Du temps pour apprendre

Apprendre demande du temps. Et chacun a son propre rythme. Un temps décomposé en de multiples rondelles de 45, 50, 60 minutes ou autres fractions, et imposé à tous selon un modèle unique, n'a guère de sens. D'ailleurs, ici et là, grâce à des initiatives innovantes, le temps d'apprendre à leur goût et à leur rythme est enfin donné aux enfants.

Le temps dû aux enfants

Qu'un apprentissage concerne une langue, comme les innombrables Kanjis de la langue japonaise ou les incohérences orthographiques de la langue française, ou un autre domaine, cet apprentissage requiert du temps. Ce temps doit être adapté au degré de maturité, au rythme personnel et aux centres d'intérêt de l'enfant. Il doit aussi être en lien avec le monde réel. Ceci est également valable pour les adultes car apprendre tout au long de sa vie est une immense richesse.

Dans un nombre croissant d'établissements scolaires, notamment outre Atlantique, les équipes éducatives ont entamé une réflexion sur les rythmes scolaires. Et, à l'instar des familles non sco, elles ont organisé les apprentissages selon des rythmes bien plus flexibles et libres. La transition vers l'éducation numérique, qui allie travail individuel, tutorat personnel, travail de groupe collaboratif, le tout en ligne et en présentiel, a beaucoup contribué à cette prise de conscience. Ainsi, dans certaines écoles, les emplois du temps traditionnels ont été totalement remis en cause et remplacés par des organisations flexibles, individualisées, qui permettent aux enfants d'approfondir leurs apprentissages et aux équipes éducatives d'avoir des temps de concertation.



Le temps concédé aux lobbys

La main d’œuvre enfantine est-elle encore nécessaire aux travaux agricoles ? Même si en France, la rentrée n'est plus fixée à la Saint-Michel, l'été demeure la sacro-sainte période des grandes vacances.

Au long de l'année scolaire, toutes les six semaines environ, des zones A, B et C séparent les cousins qui pourraient se retrouver pendant les vacances. A la notoire exception des lumineuses et chaudes vacances de Toussaint, propices à la baignade grâce au désormais presque bienvenu réchauffement climatique ! Dès le printemps, les choses se gâtent. Les professionnels du tourisme montent au créneau. Trop tôt ou trop tard, trop courtes ou trop longues, les vacances de février et de Pâques sont rarement satisfaisantes pour ce lobby défendu par certains politiques.



Un temps pour dormir

Début 2013, la professeure Meltzer et ses collègues finalisèrent une étude comparative sur les habitudes de sommeil entre 2 612 adolescents. 500 d'entre eux étaient des non sco et les autres, scolarisés en établissements privés et publics. Les chercheurs constatèrent que les adolescents dont les familles assumaient l'instruction, dormaient en moyenne 90 minutes de plus par nuit que les adolescents scolarisés qui commençaient, en moyenne, leur journée scolaire 18 minutes avant que les non sco ne s'éveillent. Selon la professeure Meltzer, une heure de coucher plus avancée n'a guère d'effet face à l'action de la mélatonine, dont le taux s'élève plus lentement le soir chez les adolescents, entraînant des réveils difficiles. En conséquent, plus de la moitié, 55 %, des adolescents non sco bénéficiaient de leur quantité hebdomadaire de sommeil, à comparer aux 24,5 % des adolescents scolarisés. Aux Etats-Unis, des établissements, bien avant les résultats de cette étude, avaient déjà modifié l'heure de démarrage des cours afin de s'adapter aux besoins physiologiques de leurs élèves. Grâce à cette mesure, ces derniers ont moins de pannes d'oreiller et sont moins fatigués en classe.



Avant l'adolescence, il y a l'enfance. Et pour nombre de petits, la journée péri-scolaire puis scolaire commence dès 7 h du matin et se finit 12 h plus tard. Entre ramassage scolaire, horaires de travail des parents, temps de transport, garderie, repas, ces enfants, qui ne sont pourtant pas des adultes en miniature, accumulent, jours après jours, les heures de veille et de fatigue.