Ecole alternative : A.S. Neill & Summerhill

Bien loin des effets d'annonces à courts et moyens termes électoraux, il est un pédagogue dont le nom est passé à la postérité, tout comme celui de son école. Une aventure pédagogique autogérée et libre : celle des Libres enfants de Summerhill et d'A.S. Neill.

L'expérience de Summerhill

Cette école fondée en 1921 par A. S. Neill et sa première femme, se trouve dans le Suffolk, à environ 160 km de Londres. Elle accueillait, en internat, une petite cinquantaine d'enfants, âgés de 5 à 16 ans. Elle repose sur quelques principes de base, détaillés dans l'ouvrage Libres enfants de Summerhill : une école qui sert les besoins de l'enfant, des cours facultatifs, le règlement intérieur de l'école voté à l'unanimité, chaque personne : élève ou professeur – représentant une voix, tous les membres de l'école étant égaux en droit.

Les cours ont lieu le matin, les après-midi sont libres. Après le thé de 16 h, les enfants s'adonnent à des activités diverses : lecture, poterie, dessin, peinture, vannerie et autres. Cinéma, danse, théâtre, assemblée générale, répétitions de spectacles occupent les soirées.

Lorsque la personnalité de l'enseignant et la façon dont se déroulent les cours les rendent passionnants, en être exclu devient une sanction, parfois refusée par l'ensemble du groupe à l'encontre d'un élève, car perçue comme trop insupportable.

La liberté d'expression accordée à ces élèves, implique de renoncer « à toute discipline, toute direction, toute suggestion, toute morale préconçue, toute instruction religieuse quelle qu'elle soit ». Le résultat fut des enfants qui n'avaient guère de haine à exprimer, puisque évoluant en liberté.

La liberté pas l'anarchie

Une telle expérience ne laissa pas de marbre. Aujourd'hui encore, autogestion ne rime pas nécessairement avec je-m'en-foutisme, mais la nuance n'est pas perceptible par tout le monde. Les enfants, élèves cadrés depuis leur plus jeune âge sont souvent incapables, avant un certain temps, d'assumer cette liberté. Après la fondation de Summerhill, Neill reçut un nombre important de réactions. Il y répondit dans ses ouvrages suivants : La liberté pas l'anarchie et Pour ou contre Summerhill.

Toute la philosophie de sa démarche se trouve résumée dans cet extrait : « L'enfant est avant tout une personne libre et toute pédagogie doit l'aider à faire l'apprentissage de cette liberté qui le conduira non pas vers l'anarchie, mais au contraire vers une vie sociale et collective libre et responsable ». L'opposé de la coercition à tout va en quelque sorte.

L'héritage de Summerhill

A.S. Neill est décédé en 1973. En 1999, le supplément Éducation du Times a retenu Neill comme l'un des douze pédagogues les plus influents du XXe siècle. Différents ouvrages étudient ce que sont devenus les anciens de Summerhill, ce que cette école hors normes a apporté à ceux qui l'ont fréquentée. Parmi ces titres, généralement non traduits en français, nous pouvons lire : Summerhill and A.S. Neill par Mark Vaughan, Tim Brighouse, A. S. Neill, Zoë Neill Readhead, Ian Stronach, 2006, After Summerhill, d'Hussein Lucas, publié en 2011.

L'école de Summerhill existe toujours aujourd'hui. Fréquentée par plus de 70 enfants, elle est dirigée par Zoë Neill Readhead, la fille d'A. S. Neill. Menacée de fermeture en 2000, elle a réussi à faire valoir son droit à pratiquer sa propre pédagogie.