Célébration de la poésie en danse chez Dior
Musique grandiose, halos de lumière fendant l'obscurité, danseurs d'exception et chorégraphie prodigieuse : tout était réunit sous le chapiteau érigé à Longchamp pour magnifier avec une immense poésie la collection Christian Dior printemps-été 2019. Décryptage d'un défilé prêt-à-porter dont on se souviendra.
Après avoir exploré de nombreux mouvements artistiques (le surréalisme ou encore le travail de Niki de Saint Phalle) avec lesquels elle a su faire dialoguer habilement la mode, sa mode, Maria Grazia Chiuri a choisi, cette saison, d'exprimer sa créativité à travers la danse contemporaine. Cet art corporel, qu'elle aborde comme un acte libérateur, s'invite au cœur de sa dernière collection prêt-à-porter, mais surtout du défilé bouleversant qui se déroulait le 24 septembre 2018 à l'hippodrome de Longchamp.
Danse et mode définissant le corps, il était alors tout naturel pour la directrice artistique italienne de mêler les deux. Pour ce faire, Chiuri s'est éloignée de la forme classique du défilé et de son usuel catwalk pour offrir à ses invités une véritable performance aussi captivante qu'émouvante. C'est donc au milieu de danseurs comme possédés, sur une chorégraphie incroyable signée Sharon Eyal, et sous une pluie de pétales de fleurs recouvrant peu à peu le sol, qu'ont déambulé des mannequins évanescents.
Quant au dressing de la femme Dior printemps-été 2019, il oscille entre la légèreté et l'ultra féminité de celui d'une danseuse de ballet (jupes amples et aériennes, tutus courts ou longs, bandeaux sur la tête, vêtements inspirés du costume masculin de danse traditionnelle...) et la décontraction inattendue de celui d'une adepte de la culture hip-hop (robes et jupes en résille, leggings, débardeurs et tops façon tricots de corps, sacs baluchon, vestes et pantalons en jean, robes et jupes délavées tie & dye,..). Evidemment, plusieurs pièces chères à l'ADN Dior et à la designer dans son travail pour la maison de couture française ont une fois de plus répondu "présent". La veste Bar est évidemment de la partie et le béret toujours d'actualité. Quant au Saddle bag il ne semble pas non plus avoir dit son dernier mot.
Les chaussures, elles, prennent la forme de chaussons de danse, dont les rubans s'enroulent sans fin autours de la cheville, et les talons se font transparents grâce à l'utilisation du plexiglas déjà exploré par de nombreux créateurs.
En ce premier jour de fashion week parisienne, le podium Dior, installé au cœur du bois de Boulogne, semble avoir été frappé par la grâce. Un défilé qui restera, avec l'aide d'une équipe de danseurs remarquables, dans les anales de ces instants mode qui nous donne des frissons.