Désir d'enfant : s'interroger pour mieux gérer l'arrivée de bébé

L'arrivée d'un enfant impose un bouleversement autant psychique que physique. Claudia Fliess, auteure de "Toutes les mères sont folles", donne ses conseils aux futures mamans pour bien gérer la naissance.

Désir d'enfant : s'interroger pour mieux gérer l'arrivée de bébé
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Devenir mère, c'est une révolution dans le cours de son existence. Un bouleversement qui peut conduire certaines mamans à des remises en cause violentes de leurs vies. Claudia Fliess, psychanalyste et psychothérapeute, reçoit depuis plus de trente ans, des patientes perdues. Dans son livre "Toutes les mères sont folles" aux éditions du moment, elle fait part de quelques-uns de ses cas. Couples qui volent en éclat après bébé, dépression post-partum... autant de situations graves qu'elle analyse dans son livre.

Le sous-titre de votre livre pose la question de savoir "qu'est-ce qu'une mère normale ?". Pour vous, c'est quoi ?
C'est un peu comme le président normal, ça n'existe pas. Ce n'est pas innocent de devenir mère. Les mamans vont découvrir la pression sociale, la dépendance du nourrisson, et cette séparation physique très dure qu'est l'accouchement.

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Il faut faire un travail sur soi avant de devenir mère, selon la psychanalyste Claudia Fliess. © Monkey Business - Fotolia.com

Vous y évoquez des cas très durs, qui paraissent assez extrêmes...
Pour moi, ce ne sont pas des cas extrêmes. C'est du quotidien. Il y a longtemps que cette idée de livre me poursuit car pratiquement toutes les personnes que je vois en consultation, qui sont pourtant très différentes et consultent pour des problèmes variés, ont en commun un problème avec leur mère. Elle est au centre de tous leurs problèmes. C'est très récurrent. Lorsqu'on devient maman, on se met au même niveau que sa propre mère. Deux scénarii possibles : soit on s'engage dans une compétition, un rapport de force avec sa propre mère, soit on va rejouer sa propre histoire. C'est pourquoi mon livre est un appel à se remettre en question avant de faire un enfant.

Pour vous, quelles sont les bonnes raisons de faire un enfant ?
Les bonnes raisons de faire un enfant, c'est d'avoir ce désir avec un compagnon et que le désir d'enfant s'impose aux deux. Mais pas un désir d'enfant dans l'absolu, juste pour l'avoir.

Cela signifie-t-il que le désir absolu d'enfant est dangereux ?
Quelqu'un qui veut un enfant dans l'absolu, sans que cela soit une concrétisation de l'amour, c'est louche. Il faut s'interroger alors profondément sur son désir d'enfant : est-ce dû à une pression sociale ? Fait-on un enfant juste pour soi ? Pourquoi veut-on un enfant à ce point ? Faire un enfant pour soi tout seul est dangereux. Si l'on ne fait pas ce travail sur soi, cela peut conduire à un état fébrile qui peut devenir obsessionnel, où on va emmener le conjoint, s'il y en a un, à faire un enfant à n'importe quel prix, dans n'importe quelle situation. Et s'il n y a pas de compagnon, d'aller le faire par insémination ou autrement. Les mères célibataires ou les mères trop tardives peuvent ensuite développer un attachement maladif et pathologique avec leur enfant.

Dans le cas où il y a un papa mais que la maman n'a pas fait de travail sur soi avant, que peut-il se passer ?
Certaines femmes deviennent alors des mamans stressées, honteuses. Elles n'osent plus sortir de chez elles, de peur que leur bébé pleure dans la rue et qu'on les accuse d'être de mauvaises mères. Ce n'est pas facile aujourd'hui d'être maman. Quand on a un travail, la vie de couple à gérer puis un bébé. Elles se sentent coupables.

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Le livre de Claudia Fliess "Toutes les mères sont filles", aux éditions du moment. © Éditions du moment

Quel peut ensuite être l'impact d'une maman instable psychologiquement sur les enfants ?
Ces enfants développent ensuite des automatismes, des peurs qui rejoignent les comportements des mamans. Ils peuvent avoir plusieurs réactions : soit ils vont tenter de calmer leur maman, soit ils vont absorber ses angoisses.

Quel est le rôle des pères dans ces cas-là ?
Les pères sont effectivement souvent violés psychologiquement. Leur désir d'enfant n'est pas aussi évident. Je vois beaucoup de femmes les emmener à accepter et non pas désirer un bébé. Ensuite, ils se sentent souvent dépassés lorsque la maman a un comportement étrange. C'est la maman qui donne la place au papa. Donc si elle est trop présente, le père va se mettre en retrait. Il ne va pas s'acharner à s'occuper du bébé si elle ne le laisse pas faire. Dans ce cas, mieux vaut engager une thérapie de couple ou se confier à un médiateur car la maman n'est pas consciente de son comportement.

Que peut-on faire pour être une mère "normale" ?
Je pense que si on est conscient de sa propre histoire, si on a fait un travail sur soi, si on sait ce que va représenter l'enfant dans le couple et si on ne projette pas sur l'enfant toutes ses névroses ou son espoir souvent inconscient de régler quelque chose de sa propre histoire, on peut devenir une mère "normale". Simplement, il faut faire ce travail sur soi avant. C'est le message du livre : faites-le point avant. Plus vous serez éveillée et consciente des choses qui se jouent, plus vous sortirez des automatismes.

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