Ana Girardot pour Pablo : conversation avec une férue de mode

Incarnation rafraîchissante de la Parisienne, Ana Girardot s'unit à nouveau à Pablo pour une capsule printanière à l'élégance effortless impeccable. L'occasion pour nous d'explorer avec l'actrice sa passion dévorante pour la mode et les vêtements qui racontent une histoire. Rencontre.

Ana Girardot pour Pablo : conversation avec une férue de mode
© Pablo

"Je les aime toutes !" s'enthousiasme Ana Girardot, en passant en revue les pièces de sa collection printemps-été 2018 avec Pablo présentées à l'Hôtel Bienvenue en ce début de mois de mars. Pour cette seconde collaboration, l'actrice a pensé un vestiaire féminin et rassurant, prêt à accompagner les d'envies d'ailleurs des beaux jours. Un dressing idéal qui se glisse dans une valise cabine -elle jure avoir fait le test- et offre des "repères pour pouvoir s'adapter" à l'inconnu, ce qui définit bien ses propres problématiques vestimentaires. Férue de mode aux tics BCBG, la charmante Ana oscille entre l'admiration du style flamboyant de sa grand-mère dans les 70's et la crainte typiquement parisienne de trop en faire. Un paradoxe cristallisé dans son look : une allure tapis rouge ultra glamour qu'elle sélectionne sans l'aide de styliste lors des grandes occasions et un uniforme quotidien jean-pull marine-chapeau. Actrice pour Cédric Klapisch ou Benoît Delépine, égérie pour Roger Vivier et IWC Swhaffhaussen, celle qui ne se lasse pas de travailler avec le vêtement trouve enfin auprès de Pablo une occasion d'assouvir ses désirs de création. Ce qui la ravit et nous aussi. Rencontre avec une passionnée de chiffons.

Le Journal des Femmes : Racontez-nous comment cette seconde collection s'est amorcée.

Ana Girardot : Pablo est venu vers moi l'année dernière pour une collection automne-hiver. Dessiner des vêtements, c'était mon rêve depuis petite, j'en avais déjà plein en tête. Avec Céline Grillot (DA de Pablo NDLR), on a adoré collaborer main dans la main, donc a on a décidé de recommencer pour l'été. Je lui ai dit : "Ca tombe bien, j'ai tout préparé !" et heureusement, parce qu'on a eu qu'une semaine, je partais à New York pour un film. Je suis partie de cette idée de valise, puis ensuite du travail de Peter Bird, un photographe qui peint sur ses clichés et en fait des carnets de voyage assez incroyables. Je suis arrivée avec ces inspirations de garde-robe très parisienne qui arrive à s'adapter à l'étranger. Et puis on a du éliminer des pièces qui ne fonctionnaient pas, pour créer une vraie histoire, c'est un jeu que j'adore. J'ai encore plein d'idées, j'ai envie de les harceler pour faire une troisième collection.

Quelle est votre étape favorite dans la conception d'une collection ?

D'abord j'adore faire le mood board avec mes dessins, même s'ils sont assez approximatifs. Puis il y a la révélation, quand je reçois des photos des pièces que j'ai dessinées en vrai. Enfin quand tu l'essaies, c'est dingue, c'est peut-être le mieux. De voir quelque chose que tu as imaginé devant toi, devenir concret, c'est une sensation super agréable.

Est-ce que le cinéma vous procure la même sensation ?

Oui, mais je ne suis pas réalisateur. Lui, il a son idée de film en tête, il crée, mélange, dirige les acteurs etc... Puis il arrive en salle de montage et fait la même chose qu'un styliste, il enlève des couleurs qui ne vont pas et au final il a un film. Je suis en quelque sorte à la place du réalisateur.

Est-ce que ça vous a donné encore de créer votre marque ?

Non, c'est trop de travail. Je collabore avec des amies sur une marque de sac de voyages, Ana G Paris. C'est quelque chose que j'adore, parce que ça m'amuse, mais ce ne sera pas plus pour l'instant.

© Pablo

Qu'est-ce que ça représente les vêtements, pour vous ?

C'est une manière de se présenter au monde. Ils racontent beaucoup de chose sur la personne, sur comment on se sent nous-même au moment présent, la manière dont on a envie que les gens nous perçoivent. Quand je travaille un personnage, je travaille tout de suite sa garde-robe car elle en dit long sur sa manière de s'exprimer. Est-ce qu'elle va avoir les mains dans les manches parce qu'elle est mal dans sa peau ? Est-ce que, au contraire, elle a envie de montrer beaucoup son corps ? D'ailleurs, il y a des costumes tellement représentatifs de leur personnage qu'ils suffisent à le définir. Une robe noire avec un porte-cigarette, on sait tout de suite qui c'est !

Est-ce qu'il y a des pièces qui vous ont marqué ? 

Il y a cette jupe boutonnée de ma grand-mère que j'ai mise dans la collection. Dans les années 70, c'était une bombe atomique. Blonde, grands cheveux, elle travaillait chez L'Oréal, dans la pub, un métier alors réservé aux hommes. Elle s'est battue longtemps pour le droit des femmes. Elle portait ces vêtements qui étaient très féminins et forts : des grands manteaux, des longues jupes, des chapeaux, des beaux ensembles, des pièces qui en imposent. Elle n'est pas plus grande que moi et pourtant, avec ses vêtements, j'ai l'impression qu'elle fait un mètre de plus. Vous la verriez, elle est trop stylée. C'est sa garde-robe qui m'a le plus inspiré.

Quelle pièce n'osez-vous pas porter ? 

Il y a des trucs comme ça, chez moi, qui sont encore dans ma penderie. J'ai une robe en soie rose bonbon, elle est incroyable. Quand je la mets, je me trouve trop belle, mais je ne sortirai jamais avec. J'ai essayé une fois et mon copain m'avais dit "ouah, on a invité un bonbon à la fête !" ok, laisse tomber, c'est fini, elle repart au dressing, tchao bye bye. J'aimerai trop porter des robes un peu sexy, mais dès que je les mets je me dis "laisse tomber, c'est bête" et je les enlève.

C'est un peu parisien ça, non ?

Très ! D'ailleurs tu te retrouves à des soirées où tu te dis que personne ne veut faire d'effort, que s'il n'y en a pas une qui le fait, personne ne le fera… Et puis quand il y en a une qui le fait c'est tout de suite des messes basses. À New York, personne ne critique personne sur sa manière de s'habiller, donc je n'ai peur de rien. La robe bonbon, elle est pour là-bas ! Je devrais avoir une garde-robe spéciale New York.

Avez-vous des icônes de style ?

Inès de la Fressange, Mademoiselle Agnès pour son excentricité et son côté très cool. Plus jeune j'étais très fan d'Alexa Chung. Le personnage de Carrie Bradshaw dans Sex and The City est mythique aussi, parce que c'est quelqu'un qui s'amuse avec le vêtement et c'est ça qu'on devrait toujours garder en tête avec la mode.

Vous avez des préférences dans les maisons de couture actuelles ?

"Actuelles", c'est bien ça le problème. Ça change tout le temps, on s'en sort plus ! Je ne sais plus qui est chez qui, qui fait quoi. Je n'ai pas de styliste, donc je suis obligée de demander à mes amies plus pointues qui est "bien" maintenant. J'admire des gens comme Karl, des travailleurs acharnés qui sont là depuis toujours qui marqueront au fer rouge la mode. Des hommes comme Jean Paul Gaultier, des vrais créateurs, intelligents, qui s'intéressent au monde qui les entourent, aux jeunes qui débarquent. Des gens comme Jacquemus qui arrivent avec leur jeunesse, leur gentillesse, leur bienveillance. Après, j'adore les sœurs Olsen qui ont créé The Row. Alors, il faut être milliardaire pour s'habiller chez The Row, mais c'est cool. Je porte beaucoup de chose de The Row dans le dernier film que j'ai tourné, j'étais comme une folle !

Ça existe encore dans le cinéma, des relations fortes comme celles d'Audrey Hepburn et Hubert de Givenchy ?

Non, c'est beaucoup plus rare. On a moins de temps, on met moins d'argent dans les costumes. J'adorerai me dire qu'on va me créer une robe sur-mesure pour un film. J'adorerai appeler Mary-Kate et Ashely -Olsen- en disant "Les filles, j'ai besoin d'une robe !". Ce genre de relation se développe davantage avec une marque qu'un styliste à présent. Chanel entretient des liens avec le réalisateur Joe Wright (Orgueil et préjugés, NDLR) et son actrice fétiche Keira Knightley. Il y a une vraie histoire, il fait toutes les campagnes de la marque qui finance même un peu le film. Mais ce sont les seuls à le faire. J'adorerai avoir mon Hubert (de Givenchy).

Collection Ana Girardot pour Pablo, prochainement en ligne sur www.pablo.fr et en boutique 

© Pablo