L'écriture inclusive dans les manuels scolaire, une bonne idée ?

Elle a pour objectif de rétablir l'égalité homme-femme par l'orthographe et la grammaire, l'écriture inclusive suscite pourtant la polémique. Qu'est-ce que c'est ? Ne complique-t-elle pas l'apprentissage du français chez les enfants ?

L'écriture inclusive dans les manuels scolaire, une bonne idée ?
© Joshua Resnick - 123RF

La règle est depuis longtemps actée : à l'écrit, le masculin l'emporte sur le féminin dans les accords, mais également pour les noms de métier. On écrit par exemple, "les filles et les garçons sont sérieux" ou "le groupe de policiers (bien qu'il y ait aussi des femmes dans l'équipe) est arrivé". L'écriture inclusive, quant à elle, propose de féminiser systématiquement les métiers à l'écrit lorsque l'on parle d'un ensemble tant composé d'hommes que de femmes. Ainsi, au lieu d'écrire "nous avons travaillé avec des collaborateurs", il faudra noter "nous avons travaillé avec des collaborateurs.rices". On devra automatiquement ajouter un petit point suivi de l'accord féminin singulier ou pluriel. Pour les titres et les fonctions : on préférera dire "la chirurgienne" au lieu "du chirurgien". L'objectif ? Que les mots ne se soumettent pas d'office au masculin et que l'écriture puisse mettre hommes et femmes sur le même plan d'égalité lorsque c'est nécessaire.

3 personnes sur 4 se déclarent favorables à ces nouvelles règles. C'est ce qu'indique une étude menée par Harris Interactive et commanditée par l'agence de communication Mots-Clés. Parmi les 1 000 personnes interrogées, seules 12 % déclarent savoir précisément de quoi il s'agit et 25 % n'adhèrent pas à l'utilisation de l'écriture inclusive. Pourtant, "plus les personnes interrogées se disent renseignées sur le sujet et moins elles s'y montrent favorables", précise le rapport. Les personnes les plus approbatrices sont les femmes et les personnes les moins diplômées (diplôme inférieur au baccalauréat), soit respectivement 79 % et 83 % parmi les sondés favorables.

L'écriture inclusive va faire son entrée à l'école. Le nouveau manuel scolaire pour CE2 Magellan et Galilée, Questionner le monde édité par Hatier et rédigé selon les règles de l'écriture inclusive va faire son apparition dans les salles de classe dès la rentrée 2018. Qu'en pense-t-on à l'Éducation nationale ? Les règles introduites dans ce manuel pédagogique "ajoutent une complexité qui n'est pas nécessaire : on doit revenir à des fondamentaux sur le vocabulaire et la grammaire", critique le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, interrogé à France Inter le jeudi 28 septembre. "Que cette liberté soit offerte dans la vie démocratique courante, ça me paraît compréhensible. A l'école, je suis plus réservé […] quand je vois les difficultés qu'on a à bien consolider la lecture de façon simple et accessible", déplore-t-il, avant d'ajouter que cette initiative "n'est pas grotesque, mais questionnable : il faut en discuter". De même, "la langue française va être dénaturée pour des raisons d'instrumentalisation politique. C'est faire rentrer la politique dans l'école", condamne Julien Aubert, député Les Républicains du Vaucluse au micro de RTL le 12 octobre et qui a demandé à Jean-Michel Blanquer, l'interdiction de cette pratique dans les manuels scolaires. Toutefois, les points de vue semblent être partagés. Le Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes (HCE) a tenu à féliciter les Éditions Hatier, dans un tweet du 25 septembre, qui "donnent l'exemple pour une écriture inclusive et une éducation égalitaire".