"La résidence alternée n'est pas une victoire contre l'autre"

Choisir la résidence alternée n’est pas forcément facile que ce soit pour les enfants ou pour les parents. Gérard Poussin, psychologue et professeur émérite des universités de l’université Pierre Mendès-France de Grenoble, répond à nos questions.

"La résidence alternée n'est pas une victoire contre l'autre"
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Quelles sont les conséquences de la résidence alternée sur l’enfant ?

Gérard Poussin : Il n’est pas simple d’identifier les conséquences de la résidence alternée sur l’enfant. En effet, les études qui s’intéressent à ce mode de garde utilisent souvent d’autres facteurs. Il est ainsi très difficile de savoir si c’est la résidence alternée ou les autres variables qui ont un poids sur l’enfant. Une étude s’est par exemple intéressée à la résidence alternée, à l’estime de soi et à d’autres facteurs. Il apparaît que l’estime de soi dépend plus de la réussite à l’école, de ses relations avec ses camarades, etc., que de la résidence alternée. A ce jour, une seule conséquence a toutefois été évaluée. Avec la loi du 4 mars 2002 (qui a instauré la résidence alternée, ndlr) et la hausse du choix de ce mode de garde par les parents, on observe une diminution du nombre d’enfants qui ne voit plus leur père.

Lorsque la résidence alternée est mal vécue par l’enfant, quels sont les signes ?

Je ne peux parler que des cas individuels que j’ai rencontrés, faute d’étude. Il y a ainsi des situations où la résidence alternée est bien la cause. Je l’observe par exemple lorsque l’enfant ne va pas bien, que l’on modifie la résidence alternée et qu’il va mieux. Généralement, les enfants présentent des troubles du comportement. Ils sont irritables, assurent qu’ils en ont marre de ce mode de garde… En revanche, les problèmes sont les mêmes que pour les autres modes de garde

Quels sont les avantages et les inconvénients de la résidence alternée ?

Pour le moment, le seul avantage qui ressort de ce mode de garde est le maintien du lien avec le père. En outre, les parents ont plus de facilité pour reprendre une activité professionnelle ou refaire leur vie. Les inconvénients sont la gestion du planning, les événements imprévus, le partage d’informations… L’enfant oublie également souvent quelque chose chez l’autre parent. Cela arrive aussi pour les autres modes de garde mais c’est accentué avec la résidence alternée.

Quelles questions se poser avant de choisir ce mode de garde ?

Avant de prendre une décision, les parents doivent demander à l’enfant ce qu’il souhaite. Cependant, ils doivent avoir à l’esprit que son souhait ne doit pas être le seul élément de décision. En effet, il ne faut pas qu’il ait l’impression que c’est lui qui décide. Une fois le mode de garde choisi, il n’est pas superflu d’expliquer son choix à son enfant en lui précisant que tel ou tel mode de garde a été choisi à cause de tels facteurs.

Quelles sont les erreurs à éviter ?

Deux grosses erreurs sont souvent rencontrées. La première est de croire que la résidence alternée sera immuable jusqu’à la majorité de l’enfant. Il faut bien garder à l’esprit qu’elle peut être arrêtée si elle ne fonctionne pas. La deuxième est de choisir ce mode de garde pour se venger de l’autre parent. La résidence alternée n’est pas une victoire contre l’autre. Il faut tenir compte de l’avis et des conditions de chacun.

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