Fratricide dans le Haut-Rhin : les éclairages de notre psychologue

Jeudi, un adolescent a avoué avoir assassiné sa sœur de 11 ans et blessé grièvement son frère de 8 ans, à Moernach (Haut-Rhin). Comment comprendre ce drame ? Comment la famille peut-elle s'en remettre ? Hélène Romano, psychologue, donne quelques pistes.

Fratricide dans le Haut-Rhin : les éclairages de notre psychologue
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Cette semaine a été marquée par le drame macabre survenu au sein d'une famille vivant dans le Haut-Rhin. Un adolescent de 15 ans a avoué avoir assassiné sa sœur et blessé son petit frère pendant l'absence de ses parents. S'il a d'abord prétendu qu'un rôdeur se serait introduit chez eux, les soupçons se sont vite portés sur lui, dont les explications étaient confuses. Selon les derniers éléments communiqués par le procureur, il semble que ce meurtre ait été décidé consciemment par l'aîné de la famille. La mère de famille a été hospitalisée mardi soir mais le père était aux côtés de son fils lors des gardes à vue. Une situation évidemment très complexe à vivre pour le couple. Hélène Romano, psychologue clinicienne responsable de la cellule d'urgence médicopsychologique du 94 et de la consultation de psychotraumatisme du CHU Henri Mondor (Créteil), détaille pour le JournalDesFemmes.com, les sentiments qui peuvent agiter une famille victime d'un fratricide.

JDF : Comment une famille peut-elle surmonter un tel drame ?

Hélène Romano : "Les familles qui vivent un drame tel que celui vécu par le couple du Haut-Rhin sont dans un conflit d'une ambivalence terrible. Les parents sont à la fois endeuillés et donc victimes et en même temps interpellés juridiquement en tant que parents de l'auteur et donc vus comme coupables. Mais comment se remettre d'une tragédie comme celle-là ? J'ai pu observer que cela dépendait vraiment des relations nouées avant le drame. Si les parents avaient une très bonne relation avec leur enfant avant, il y a davantage de compréhension de l'acte et ils parviennent à dissocier les deux personnalités de leur enfant : celui qu'il était avant le drame et celui pendant. J'ai remarqué aussi que dans un couple, le père a d'habitude une position beaucoup plus tranchée : soit il est en rejet total de son enfant soit en soutien complet. Pour les mamans, c'est plus complexe : elles sont ambivalentes et sont dans une sorte d'aller-retour constant de leurs sentiments. Cela dépend également des ressources présentes pendant le drame (si les familles sont soutenues et bien entourées). Mais surtout, cela dépend du regard judiciaire sur cette histoire. Si les magistrats sont culpabilisants et remettent en cause l'éducation des parents, il est beaucoup plus difficile pour les familles de retrouver un semblant de sérénité et de paix intérieure."