Etre & Devenir : un film qui donne envie de réaliser ses rêves

Il y a un an le film Etre & Devenir, de Clara Bellar sortait sur les écrans. Après une année ininterrompue de diffusion à Paris, les projections continuent en Province et à l'étranger. Tourné en Allemagne, en Grande Bretagne, aux USA et en France, il présente le quotidien de familles qui ont choisi de ne pas scolariser leurs enfants ainsi que des réflexions de chercheurs sur ce sujet.

Choisir et assumer sa liberté
Ce film est avant tout un hymne à la liberté. Tout particulièrement pour les familles allemandes. En effet, dans leur pays, des lois hitlériennes toujours en vigueur, interdisent la non scolarisation des enfants. Alors les familles déploient des trésors d'ingéniosité pour préserver leur liberté d'instruction.
Les pays anglo-saxons sont plus tolérants et les familles expatriées en France ne s'y trompent pas. Elles déménagent au plus vite en Grande Bretagne, car comme témoigne Michael Tavaler, l'un d'entre eux : "En France, le homeschooling est encore aujourd'hui, dans la situation dans laquelle était l'homosexualité il y a vingt ans." Cela laisse donc une marge de progression certaine sur le chemin de la tolérance et de l'application des textes légaux. Assumer cette liberté signifie aussi, pour nombre d’entre elles, y compris et surtout pour les familles monoparentales, de faire des choix professionnels et donc financiers.
Une liberté bafouée ?
L'analyse de notre société, sous le regard critique de John Gatto et des différents protagonistes soulèvent des questions essentielles : l'endoctrinement, le respect des individus, le rôle de l'institution scolaire... Le quotidien de ces familles parle de lui-même. Tous les parents du monde souhaitent vivre des relations familiales équilibrées, voir leurs enfants épanouis et apprendre avec plaisir. Bizarrement en France, lorsque des familles mettent réellement en application ce programme que personne n'oserait désavouer, certaines sont en butte à de multiples tracasseries : des enquêtes de la mairie et de l'inspection académique par des représentants de l'Etat ne respectant pas la loi et n'ayant aucune connaissance des pédagogies alternatives.
Les a priori ont la vie dure. Ils mènent à des projets de loi liberticides et à des actions collectives de défense de la liberté pédagogique, comme en Bretagne ou en Languedoc -Roussillon. A des procès aussi, parfois à répétition. Certains élus s'en émeuvent néanmoins.
Un film pédagogique
Les non sco ne sont pas des missionnaires. Ils ne représentent aucune église, ne cherchent à convertir personne. Comme tous les parents, ils ne souhaitent que le bien-être de leurs enfants.  Ce souhait parental fut la base de la démarche de la réalisatrice, Clara Bellar, lorsqu'elle est devenue mère. Le questionnement qu'elle partage avec son compagnon accompagne les spectateurs. Au fil de leurs interrogations, de leurs rencontres, de leurs découvertes, leur enthousiasme apparaît. Aucune certitude tranchée n'impose une vérité absolue. Ils ont confiance en leur enfant et le souci de se remettre en permanence en question. “Je continue à me poser des questions. C’est d’ailleurs ce qui m’a amenée là, à faire ce film. Pour chacun le cheminement sera différent.” témoigne Clara Bellar.
Dans son magnifique livre, Le quatrième mur, Sorj Chalandon fait dire à Sam, l'un de ses personnages : "La République, c'est le respect des différences".  En le paraphrasant, l'école républicaine, pourrait être définie comme le respect des différences éducatives.

Tous les personnels concernés par l'éducation devraient voir ce film. Et notamment ceux qui travaillent dans les mairies et les inspections académiques et qui sont, dans l'exercice de leurs fonctions, en contact avec des familles non scolarisantes. Mais aussi, tous les parents et les enseignants, en activité comme en devenir. Ainsi que les personnes étiquetées comme "décrocheurs". Simplement pour savoir qu'il est possible d'apprendre autrement. Dans et hors école. Librement.