Journée contre le décrochage scolaire : actions, programmes

Le 21 septembre marque la journée du refus de l'échec scolaire. Aujourd'hui encore, de nombreux élèves quittent le système scolaire sans diplôme, formation ou perspective d'orientation. Pour endiguer ce phénomène, de nombreuses actions sont menées par l'Etat mais aussi par des associations, parfois de manière originale, pour aider les enfants susceptibles de décrocher.

Journée contre le décrochage scolaire : actions, programmes
© madhourse

[Mise à jour du 21 septembre à 16h19] Ce mercredi 21 septembre 2022 a lieu la 15e édition de la Journée du refus de l'échec scolaire organisée collectivement par des enseignants et des parents d'élèves, et parrainée par l'Unicef. Thématique choisie cette année : "Décrocher un apprentissage, le meilleur moyen de raccrocher ?". Le décrochage scolaire peut concerner tous les enfants, il peut survenir quel que soit l'âge du chérubin, dès la primaire, au collège, au lycée et même après. Dans cette idée, la Fondation Vareille a lancé en 2015 un programme éducatif innovant "Un violon dans mon école". L'objectif de ce projet sur dix ans ? Aider le plus grand nombre d'enfants, venant de zones d'éducation prioritaire et de milieux défavorisés, à mieux réussir à l'école grâce à l'enseignement du violon dès 4 ans. En cela, la pratique d'un instrument de musique aurait de nombreux bienfaits.

De la musique pour lutter contre le décrochage scolaire ?

Interrogée par la rédaction du Journal des Femmes, Hélène Vareille, fondatrice de la Fondation Vareille, nous explique comment est né ce projet et les premiers résultats qui en ressortent. "On est parti du principe qu'il vaut mieux traiter le problème de l'échec scolaire très jeune. On s'est inspiré d'une école en Angleterre, qui formait des violonistes dans des milieux très défavorisés. Les retours étaient plus que positifs. On a fait des recherches et on a remarqué que des études montraient que le fait de jouer d'un instrument de musique a un effet sur le cerveau, c'est un entrainement très efficace. Si vous ajoutez à ça, que le cerveau des enfants est particulièrement 'plastique', il est capable d'apprendre de nouvelles choses rapidement, tout l'intérêt est là. On a voulu démontrer que la musique est un moyen pour faire remonter le niveau scolaire d'un enfant."

On peut alors se poser la question, pourquoi le violon et pas un autre instrument de musique, moins complexe et moins élitiste. "Détrompez-vous ! Beaucoup de parents nous ont dit 'pour une fois que l'on nous propose autre chose que du foot'. Certaines familles sont extrêmement fières de voir leurs enfants faire du violon, et les élèves aussi. Ça joue aussi un rôle d'intégration", nous confie Hélène Vareille. Les cours de violon sont intégrés au programme scolaire des écoles, prévu par l'Education nationale. En principe, ils sont alignés avec les notions que les élèves apprennent dans les autres cours (le calcul, le rythme, retranscrire des émotions etc). Des professeurs agréés dispensent les cours aux élèves pendant les heures scolaires, par petit groupe. L'étude de la mesure d'impact n'est pas encore terminée mais les premiers résultats de cet enseignement sont pour le moins très encourageants. "Les élèves sont apaisés, tout comme l'ambiance dans les établissements en zones d'éducation prioritaire. D'autres enfants ont retrouvé une capacité d'écoute." Pour l'année 2022, le dispositif "Un violon dans mon école" a été déployé dans 80 écoles, 6 300 élèves en bénéficient. Dès la rentrée 2024, le but à atteindre sera de 10 000 élèves. 

Décrochage scolaire, qu'est-ce que c'est ? 

Chaque année, des élèves quittent le circuit scolaire avant d'avoir obtenu leur baccalauréat ou diplôme professionnel (BEP, CAP). Cet abandon, dû à un désintérêt progressif de l'élève pour l'école, est ce que le Code de l'éducation a appelé "décrochage scolaire". L'objectif est donc d'identifier les élèves en situation de risque de décrochage scolaire, c'est-à-dire qui fréquentent toujours leur établissement, mais sont moins attentifs en classe, consacrent moins de temps à leurs devoirs, sont sujets à l'absentéisme, etc. "La lutte contre le décrochage scolaire a ainsi vocation à réduire les inégalités concernant l'accès au savoir tout en élevant le niveau de qualification et de compétences de l'ensemble de la population scolarisée", indique le site du ministère de l'Education. 

Les chiffres du décrochage scolaire en France 

Tous les ans, en moyenne 150 000 élèves quittent le système scolaire sans diplôme, soit près d'1 jeune sur 5. L'objectif fixé par le conseil européen en 2010 était qu'en 2020, le taux d'abandon scolaire moyen dans l'Union européenne passe sous la barre des 10 %. Dans ce cadre, la France a atteint les objectifs car il est passé à 8.2% en 2019 contre 12,6% en 2010. Cette année-là, ce sont ainsi 60 000 jeunes de moins qu'en 2014 qui ont abandonné leurs études sans diplôme. Un bon début, dû à un meilleur repérage des jeunes et à une plus grande mobilisation. Un taux qui n'a pas changé en 2020, a affirmé le ministère de l'Éducation nationale. Quoi qu'il en soit, le décrochage scolaire reste encore aujourd'hui un phénomène qui persiste. C'est d'ailleurs une priorité nationale du gouvernement. 

Comment aider son enfant en décrochage scolaire ? 

Considérée comme une priorité nationale, la lutte contre le décrochage scolaire s'axe sur deux points : 

  • L'aspect préventif : éviter aux élèves de se retrouver en situation de décrochage. 
  • La remédiation : Remettre sur les rails les élèves déjà en décrochage ou considérés comme étant à risque. 

Dans les deux cas, un seul et même objectif : "faire que chaque jeune puisse construire son avenir professionnel et réussir sa vie en société". Pour y parvenir, l'éducation nationale a instauré le droit au retour en formation pour tous les jeunes sortis du système éducatif sans diplôme ni un niveau suffisant de qualification (article L-122 du code de l'éducation) et l'obligation de formation pour les jeunes âgés de 16 à 18 ans (article L-144 du code de l'éducation). Des mesures qui devraient être renforcées cette année par la mise en œuvre de l'obligation de formation : tous les moins de 18 ans doivent être soit scolarisés, en formation, ou posséder un emploi.

Quelles solutions pour sortir du décrochage scolaire ? 

Ma seconde chance

Votre enfant est (en risque de) décrochage scolaire ? Grâce au site Ma seconde chance, vous pouvez géolocaliser des professionnels de l'orientation ou/et des établissements proposant une reprise des études. Des conseillers sont également disponibles par tchat ou par téléphone pour vous aider à trouver une solution et contrer ce décrochage. 

Les Écoles de la deuxième chance 

Les Écoles de la deuxième chance (E2c) proposent aux élèves décrocheurs sans qualification des parcours de 6 mois pour les remettre à niveau en fin de collège. Une formation de réintégration socio-professionnelle comportant des périodes de stages en entreprise. Ces E2c crées il y a plus de 20 ans, accueillent chaque année 15 000 jeunes (âgés de 16 à 25 ans) répartis sur un réseau de 46 écoles dans l'ensemble du territoire. 

L'Epide

Autre alternative : L'Epide (établissement public d'insertion dans l'emploi). Il accueille 3 000 jeunes décrocheurs (dans leurs 20 centres situés en France métropolitaine), sans aucune qualification ni diplôme. Ceux-ci s'engagent dans une formation d'environ 8 mois ayant essentiellement vocation à les resocialiser et à leur garantir une remise à niveau. 

Les services militaires 

Enfin, les jeunes âgés de 18 à 25 ans éloignés du marché de l'emploi ont aussi la possibilité d'intégrer le dispositif SMA (service militaire adapté) ou SMV (service militaire volontaire). Ils bénéficient ainsi d'une insertion socioprofessionnelle allant de 6 à 12 mois au sein d'unités militaires spécifiques. 

D'autre part, le hashtag #ReviensTeFormer lancé par le gouvernement distille sur sa page éponyme toutes sortes d'options aux décrocheurs en fonction de leur cursus et de leurs attentes. 

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