Trop de substances dangereuses dans les cosmétiques pour bébés

Une récente étude vient de révéler que près de 90% des cosmétiques pour bébés contiennent des substances potentiellement dangereuses ou allergènes. Précisions.

Trop de substances dangereuses dans les cosmétiques pour bébés
© Agence DER

Il y a encore trop de substances chimiques potentiellement dangereuses ou allergènes dans les cosmétiques pour bébés. C'est le triste constat qu'a fait l'ONG Women in Europe for a Common Future (WECF).

Pour arriver à cette conclusion, WECF s'est intéressé en juillet et en août 2015, à 341 produits cosmétiques pour bébés vendus en France dans les pharmacies, les parapharmacies, les supermarchés mais aussi les magasins biologiques. Il s'agit de laits de toilette, de lotions, d'eaux nettoyantes, de lingettes, de liniments, de shampooings, de produits pour le bain, de solaires ainsi que d'eaux de toilette. L'ONG a en fait décrypté la composition de ces produits telle qu'elle apparaît sur les étiquettes. Elle s'est ensuite basée sur des études scientifiques et des évaluations des autorités sanitaires de l'Union européenne (comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, SCCS) et française (Agence nationale de sécurité du médicament, ANSM) pour classer les ingrédients en trois catégories : "risque élevé", "risque modéré" et "risque faible ou non identifié".

Des substances à risque élevé dans près de 90% des produits. Les résultats de cette enquête sont édifiants. Et pour cause, une large majorité de produits, 299 sur 341, est composée d'ingrédients à risque élevé. Il y a ainsi un allergène par contact, la méthylisothiazolinone ou MIT, dans 19 produits dont sept lingettes. Le phénoxyéthanol, un conservateur soupçonné d'effets toxiques sur la reproduction, est quant à lui présent dans 54 produits dont 26 lingettes. Des parfums impliquant des risques potentiels d'allergies, ont également été repérés dans 226 produits. Elisabeth Ruffinengo, responsable projets santé-environnement de WECF, a affirmé que "seul le liniment ne présente aucune substance à risque élevé", selon l'AFP. L'ONG a par ailleurs observé que quatre ingrédients ou familles d'ingrédients classés à risque modéré sont présents dans 181 produits. Agents potentiellement irritants, les sulfates (laureth et lauryl sulfate) ont été observés dans 50 produits, en grande majorité dans des produits pour le bain et des shampooings. L'EDTA est quant à lui présent dans 87 produits, notamment dans les produits moussants. Issues de la chimie du pétrole et pouvant être contaminées par des impuretés, les huiles minérales ont été observées dans 30 produits, majoritairement des crèmes et des lotions. Enfin, les nanoparticules, "dont les effets sont encore mal évalués", sont présentes dans 14 produits solaires.

Des parfums dans la quasi-totalité des produits. Ainsi, WECF demande l'interdiction des trois ingrédients à risque élevé dans tous les cosmétiques destinés aux enfants de moins de trois ans. Mme Ruffinengo a assuré avoir été très surprise "par l'omniprésence de parfums dans la quasi-totalité des produits" alors qu'ils peuvent causer des allergies par contact. La Société française de dermatologie avait quant à elle assuré dès décembre 2012 que le MIT entraînait un nombre croissant d'irritations et d'eczémas. Celui-ci est un conservateur très largement utilisé dans les cosmétiques pour remplacer les parabènes qui ont eux-mêmes été accusés d'être des perturbateurs endocriniens. Bruxelles avait d'ailleurs exigé de réduire son usage en septembre 2014 mais sans toutefois l'interdire.

La peau des bébés est plus perméable que celle des adultes. Les bébés et les jeunes enfants ont la peau particulièrement fragile. En effet, "son pH est neutre durant les premières semaines et elle n'est pas encore protégée par le film hydrolipidique qui met les cellules à l'abri des influences extérieures. Elle est aussi plus perméable que celle de l'adulte, car les cellules de l'épiderme ne sont pas encore suffisamment soudées les unes aux autres", explique l'ONG. Chez le bébé, la zone du siège, souvent humide et chaude, est quant à elle particulièrement sensible "car elle favorise l'absorption des substances par voie cutanée". Or, il a été observé que les ingrédients incriminés sont très souvent présents dans les lingettes. L'Association de consommateurs UFC-Que-Choisir avait elle aussi estimé en octobre 2013 que 94% des 27 lingettes testées pourraient être nocives. En 2012, l'ANSM avait même recommandé à titre de précaution de ne pas utiliser les lingettes pour bébés contenant du phénoxyéthanol.