Les conditions de prescription de la Dépakine sont peu appliquées

Les conditions de prescription et de délivrance de la Dépakine aux femmes enceintes ne sont pas suffisamment respectées, comme le fait de présenter à son pharmacien un formulaire d'accord de soin co-signé avec le médecin.

Les conditions de prescription de la Dépakine sont peu appliquées
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Suite au scandale de la Dépakine, l'Agence du médicament (ANSM) a mis en place des mesures de prévention quant à l'utilisation pendant la grossesse des médicaments contenant du valproate ou un dérivé (Depakine, Depakine Chrono  500, Micropakine, et génériques, Depakote, Depamide). Pour rappel, ce médicament commercialisé depuis 1967 est un anti-épileptique à base d'acide valproïque. Le problème, c'est qu'il augmente le risque de malformation congénitale et de troubles comportementaux (dont l'autisme) lorsqu'il est prescrit aux femmes enceintes atteintes d'épilepsie ou de troubles bipolaires. Aussi, depuis le 7 juillet 2017, il est contre-indiqué chez les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer sans contraception efficace.

Pour alerter sur les dangers de ce médicament, un pictogramme ("valproate + grossesse= danger") est apposé sur les boîtes depuis le 1er mars 2017. Par ailleurs, en cas d'échec de traitement, les femmes enceintes sont censées présenter en pharmacie "un formulaire d'accord de soin co-signé avec le médecin spécialiste, associé à une ordonnance de ce spécialiste datant de moins d'un an", rappelle l'ANSM dans un communiqué. Sauf que dans les faits, ces conditions de prescription et de délivrance, pourtant obligatoires pour les professionnels de santé, ne sont pas suffisamment respectées. En effet, selon une étude menée auprès de 200 pharmacies par Sanofi (à la demande de l'ANSM, et en collaboration avec l'Ordre des pharmaciens), "le respect des conditions de prescription et délivrance était de l'ordre de 31 % en 2016" et atteint seulement 47 % en 2017. En outre, "l'ordonnance d'un spécialiste était présentée par les patientes pour la majorité des dispensations (81 % en 2017 et 75 % en 2016)". En revanche, "le formulaire d'accord de soins n'était présenté que pour 50 % des dispensations en 2017 (contre 33 % en 2016)". Celui-ci permet pourtant d'informer les futures mamans des risques associés à la prise de ce traitement, tels que des malformations et des troubles neuro-développementaux pour les enfants, s'ils sont utilisés pendant la grossesse.

Les résultats de l'étude montrent par ailleurs que les spécialistes semblent mieux informer les patientes que les généralistes. Ainsi, en 2017, les conditions de prescription et délivrance sont respectées dans 67 % des cas quand il s'agit d'un neurologue (50% en 2016), dans 42 % des cas chez les psychiatres (36 % en 2016), mais dans seulement 42 % des cas quand il s'agit d'un médecin généraliste (22% en 2016).