La réforme des rythmes scolaires mal vécue par 7 parents sur 10

Des organisations familiales perturbées même plusieurs mois après la rentrée et surtout, des enfants très fatigués. Tels sont les principaux enseignements d’une enquête exclusive du Journal des Femmes, réalisée auprès de plus d’un millier de parents d’élèves.

La réforme des rythmes scolaires mal vécue par 7 parents sur 10
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En septembre dernier, la réforme des rythmes scolaires devenait obligatoire pour l’ensemble des écoles publiques. Début 2015, le Journal des Femmes a réalisé une grande enquête exclusive auprès de plus d’un millier de parents d’élèves concernés, pour recueillir leur expérience et leur ressenti sur ces nouveaux rythmes. L’occasion pour les sondés de s’exprimer librement, soulignant ainsi leur envie d’être entendus sur le sujet.
 
Certes, les parents n’attendaient pas la réforme avec des a priori positifs, puisque déjà avant la réforme, 65% d’entre eux se déclaraient totalement contre ou plutôt contre. Mais maintenant qu’ils ont testé, leur avis n’a pas varié, au contraire : ils sont désormais 69% à juger que cette réforme a un impact négatif sur leur enfant. Et de façon surprenante, alors que l’ajout de la matinée de cours supplémentaire avait pour objectif de mieux respecter les rythmes des enfants, c’est ce principe même qui est remis en cause par plus d’un parent sur deux (56%). Un quart des parents "seulement" met en cause le manque de moyens, et 20 % pointent une mauvaise communication, que ce soit entre les institutions elles-mêmes ou envers les familles.
 
Manque de concentration, fatigue. Sur le papier, la demi-journée supplémentaire avait pour objectif de respecter davantage le rythme d’apprentissage de l’enfant : fondamentaux le matin, activités plus ludiques lorsque l’attention est moins concentrée… Selon l’enquête du Journal des Femmes, 67% des parents n'ont pas l’impression que ce rythme d’apprentissage soit mieux respecté depuis la mise en place de cette réforme. Un parent d’élève témoigne ainsi : "C’est une véritable hypocrisie, mes enfants font par exemple sport le matin et évaluation d'histoire le vendredi après-midi, là où ils sont le plus fatigués." Un autre renchérit : "Le bénéfice de la matinée supplémentaire le mercredi est perdu car dès le jeudi midi les élèves n'arrivent plus à se concentrer. Le vendredi matin, l'enseignante est obligée de leur proposer des activités ludiques car ils sont trop fatigués pour se concentrer." Et le résultat, c’est que 80% des parents trouvent leur enfant plus fatigué depuis la mise en place de la réforme ! Pour 66% des parents, il est devenu plus difficile de tirer les petits du lit le matin depuis la mise en place des nouveaux rythmes,  et le soir, ce n’est guère mieux puisque 38% les trouvent plus turbulents qu’avant.
 
Organisation des familles : c'est la grande débouille ! Au-delà des enfants, c’est toute la famille qui doit s’habituer à de nouveaux horaires. Et beaucoup de parents pointent des difficultés d’organisation, confrontés à des problèmes pratiques comme par exemple le fait que les activités périscolaires ne sont pas présentes dans toutes les communes ou bien que le déjeuner du mercredi n’est pas assuré après la matinée d’école. 56% des parents  sont confrontés à des problèmes de garde de leurs enfants depuis l’application de la réforme. Parmi eux, 43% ont recours aux activités périscolaires ou à l’étude comme solution à ces problèmes, mais ensuite, c’est la grande débrouille. 39% d’entre eux font appel au réseau familial (grands-parents, frères et sœurs…) pour combler les moments sans système de garde. Cependant 20% déclarent, un trimestre après la rentrée, être toujours sans solution face à leurs problèmes de garde, comme cette mère qui témoigne : "C’est le système D : mon fils rentre seul sauf depuis qu'il fait noir plus tôt : je m'arrange avec d'autres mamans pour qu'elles le ramènent chez moi, mais il est seul à la maison jusqu'à mon retour !"
Pour certains parents, ce bouleversement des horaires est même allé jusqu’à impacter leur vie professionnelle, comme le raconte cette mère : "J'ai dû faire accepter à ma direction que je doive m'absenter le mercredi midi pendant 1h30 afin de pouvoir récupérer mes enfants à la sortie d'école et les amener chez leurs grands-parents car ma commune ne propose ni garderie ni cantine le mercredi après l'école". 
 
Activités périscolaires : mais que font les enfants ? Dans les établissements où des temps d’activités périscolaires (TAP) sont proposés,  65% des parents choisissent d’en faire profiter leurs enfants. Un choix qui n’est pas dû uniquement à l’envie de les faire profiter de nouvelles activités : au global, 32% des parents choisissent de laisser leurs enfants aux TAP parce qu’ils ne peuvent plus s’organiser pour les récupérer directement après la classe.
L’enquête reflète par ailleurs la diversité des organisations des communes : chacune a dû faire au mieux selon ses moyens et ses objectifs mais au final, les parents en gardent une impression d’inégalité et d’injustice globale. "Les TAP dans mon petit village durent 45 minutes par jour, inclus le trajet entre l'école et le centre périscolaire qui dure 10 minutes. C'est payant et les enfants ont l'impression de n'avoir rien fait", témoigne par exemple un parent. Un autre s’indigne : "Musique, théâtre, arts et sports dans les grandes agglomérations et gommettes-coloriage dans les campagnes !!!"
 
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