La précocité chez l’enfant : du mythe à la réalité !

Notre société est fascinée par les enfants "précoces" et les adultes au potentiel intellectuel supérieur à la moyenne. Cependant, la surdouance ne concerne que 0,1% de la population. C’est donc un phénomène rare, et pourtant, c’est un sujet qui revient très souvent dans les discussions avec les parents, les professeurs, dans les médias, etc.

La précocité intellectuelle chez l’enfant, également appelée le « haut potentiel », est un concept flou, utilisé à tort pour recouvrir une multitude de réalités diverses, et qui sert trop souvent de justification à l'échec scolaire d’un enfant. Ainsi, lorsqu’un enfant est en difficulté à l’école, il lui sera certainement proposé de passer un test pour évaluer son quotient intellectuel, le QI.

Le test d’évaluation du QI conduit à sur-diagnostiquer la précocité chez l’enfant

Ce test consiste en une série d’épreuves variées, verbales, perceptives, qui testent la mémoire de travail et la vitesse de traitement des informations. Si le QI est un excellent outil de débroussaillage neuropsychologique, il ne constitue qu’un point de départ dans les investigations des aptitudes et des fragilités de l’enfant. En effet, le test du QI est loin d’être complet et certaines facultés ne sont pas du tout évaluées : le langage écrit et l’écriture, par exemple, mais aussi le sens des nombres, la cognition sociale, les fonctions attentionnelles, exécutives, presque rien sur la mémoire, les praxies, etc. De plus, il s’avère que les résultats au test du QI sont très liés à l’environnement dans lequel l’enfant évolue : les enfants de parents qui exercent des fonctions de cadres ont un QI de 109 en moyenne, contre 95 pour les enfants d’ouvriers (source : étude Schiff & Coll., 1986).

La précocité n’explique pas un échec scolaire

Trop souvent diagnostiqués « précoces », les enfants en échec scolaire sont ensuite mal orientés vers des classes spécialisées mais inadaptées et leur handicap réel n’est pas pris en charge. Or, il faut bien avoir conscience qu’un résultat élevé au test du QI ne peut à lui seul imposer un diagnostic de précocité. De plus, même si précocité il y a, elle ne peut pas être une cause de l’échec scolaire. L’intelligence consiste en particulier à savoir s’adapter, à une situation, un problème, etc. Par essence, l’intelligence supérieure ne peut être en soi une cause d’inadaptation scolaire.

Si un enfant pertinent et intelligent est en échec scolaire, alors il souffre probablement d’un ou plusieurs troubles des apprentissages

Un enfant intelligent qui présente des difficultés scolaires peut présente bien souvent des troubles des apprentissages liés à des dys : dyscalculie, dysorthographie, dyslexie, dysphasie, dyspraxie…

Ces troubles sont trop peu souvent détectés. Pourtant lorsqu’ils le sont suffisamment tôt dans la vie scolaire de l’enfant, les parents peuvent ensuite prendre en compte ces difficultés et orienter au mieux leur enfant. Car en apprenant à contourner leurs difficultés d’apprentissage, les enfants « dys » sont tout à fait en mesure de suivre une scolarité classique et de devenir de brillants étudiants.