Portrait des enfants doués

Curieux, passionnés, rêveurs... les enfants doués ont un caractère bien à eux. Voici quelques traits caractéristiques qu'ils ont tous en commun.

L’entourage des enfants doués est souvent surpris par l’intensité de leurs réactions : ils ont tendance à tout amplifier, à tout dramatiser et, surtout, ils paraissent ne pas savoir se comporter sans mettre de passion dans toutes leurs actions et tous leurs sentiments.

Quand ils aiment, ils adorent, quand ils estiment un sujet intéressant, ils le connaissent jusque dans les moindres détails, ils ne savent pas être autre chose que des spécialistes du domaine en question : les insectes, les pierres, les drapeaux, les marques de voiture, les championnats de rugby et les listes des équipes victorieuses de ces 5 dernières années, alors qu’ils n’ont pas 8 ans, mais le sujet leur plaît. D’ailleurs ils sont également imbattables sur les animaux disparus, la préhistoire et d’autres sujets plus lointains dans le temps et dans l’espace qu’un tournoi des 6 nations.

Si un enfant paraît n’avoir de goût à rien, s’il traîne devant la télévision et manque d’enthousiasme pour tout ce qu’on lui propose, c’est qu’il se sent un peu déprimé, mais la dépression ne se voit pas chez les enfants : ils ne savent pas très bien comment l’exprimer et, quoi qu’il leur arrive, ils ne perdent jamais totalement le goût du jeu. S’agissant des enfants doués, il leur est toujours difficile d’évoquer avec des mots précis un malaise flou qui a envahi leur âme sans même qu’on puisse en déterminer la cause. L’avenir leur paraît tout à coup bien sombre : ils se sont ennuyés à l’école et ils craignent d’être obligés de suivre, durant d’interminables années, cette même route terne et monotone, alors qu’un changement d’activité, de classe ou, plus difficile à mettre en œuvre, d’école, peut tout changer et leur rendre leur gai caractère.

Les enfants doués connaissent aussi parfois des moments de baisse de dynamisme quand ils songent à la difficulté de devenir adulte à leur tour pour savoir affronter tous les périls dont ils ont déjà conscience. Comment devient-on fort, sage et savant ? Ils ont déjà bien l’impression que l’école ne répondra pas à ces interrogations, tout ce qu’ils y découvrent reste trop superficiel, les armes acquises se révèleront vite dérisoires face à tous les aléas de l’existence et à l’impérieuse nécessité de devoir juger, évaluer, jauger sans cesse toutes les situations, toutes les personnes de l’entourage, en particulier professionnel : ils entendent assez leurs parents parler de ces embûches et de la dextérité qu’il faut déployer pour les éviter.

Leur propension à amplifier tout ce qui relève des émotions leur fait apparaître la vie des adultes comme une jungle où l’on doit tracer son chemin en comptant sur ses seules forces  alors qu’ils se sentent encore bien faibles et bien ignorants.

Il convient donc de les rassurer : ils ont encore de longues années devant eux pour découvrir tout ce savoir qui les attire tant et qui leur fournira, en temps voulu, les armes nécessaires pour satisfaire leur désir de réussite.

Souvent rêveurs, entraînés par une imagination sans limites abondamment nourrie de lectures passionnées, les enfants doués ont du monde une vision à la fois vaste et attrayante, mais aussi hérissée de tous les pièges qui guettent les audacieux et ils se sentent audacieux et entreprenants à l’image des héros qu’ils admirent.

Les joyeuses échappées qu’ils s’octroient quand l’existence leur paraît particulièrement terne et l’enseignement spécialement répétitif leur procure un moment de bonheur durant lequel ils peuvent plier la réalité à leurs goûts et colorer de couleurs vives un monde devenu, pour un temps de grisaille, trop terne.

Les enfants doués se tourmentent souvent à cause des fruits de leur imagination : elle leur fait entrevoir des catastrophes qu’ils aimeraient prévenir puisqu’ils savent qu’elles vont survenir, mais, pour eux,  les grandes personnes, plongées dans leurs soucis du quotidien ne voient rien venir, ou bien elles aussi savent qu’un drame va arriver, mais elles veulent protéger leur enfant le plus longtemps possible et le tenir encore à l’écart de la dureté de l’existence.

Par exemple, s’ils ne veulent plus aller à l’école, c’est parfois pour ne pas laisser seule une mère qu’ils voient triste et affligée ou bien parce qu’ils veulent être à ses côtés quand elle apprendra la «terrible nouvelle» qu’ils anticipent. Même s’ils ne connaissent pas exactement la teneur de cette nouvelle, tous les éléments qu’ils ont pu capter dans leur environnement les confortent dans l’idée qu’un drame va se déclencher.

On ne doit jamais négliger la perspicacité des enfants doués ni leur facilité à envisager le pire, même s’ils font de l’humour avec l’élégance qui leur est familière.

Leurs peurs désamorcées, ils retrouvent alors le bonheur de découvrir toutes les merveilles que renferme le vaste monde.

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