François Fillon et les femmes : sa vision de la femme dans la société et son programme au féminin

Quelle est la place des femmes dans le programme de François Fillon ? Qu'a-t-il fait pour ou contre le droit des femmes lorsqu'il était au pouvoir ? Quelle est sa conception du féminisme ? Quelles promesses pour les femmes dans le programme filloniste ? Le Journal des Femmes passe au crible le discours et les actes du candidat "Les Républicains" à l'élection présidentielle 2017.

"Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement." Ces quelques mots prononcés par François Fillon en juin auront eu le mérite de lancer le sujet des droits des femmes dans la primaire de la droite. Accusé par les féministes d'être soutenu par la filière politique de la Manif pour Tous, le grand gagnant des Républicains a précisé son admiration pour Simone Veil au cours du débat l'opposant à Alain Juppé. Au lendemain de sa victoire (écrasante) avec 66,5% des voix, on a décortiqué le programme du candidat à l'Elysée.

"Pour la liberté des femmes"

Sur son site Internet, François Fillon présente son projet pour la France, avec un volet dédié aux femmes et à leur liberté, porté par le mouvement "Les femmes avec Fillon", Avec trois angles d'attaque : défendre les mères isolées, combattre les violences faites aux femmes et prôner l'égalité entre les sexes.
Ses solutions pour les mamans célibataires s'articulent autour d'un accès prioritaire aux logements sociaux, une réduction des charges des gardes d'enfants ou une déduction fiscale.
Concernant les violences conjugales qui tuent encore une femme tous les trois jours en France, François Fillon propose de développer l'hébergement d'urgence, de multiplier les interlocutrices féminines dans les commissariats au moment des dépôts de plaintes ou encore d'intégrer le respect des femmes au programme de l'école primaire. Il souhaite également augmenter le délai de prescription pour les agressions sexuelles et mettre en place une amende pour le harcèlement de rue.

Le candidat Les Républicains consacre une partie de son programme en faveur des femmes à la lutte contre l'islam radical. Il souhaite interdire les prêches qui ne respectent pas les libertés, faire appliquer la loi contre la burqa, aider les associations de quartier contre la radicalisation et supprimer les aides de celles qui seraient suspectes.
Enfin, François Fillon veut s'attaquer à la parité. Il a ainsi promis un gouvernement à 50/50 jusqu'à la fin de sa présidence s'il est élu. Il compte aussi sensibiliser les étudiantes à des métiers encore trop considérés comme masculins, prôner la méritocratie au niveau politique, exclure et rendre inéligible les élus coupables de harcèlement ou agression sexuels et augmenter les amendes pour les organisations politiques qui ne respectent pas les quotas. Ironique, quand on sait que Les Républicains alignent 4 millions par an pour non respect de la parité...

Fillon avec les femmes ?

En dehors de ce programme détaillé en faveur des femmes, quelques boulets politiques restent enchaînés aux chevilles de François Fillon. Nathalie Kosciusco-Morizet a ainsi confirmé qu'en 2009, celui qui était chef du gouvernement lui avait refusé un portefeuille pour cause de grossesse : "Tu ne seras pas ministre parce que tu es enceinte."
En 2014, le candidat à la présidentielle s'est abstenu au moment du vote du projet de loi pour l'égalité entre les hommes et les femmes... par peur de banaliser l'IVG. François Fillon et l'avortement, un vaste sujet donc. L'ancien Premier ministre l'assume : d'un point de vue personnel, il est contre.

"Jamais on ne touchera à l'IVG"

Depuis le rappel de ses propos tenus en juin lors d'un meeting, il se fait tacler par les féministes et les journalistes l'interpellent. Sa réponse est droite : "Dans mon livre, j'explique que jamais on ne touchera à l'IVG. Ma conscience, ça me regarde." Et s'il ne compte pas faire marche arrière sur ce droit acquis après un long combat en 1975, certains redoutent que ses convictions n'empiètent sur sa politique. "Il pourrait remettre la semaine de réflexion qui a été supprimée, dé-rembourser tous les médicaux autour de l'avortement, faire jouer la clause de conscience, ou encore réintroduire la notion d'état de détresse qui a été enlevée", craint Caroline de Haas, présidente d'Osez le féminisme, dans une interview aux Inrocks.

À fouiller dans le programme de Fillon 2017, au volet "Les Femmes" on ne trouve aucune occurrence des termes IVG, avortement ou même contraception... Ce manquement serait-il révélateur pour celui qui se pose en "défenseur de la famille" ? L'ex-ministre de Nicolas Sarkozy a largement orienté sa campagne sur la refondation de la politique familiale, avec le sujet épineux de la réécriture de la loi Taubira, afin de revoir l'adoption par les couples homosexuels. "Il ne me paraît pas légitime que la loi permette de considérer qu'un enfant est fils ou fille, de manière exclusive, de deux parents du même sexe", peut-on lire. Ce qui vient à poser la question de la filiation et aborder un autre thème périlleux : celui de la gestation pour autrui.
Foncièrement contre les mères porteuses, le candidat Les Républicain compte se lancer dans un combat mondial pour leur abolition. Sur la PMA, pas moyen de négocier non plus. François Fillon maintiendra l'interdiction de la procréation médicalement assistée pour les couples lesbiens ou les femmes seules. Disposer de son corps et en jouir librement ? Une drôle d'idée pour ce chrétien libéral. S'il se bat pour les droits de la Femme, ce sont pour ceux de la mère de famille fidèle aux valeurs de la foi catholique.

 

Biographie

Date de naissance 04/03/1954
Lieu de naissance Le Mans
Pays France
Signe astrologique poisson
Femme Pénélope Clarke
Enfants Marie Fillon, Charles Fillon, Antoine Fillon, Edouard Fillon, Arnaud Fillon
Twitter https://twitter.com/FrancoisFillon

François Fillon : une carrière politique précoce

François Fillon est l'une des figures de la droite française, au fil d'un parcours politique riche et dense. Du Conseil général de la Sarthe à Matignon, l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy a connu de nombreuses victoires électorales et occupé de multiples responsabilités dans six ministères différents. François Fillon est réputé pour sa discrétion et son sérieux, préférant le travail de l'ombre à la lumière médiatique.

François Fillon, une carrière politique jusqu'à Matignon

François Charles Armand Fillon s'est lancé dans la politique en 1976 en tant qu'attaché parlementaire. Il devient ensuite conseiller général et député à 28 ans. Il intègre le gouvernement Balladur en 1993 en tant que ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, puis  rejoint le gouvernement Juppé après la victoire de Jacques Chirac en devenant ministre des Technlogies, de l'Information et de la Poste. Il sera ensuite des trois gouvernements Raffarin dès 2002 où il sera successivement ministre des Affaires sociales puis ministre de l'Education nationale. Il a notamment mené la réforme des retraites en 2003. Devenu président du Conseil régional des Pays de Loire en 2002, il connaît une première défaite électorale en 2004 en perdant la Région. Il est élu sénateur en 2005 et prépare activement la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, qui le nomme Premier ministre au lendemain de sa victoire en 2007. François Fillon restera en place tout au long du quinquennat. 

La candidature de François Fillon à l'élection présidentielle 2017 : de la victoire inattendue au chemin de croix

Après la défaite et le retrait de Nicolas Sarkozy en 2012, il devient député de la deuxième circonscription de Paris et s'engage dans une lutte fratricide avec Jean-François Copé en vue d'accéder à la présidence de l'UMP. Une empoignade qu'il perd mais dont il conteste le résultat, créant une division profonde du parti politique. Il créé la surprise en emportant largement la primaire républicaine de 2017 face à Alain Juppé, alors grand favori. Il devient ainsi le candidat à l'élection présidentielle de 2017. Néanmoins, sa campagne se voit salie par l'affaire des emplois fictifs du "Penelope Gate" : sa femme est mise en examen car soupçonnée d'avoir occupé un emploi fictif d'assistante à ses côtés comme aux côté de son suppléant. Cette affaire crée une crise au sein du parti, certains lui demandant de retirer sa candidature - ce qu'il refuse - comme chez les électeurs, les intentions de vote en sa faveur baissant brusquement dans les sondages.

Actualités

Dossiers