L'Etat en partie responsable du suicide de Marion Fraisse

Victime de harcèlement à l'école, cette adolescente s'est suicidée à l'âge de 13 ans. Ses parents avaient pourtant averti le collège de son mal-être. Quatre ans après ce drame, l'Etat est jugé partiellement responsable.

L'Etat en partie responsable du suicide de Marion Fraisse
© Marion 13 ans pour toujours

Ce n'est pas faute de ne pas avoir prévenu les enseignants et le directeur du collège Jean-Monnet (dans l'Essonne), du harcèlement scolaire dont était victime leur enfant. Les parents de Marion Fraisse, qui s'est suicidée à l'âge de 13 ans suite au calvaire qu'elle a vécu à l'école, avaient en effet alerté à plusieurs reprises le personnel de l'établissement. Sa mère Nora Fraisse s'est toujours battue pour que justice soit rendue.

L'Etat en partie responsable. Près de quatre ans après la mort tragique de Marion, l'Etat est en partie tenu pour responsable dans un jugement rendu ce 26 janvier 2017 par le tribunal administratif de Versailles. "Les juges ont estimé que les défaillances dans l'organisation du collège Jean-Monnet ainsi que les réactions inadaptées de son personnel avaient contribué en partie au décès de cette adolescente", précise Le Figaro. Ils rappellent par ailleurs que les parents avaient tiré la sonnette d'alarme dès le premier trimestre de la rentrée scolaire, en demandant au principal du collège de changer leur fille de classe étant donné le comportement de certains élèves. Ils avaient également réclamé la fin des brimades que subissait leur fille, souhaitant être informés de l'évolution de la situation... Mais en vain ! Selon le tribunal, ces alertes auraient dû amener le personnel de l'établissement a porter une attention particulière à la situation, ce qui aurait certainement pu empêcher les violences à l'encontre de Marion, survenues le 12 février 2013, la veille de son suicide. En outre, les juges ont évoqué "une absence de réaction appropriée" et un "défaut d'organisation du service public". Toutefois, la responsabilité de l'Education nationale a été atténuée par les magistrats. Ces derniers précisent que "les violences déterminantes" se sont déroulées sur une seule journée et que les menaces quotidiennes qui visaient Marion avait principalement lieu sur Internet. 

Le combat de Nora Fraisse contre le harcèlement scolaire. Il s'agit "d'une première grande victoire et d'une reconnaissance essentielle" déclare Nora Fraisse, qui continue son combat contre le harcèlement scolaire sans relâche. Une autre procédure pénale est parallèlement ouverte à Evry depuis juin 2013 contre les auteurs de ce harcèlement. Si aucune mise en examen n'a encore été actée, cette nouvelle décision administrative pourrait peut-être faire avancer les choses. "Les magistrats instructeurs tireront les conséquences de cette décision de condamnation en prononçant la mise en examen des mis en cause" a déclaré Me David Père, avocat de la famille. 

Rappelons que Nora Fraisse est à l'origine d'une pétition qui a donné lieu à la mise en place d'un numéro vert, le 3020, pour aider les victimes de harcèlement à l'école. Elle a également écrit un livre, "Marion, 13 ans pour toujours", adapté à l'écran en 2016 avec Julie Gayet et diffusé dans les établissements scolaires pour sensibiliser les élèves. Elle-même intervient dans les écoles, de la primaire à la terminale pour parler des dangers du harcèlement et du cyberharcèlement. Son association "Marion, la main tendue" apporte un soutien aux victimes, à leur famille, et aide à lutter contre les violences scolaires.