Ovation haute en couleurs au dernier défilé Burberry de Christopher Bailey

Avec une bande son mémorable, des jeux de lumières inédits, et une collection printemps-été 2018 urbaine chic, le directeur artistique de la maison anglaise laisse une trace indélébile dans l'histoire de la mode. Retour sur un dernier défilé arc-en-ciel qui clôture la carrière de Christopher Bailey chez Burberry.

Ovation haute en couleurs au dernier défilé Burberry de Christopher Bailey
© Imaxtree.com

"Run away, turn away" ("sauve-toi, fais demi-tour"), c'est ce qu'ont entendu les invités du défilé Burberry SS18, plongés dans le noir d'un immense bâtiment industriel de l'ouest londonien, au sein du Dimco Building, le 17 février dernier. En effet, les paroles de la chanson Smalltown Boy, du groupe anglais Bronski Beat, venaient rappeler, en ouverture du show, les origines de Christopher Bailey, alors adolescent d'une petite ville du Yorkshire lorsque ce titre faisait le tour des radios au milieu des années 80.
En 2018, la quarantaine passée et après dix-sept années de direction artistique chez Burberry, il retrace les événements marquants de sa vie à travers une collection printemps-été 2018, avant de tirer sa révérence. Un véritable défilé biographique.

Kid from the 80's

Que ce soit par les vêtements ou les accessoires, cette dernière collection Burberry dessinée par Christopher Bailey est très empreinte des codes de la mode des années 80 qui ont vu grandir le directeur artistique. Sneakers, casquettes, hoodies mais aussi les inévitables vestes de jogging nylon en patchwork d'imprimés et de teintes fluo dominent, donnant une couleur urbaine et sportswear à l'ensemble de ce dressing "old school". De plus, la visibilité du logo et du nom de la griffe - autre tendance incontournable de cette décennie -, floqués à la fois sur des t-shirts, des cabas, des tote bags et même des sacs en plastique, vient renforcer les influences 80's du créateur.
Comme les fashionistas de l'époque, la collection hésite entre oversize (hauts en jersey XXL, maxi sacs à dos, pulls longueur genou, manches qui engloutissent les mains, robes de soirée enfilées au-dessus d'un combo pull/pantalon...) et pièces moulantes (leggings imprimés façon cours d'aérobic). 

Militant LGBTQ+

Ouvertement homosexuel et ayant connu deux grandes histoires d'amour, Christopher Bailey insuffle une part intime de lui dans ses pièces en y ajoutant ça et là les couleurs de l'arc-en-ciel, issues du drapeau de la communauté LGBTQ+. Ces teintes pop font vibrer des jupes longues, des vestes, des sacoches en cuir, une doudoune sans manches, des sneakers et s'ajoutent même au tartan iconique de la maison. La collection se veut militante, renvoyant un message de tolérance et montrant une fois de plus que la mode peut être politique.  

Burberry en héritage

On pourrait penser, au premier abord, que ce dernier défilé signé Bailey est en totale opposition avec le style classique et chic qui définit la maison britannique (pièces inspirées du vestiaire militaire, trench coat élégants et intemporels, motif Prince de Galles sur fond beige...). Pourtant, lorsqu'on y regarde de plus près, on réalise que l'histoire de la marque est brillamment représentée en petites touches sur chacune des silhouettes. En effet, les besaces ajourées au cuir coloré et verni sont de grands classiques de la griffe, tandis que le tartan signature se cache, lui, dans les doublures ou s'affiche fièrement sur les accessoires, des casquettes aux chaussures.
Dans un autre registre, les imprimés tapisserie semblant avoir été empruntés à d'autres griffes comme Versace, se trouvent être des rééditions de motifs d'archives de la maison, initialement présents sur des écharpes en "all over" et reproduits ici en patchwork sur des chemises.  
Enfin, le choix des matières est on ne peut plus fidèle à l'image de luxe et au savoir-faire ancestral qui font l'ADN de Burberry. Les motifs fleuris sont réalisés à la main en perles brodées, les sweats à capuche sont déclinés en cachemire ou soie molletonnés, les sneakers en néoprène et cuir velouté, quant aux motifs graffiti, ils sont à la fois tricotés et brodés. 

Une conclusion grandiose

À l'heure du final, c'est un podium éclairé à coups de lasers arc-en-ciel que l'on découvre enfin, un effet en totale harmonie avec la cape géante portée par le mannequin Cara Delevingne, traversant le catwalk au même moment. L'énergie est bien palpable dans l'assemblée, les 1 300 personnes du public réalisant alors qu'elles viennent d'assister à un moment émouvant : le dernier défilé de l'ère Bailey chez Burberry.
Une standing ovation attend bien évidemment le directeur artistique lors de son salut final. Des applaudissements retentissants qui marqueront sans doute à vie le créateur, touché d'avoir ému tant de personnes, dont un parterre de stars chères à Burberry (Keira Knightley, Kate Moss, Naomi Campbell, pour ne citer qu'elles), par son travail et son départ. À ce moment-là encore, la bande son est lourde de sens puisque c'est sur le titre Don't Leave Me This Way ("Ne me quitte pas comme ça"), du groupe de pop anglaise The Communards, que Christopher Bailey fait son dernier adieu à cette maison qu'il a porté magistralement pendant tant d'années.

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