à reprocher à personne. Je garde mes reproches pour moi. Je pense que c'est une affaire qui est tombée, que Nicolas Sarkozy a pris comme du pain béni et qu'à ce moment-là, il en a profité. C'était le jeu politique", commente-t-elle.

Malgré tout, l'interviewée ne prend pas totalement la défense de DSK : "Le comportement que Dominique a pu avoir alors qu'il était à la veille d'une élection, je pense que c'était infantile, pas à la hauteur, ni de l'homme que je croyais qu'il était, ni du destin qu'il ambitionnait." Quant aux rumeurs de liaisons de son ex-mari, elle jure n'avoir rien su. "Quand j'ai épousé Dominique, je savais que c'était un charmeur, que c'était un séducteur", avoue-t-elle. Elle admet avoir été mise au parfum des rumeurs qui couraient, "mais les rumeurs, elles sont faites pour détruire, (...) donc je les ai ignorées", explique-t-elle. Quand elle se mettait à douter,son mari savait "démentir" et la "rassurer". "Les conjoints sont toujours les derniers informés", concède-t-elle. "Ce que j'ai accepté au su de tout le monde, c'était de me battre aux côtés d'un homme injustement accusé. (...) On ne quitte pas un homme quand il est à terre", a-t-elle déclaré. Et elle a patiemment attendu que tout retombe, vaillamment et loyalement, avant d'entreprendre fin 2012 les démarches pour divorcer de celui qu'elle a soutenu pendant plus de 20 ans, aussi bien en amour qu'en politique.

annesinclair
 Anne Sinclair © Capture d'écran "Un jour, un destin"