Mort d'Yvette Horner, reine des cœurs et de l'accordéon

Née le 22 septembre 1922 à Tarbes, Yvette Horner étudie très tôt la musique, décrochant à l'âge de 11 ans son premier prix de piano. Un instrument qu'elle se voit contrainte d'abandonner lorsque sa mère l'oblige à se mettre à l'accordéon. Pour la jeune fille, c'est une tragédie, comme elle l'expliquera quelques années plus tard dans une interview face à Thierry Ardisson en affirmant en avoir pleuré "pendant trois ans".

Cette brune au regard de braise débute sa carrière en 1947, avant de remporter l'année suivante la Coupe du monde de l'accordéon : une première pour une femme. La musicienne est repérée par le Tour de France, qui lui propose d'accompagner la course. Pendant onze ans, l'accordéoniste en sera la mascotte, s'attirant les "vas-y Vévette" des spectateurs massés sur les bords des routes. Juchée sur le toit d'une Citroën noire et vêtue d'une robe multicolore et d'un sombrero mexicain, Yvette Horner détonne par son style et sa bonne humeur. Star de la Grande Boucle, "elle est la France", dira d'elle Marguerite Duras.

Devenue rousse flamboyante, Yvette Horner est érigée en égérie par Jean-Paul Gaultier qui la relooke à la fin des années 80. Elle adopte définitivement sa chevelure de feu et des tenues plus qu'extravagantes. Outre ses succès de guinguette, la diva de l'accordéon s'essaie à d'autres genres musicaux. Elle s'envole pour Nashville et y rencontre Charlie McCoy, le roi de la country, elle joue du David Bowie et du Michael Jackson sous la direction de Quincy Jones et se produit aux côtés de Jimmy Sommerville pour la Nuit Europride.  Elle donne son dernier concert en 2011, avant de sortir en 2012 son ultime album intitulé Hors Norme, dans lequel elle collabore avec Lio ou Didier Lockwood.

Gloire populaire, Yvette Horner affiche plus de 2 000 concerts et plus de 150 albums vendus à près de 30 millions d'exemplaires. Une carrière impressionnante rendue possible par son époux, René Droesch, rencontré en 1936. "Si j'ai pu me consacrer corps et âme à la musique, c'est grâce à mon mari, qui m'a toujours déchargée de tout souci matériel", déclarait-elle à ses interlocuteurs. Lorsqu'il décède en 1986, la virtuose continue d'enchaîner les tournées. Comme l'a déclaré son agent en annonçant son décès à l'AFP : "Elle n'était pas malade. Elle est morte des suites d'une vie bien remplie."