Bien vivre sa grossesse avec la sophrologie

La naissance d’un enfant est un de ces « heureux événements » de l’existence. Valorisés dans nos sociétés, la grossesse, et l’accouchement, sont aussi vécus comme des moments difficiles pour la femme. Des changements corporels aux questions liées à la parentalité et à l’accueil d’une nouvelle vie, la pratique de la sophrologie peut être un atout majeur pour vivre une grossesse sereine et heureuse.

"Tu enfanteras dans la douleur" ? Deux hommes néerlandais ont pu exceptionnellement tester les douleurs de l’accouchement, au moyen d’électrodes placées sur leurs corps [1] : malheureusement pour eux, ils n’ont pas su "accueillir" la douleur, "lâcher prise", mais tout au contraire ils ont voulu y résister. Le résultat n’est pas probant : la douleur les a presque rendus "fous" ! C’est que le moment de l’accouchement est un moment à anticiper pour qu’il se déroule dans la plus grande sérénité.

Une grossesse est un moment important de modifications corporelles et psychologiques pour la femme. Si au premier trimestre de ces neuf mois, les changements du corps sont invisibles, la femme enceinte subit dès cette période une libération massive d’hormones qui entraîne déjà de profonds changements : gonflement de la poitrine, fatigue, hyperémotivité (qui se traduit par des larmes comme des fous rires), odorat aiguisé (qui est la cause des possibles nausées). De plus, le premier trimestre peut être une période anxiogène car la grossesse n’est pas encore consolidée et les examens médicaux de contrôle sont nombreux. Enfin, comme la grossesse ne se voit pas encore, la femme enceinte peut ressentir des difficultés à être reconnue comme telle, par les autres mais aussi par elle-même.

Au deuxième trimestre, les changements corporels deviennent manifestes : le ventre s’arrondit. L’enfant est une réalité : ce sont des questions de responsabilité, relatives au statut de parent et à l’émergence d’une nouvelle vie dont il faudra prendre soin, qui sont désormais à l’ordre du jour. Au troisième trimestre de la grossesse, la fatigue se fait vivement ressentir et l’approche de la naissance peut augmenter les peurs. L’impatience gagne.

Enfin, c’est l’accouchement. L’accouchement est source de douleurs certaines, mais les spécialistes s’accordent à dire que celles-ci restent subjectives et culturelles [2] : 25% des femmes estiment que la douleur de l’accouchement est extrêmement violente, 50% la considèrent de modérée à forte, et les 25% restants des femmes ressentent peu ou pas de douleur du tout. La malédiction divine transmise par la culture biblique – selon le précepte du « Tu enfanteras dans la douleur », énoncé par Dieu à la suite de la chute de l’homme du paradis terrestre – est donc à relativiser. La variabilité de la douleur [3] est d’autant plus à remarquer qu’elle tient à de nombreux facteurs psychologiques — et c’est là que la sophrologie peut se révéler indispensable. En effet, c’est au premier chef la peur, le sentiment d’insécurité et la volonté de résister aux mouvements de contractions qui augmentent la douleur : les tensions corporelles se voient augmentées, comme la diminution de l’oxygénation, sous l’effet de nos angoisses. Mais la vulnérabilité des futures mamans face au stress et à la peur de la douleur peut être éliminée. La mise en adéquation du corps et de l’esprit de la mère avec sa maternité et les changements qu’elle implique est alors indispensable.

Accompagner les femmes tout au long de la périnatalité

L’actrice Astrid Veillon a été une adepte de la sophrologie pendant sa grossesse : "je faisais de la sophrologie pour tenter de calmer mes angoisses et surtout éviter de les transmettre à Jules [son fils, ndlr]. La sophrologie m’a beaucoup fait dormir lors de ma grossesse. Cela m’a aidée au niveau de la respiration et du lâcher prise. […] La sophrologie m’a vraiment aidée à redescendre, à me calmer et à relativiser." Son objectif était clair : "Pour Jules et pour mon homme, je souhaitais être la plus à l’aise possible. C’était mes deux axes. Je voulais que mon fils se sente bien [4]."

C’est l’objectif de toutes les futures mamans. La sophrologie, qui vise étymologiquement à l’harmonie de l’esprit, permet de l’accomplir, en accompagnant les femmes tout au long de la périnatalité, pour augmenter leur confort et leur bien-être. La périnatalité désigne, à strictement parler, la période comprise entre la 28e semaine d’aménorrhée (absence de règles) et le 8e jour suivant la naissance de l’enfant, les premiers jours de la maman avec son nouveau-né. Durant toute cette période, l’accompagnement sophrologique peut se faire, en vue de grands bénéfices dans le vécu maternel de la naissance. Les pères peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement : leur place et leur rôle auprès de leur compagne et auprès de leur enfant, est parfois l’objet de peurs non négligeables, qu’il convient d’apaiser également. Les hommes sont d’ailleurs de plus en plus nombreux désormais à vouloir suivre, en compagnie de leurs femmes ou lors de séances qui leur sont réservées, les différents cours de préparation à l’accouchement [5].

 À domicile pour une pratique individuelle, en maternité pour une pratique en groupe, ou encore en cabinet, la sophrologie périnatale devient de plus en plus indispensable. Les maternités sont de plus en plus demandeuses d’accompagnements complémentaires aux leurs (chant prénatal, acupuncture, ostéopathie, etc.), et ce faisant, elles sont de plus en plus enclines à proposer aux femmes enceintes la pratique de la sophrologie. C’est que les bénéfices de la sophrologie sont certains, et il faut y voir un parti-pris des maternités contre les « usines à bébé ». Une maternité comme celle des Lilas, en région parisienne, maternité réputée pour ses combats en faveur d’une naissance sans violence, propose ainsi, parmi ses diverses activités prénatales, de la sophrologie [6].

Développer la confiance des femmes et l’harmonie avec l’enfant

La sophrologie a prouvé ses avantages auprès des spécialistes de la naissance, et auprès des femmes enceintes. Sa pratique permet à la fois de vivre sereinement les transformations de la grossesse, de préparer son accouchement en confiance, de favoriser le lien avec son bébé, cette future existence dont il faudra prendre soin pour la vie. De multiples exercices sont envisagés, en fonction de chaque situation toute particulière, de chaque femme. De façon générale, les exercices de respiration profonde, abdominale, sont primordiaux : ainsi des « purges » respiratoires, ou de la création d’un espace de confiance, accompagnés de « chasses aux émotions » gestuelles, qui permettent par exemple d’évacuer sensiblement le surplus d’émotions, et, fondamentalement, de développer la confiance en soi de la future mère. 

La sophrologie insiste également sur la gestion des changements du schéma corporel des femmes enceintes. Il s’agit, pour la femme, d’accepter son nouveau schéma corporel, d’accueillir le changement du point d’équilibre lié à la prise de poids aussi bien que la prise de poids elle-même, et sa nouvelle silhouette. Ce sont alors les exercices sophrologiques de relaxation dynamique qui sont primordiaux : les femmes enceintes travaillent sur leurs appuis dans des marches virtuelles, visualisées, afin de renforcer la confiance en leur propre corps. Enfin, c’est le lien avec le bébé qu’il s’agit de renforcer : les exercices de sophrologie permettent d’accroitre la performance de nos cinq sens pour provoquer la synergie avec son enfant durant la grossesse. On parvient également, dans des exercices de gymnastique holistique, à des méthodes de bercement de l’enfant au sein même du ventre de sa mère (c’est le bercement dit « du dos »), ou encore, après l’accouchement, on développe les moments de peau à peau pour favoriser l’harmonie avec le nouveau-né.

Les mamans sont unanimes : la sophrologie leur apporte un atout majeur afin de s’épanouir dans leurs mois de grossesse. Sophie, désormais heureuse maman d’une petite Léa, confiait : "J’ai réussi à entrer en contact avec ma fille très tôt, grâce à mes séances de sophrologie. Ce contact, c’est ce qui m’a fortifiée et m’a donné confiance."

[1]. Voir la vidéo ici : http://www.madmoizelle.com/hommes-douleurs-accouchement-143475
[2]. Lynn Clark Callister, « Cultural Influences on Pain Perceptions and Behaviors ». http://www.pain-initiative-un.org/doc-center/articulos%20y%20documentos/dolor%20e%20implicaciones%20sociales/culture,%20pain%20perceptions%20and%20behaviors.pdf
[3]. Voir les études de la Société d’histoire de la naissance : http://www.societe-histoire-naissance.fr/spip.php
?article44#Variabilite-culturelle-des
[4]. http://www.enviedefraises.fr/interviews-stars-enceintes/1-astrid-veillon
[5]http://lemondedesparents.fr/la-naissance/65-les-peres-et-la-naissance/144-la-place-du-pere-dans-les-preparations-a-laccouchement.html
[6]http://www.ville-leslilas.fr/dossiers/9-0-121/la-maternite-des-lilas

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