Fendi et sa street bourgeoisie

L'élégante Milanaise s'encanaille chez Fendi à l'automne-hiver 2018-2019. Karl Lagerfeld et Silvia Venturini s'appuient sur la culture hip hop pour réveiller le BCBG dans une grammaire taillée pour le succès. 

Fendi et sa street bourgeoisie
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Élégante comme les vieilles pierres de son hôtel particulier, la bourgeoise aurait peut être tendance à trouver le temps long dans son allure surannée. Le diagnostic du docteur Lagerfeld est sans appel : son groove est mort. Mais n'ayez crainte, sur son ordonnance figure un aller simple pour les années 80 à Harlem. 
Absolument enchantée par ce qu'elle y trouve, la femme Fendi se concocte une silhouette composite basée sur un dialogue des genres et des registres soudain plus du tout impossible. Son carcan prince de Galles s'enduit d'une couche de vinyle légèrement vulgaire. Elle troque le châle pour une demi doudoune cape à zip et col côtelé. Elle porte le monogramme Fendi en all over comme ce très cher Dapper Dan lui a appris (et comme Gucci l'a déjà repris) avec des boucles d'oreilles "F" majuscule bling bling. Des codes du sportswear, elle puise les chaussettes hautes, le sweat et même l'écharpe de supporteur qui se parent tout deux de fourrure. Mais cette passion subite à défaut d'être subtile ne la détourne pas totalement de ses racines vieille Europe.
La rigidité du politiquement correct est également mise à l'honneur dans cette collection grand écart. La toile de laine grise reste l'uniforme, le sac à main ne bouge pas de la main et les cols blancs et les plissés façon écolière du XIXème sont légion. Son voyage lui a néanmoins inspiré l'idée d'un patchwork de trousseau sur lequel les bouts de draps chiffrés s'assemblent. Le résultat est une série de robes comme il faut/cool aux broderies disparates, une bonne façon de remixer joliment le désuet. 
Comme une vieille tante qui aurait succombé à Kendrick Lamar, la collection printemps-été 2018-2019 de Fendi fait preuve de beaucoup d'enthousiasme et d'idée pour pimper son look, mais aussi forcément d'un peu de maladresse. En courant après la "logomania" en faisant appel à l'Insta-rtiste Hey Reilly pour un sweat Fendi qui reprend la typographie de Fila et en effectuant un énième emprunt à la culture hip hop, Fendi ne cache pas sa course au buzz, aussi réussie soit-elle. 

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