Katia : "La punition dépend du mode de vie de chaque famille"

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?  

J'ai 35 ans, je suis mariée et j'ai deux enfants : un garçon qui aura bientôt dix ans et une fille de six ans et demi. Je suis enseignante.

Y a-t-il des choses que vous n'acceptez pas de la part de vos enfants ?

Ce que nous n'acceptons aucunement, ce sont les caprices, le manque d'obéissance et l'insolence : là, c'est la fessée qui peut partir, quel que soit le lieu. Pour le plus grand, il nous est déjà arrivé de lui confisquer sa console de jeu portable, par exemple. Etant donné qu'ils ne regardent que peu la télé, difficile de les en priver. Je l'avoue, il m'est aussi déjà arrivé de gifler mon fils parce qu'il m'avait répondu d'une manière très insolente. C'était une période où il nous testait pour voir jusqu'où il pouvait aller et je savais qu'il fallait vraiment qu'il comprenne qu'on ne peut pas se permettre de parler ainsi à qui que ce soit. J'en ai rediscuté avec lui après. Je ne suis pas forcément fière de l'avoir fait mais cela a été efficace puisqu'il n'a jamais recommencé avec personne depuis. En réalité, nous punissons peu. J'ai la chance d'avoir des enfants qui ont rarement fait de grosses bêtises. Les fois où cela est arrivé, il y a eu une grosse colère et une fessée mais surtout une grande mise au point après, calmement.
 

Quels types de punition donnez-vous à vos enfants ?   

Les punitions les plus fréquentes ? Petits, c'était le coin. Maintenant qu'ils sont plus grands, quand mes enfants se chamaillent, se frappent ou se manquent de respect, je les envoie chacun dans leur chambre avec interdiction d'en sortir jusqu'à nouvel ordre (au moins une heure). Ils n'apprécient pas du tout mais cela calme le jeu. Ensuite, lorsque la tempête est passée, je leur demande de s'excuser l'un envers l'autre. Plus généralement, lorsqu'ils sont trop agités et qu'ils ne se calment pas après plusieurs avertissements, nous les envoyons s'asseoir chacun sur un canapé du salon et la seule chose qu'ils ont le droit de faire à ce moment-là, c'est de prendre un livre et de lire (ou de regarder les images). Il nous arrive aussi de mettre la plus petite au coin lorsqu'elle répond mal.

Comment réagissent-ils lorsqu'ils reçoivent une punition ?

Ils se mettent à pleurer et essaient de "marchander" : "Ne me punis pas, c'est bon j'arrête". Mais nous ne transigeons pas car nous ne punissons jamais sans plusieurs avertissements préalables et lorsque nous en arrivons là, c'est qu'ils ont vraiment dépassé les limites. Ensuite, nous en rediscutons toujours avec eux en leur demandant s'ils ont compris pourquoi ils avaient été punis et nous remettons les choses au point avec eux. Le plus souvent, ils comprennent et admettent leurs torts.
 

"La meilleure des récompenses, c'est de pouvoir emmener en enfants partout avec nous sans avoir à craindre des débordements"

Quand avez-vous commencé à sanctionner vos enfants ?

Les sanctions sont arrivées à partir du moment où ils ont commencé à tester les limites, du genre : "Je fais une bêtise en fixant du regard papa ou maman pour voir ce qu'il va dire". Vers l'âge de deux ans, je dirais. Bien sûr, à cet âge c'est plutôt la petite tape sur la fesse ou sur la main, les gros yeux ou la grosse voix.
 

Avez-vous déjà regretté une punition ?

Cela nous fait mal au cœur de devoir passer par la punition mais nous n'avons que très rarement regretté d'en avoir donné une. Car finalement, donner une punition c'est aussi donner des limites, un cadre à nos enfants. La meilleure des récompenses pour eux comme pour nous, c'est de pouvoir les emmener partout avec nous sans avoir à craindre des débordements. Nous les emmenons sans souci au restaurant, en vacances, dans les magasins en journée shopping... où l'on nous dit souvent : "Qu'est-ce qu'ils sont calmes !" (alors que pour nous, ils ne l'étaient pas tant que ça, d'ailleurs).

Vous est-il arrivé de donner une punition pas forcément méritée ?

Une seule fois, mon mari a puni mon fils et s'est rendu compte, une fois calmé, que la punition qu'il avait donnée sur le coup de la colère était disproportionnée (il faut dire que mon fils l'avait poussé à bout). Il m'en a parlé en espérant que je lèverais la punition. J'ai refusé : c'était lui qui avait donné la punition, c'était à lui de gérer sinon il perdait en crédibilité. Il est donc allé en parler avec notre fils en lui annonçant qu'il diminuait la punition mais surtout en lui expliquant pourquoi, afin que notre fils sache qu'il ne s'agissait pas de complaisance. Et il a compris. Dans tous les cas, une règle est à respecter : le parent qui donne la puntion est celui qui la lève et ni mon mari ni moi ne contestons devant les enfants une décision prise par l'autre, même si nous ne sommes pas toujours d'accord.

Existe-t-il une punition idéale ?

La punition idéale n'existe pas. Elle dépend du mode de vie de chaque famille, de la manière de réagir de chaque enfant, de la bêtise commise. Par contre, ce qui ne me semble pas bon, c'est de ne pas punir, ce que je vois trop souvent. J'ai vu des parents qui, face un enfant turbulent, promettent une punition qui ne calme pas l'enfant car il sait qu'il ne l'aura jamais. Dans les magasins, il arrive qu'un enfant "démonte" un rayon sans aucune réaction des parents. Des enfants qui peuvent tout se permettre parce que "ce sont des enfants", là, je ne comprends plus.

Selon vous, certains parents ont-ils "démissionné" ?

Oui. Je trouve que certains parents n'assument plus aujourd'hui correctement leur rôle dans l'éducation de leurs enfants (pour toutes sortes de raisons) et en font des "enfants-rois". Mais au final, cela n'est bon pour personne et surtout pas pour l'enfant. Je préfère laisser penser certaines personnes que je "martyrise" mes enfants (ce qui n'est pas le cas puisque ce sont des enfants équilibrés, qui s'amusent, qui vont avec plaisir à l'école, qui partagent volontiers) plutôt que de ne pas leur apprendre des règles de vie qui ne pourront que leur servir à bien grandir.

 Et aussi : Comment bien punir son enfant ?

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