Montres connectées pour enfants : faut-il les interdire ?

Censée géolocaliser l'enfant et ainsi rassurer les parents, la montre connectée, de par ses failles de sécurité, représenterait un danger pour les plus jeunes ainsi que pour leur entourage.

Montres connectées pour enfants : faut-il les interdire ?
© Supparsorn Wantarnagon - 123RF

Alternatives au portable, les montres connectées accompagnent de nombreux enfants sur le chemin de l'école, lors de leurs activités extrascolaires et tout au long de leur journée. Associées à une application pour smartphone, elles permettent aux parents de géolocaliser l'enfant en temps réel et sont là pour rassurer les plus inquiets. Toutefois, comme elles sont souvent dotées d'un micro, d'une caméra et d'un dispositif GPS, elles seraient susceptibles de "porter atteinte à la vie privée de l'enfant, ainsi qu'à son entourage", selon l'agence nationale allemande des télécommunications qui a interdit, vendredi 17 novembre, leur vente dans tout le pays. En effet, selon le communiqué de l'agence, cette interdiction fait suite aux résultats d'une étude du Bureau européen des unions de consommateurs qui montrent que "certaines montres connectées feraient courir des risques majeurs à leurs usagers en les exposant au piratage informatique".

En cause ? D'importantes failles de sécurité qui permettraient facilement de les pirater, de récolter les informations captées par l'objet qui pourrait ainsi "se transformer en véritable dispositif d'espionnage", précise l'agence des télécommunications, avant d'alerter que "le hacker aurait aussi la capacité de modifier la géolocalisation indiquée dans l'application de suivi et ainsi de donner l'impression que l'enfant se situe à un endroit où il n'est pas". Par mesure de sécurité, l'agence a donc invité les familles qui possèdent ces montres "à les détruire" et à s'en séparer, estimant que leur utilisation est contraire "à la loi informatique et à la liberté du pays". Par ailleurs, l'autorité de régulation des télécoms affirme avoir "pris des mesures" contre les entreprises qui en vendent sur le net. Pour le moment, aucune institution française ne semble s'être prononcée sur la question.

Des "dispositifs d'espionnage". Ces montres connectées pourraient permettre aux personnes malintentionnées "d'écouter l'environnement de l'enfant" et peuvent "être considérées comme un système de transmission non autorisé", dénonce Jochen Homann, le président de l'agence qui précise même que certains peuvent "les utiliser pour écouter les enseignants en classe" par exemple. D'ailleurs, cette interdiction n'est pas sans précédent pour l'Allemagne qui, en février dernier, avait proscrit la vente de la poupée connectée Cayla. Cette dernière enregistrait via un micro les questions de l'enfant pour y répondre et contenait ainsi, selon l'agence de régulation des réseaux, "un dispositif d'espionnage dissimulé". Conséquence : n'importe qui se trouvant à moins de 15 mètres pouvait entendre les conversations, mais pouvait également parler directement à l'enfant. L'agence avait invité les parents à ôter le mécanisme d'enregistrement ou mieux à se séparer de ce jouet connecté