Deux bébés siamois séparés à l’hôpital Necker

La semaine dernière, deux bébés siamois guinéens ont été séparés à l’hôpital Necker. Une opération délicate qui a duré près de dix heures.

Deux bébés siamois séparés à l’hôpital Necker
© Paul Hakimata

Nés début janvier en Guinée, deux bébés siamois ont été séparés la semaine dernière à l’hôpital Necker à Paris, selon une information du Figaro. Hassan et Boubacar étaient en fait reliés par l’abdomen. Ils avaient 20 centimètres de peau et une partie du système digestif en commun. Ce sont les premiers bébés siamois nés vivants en Guinée.

Une opération à risque. Avant d’arriver en France, Hassan et Boubacar ont dû subir de nombreux examens. Les médecins du CHU de Conakry où ils sont nés, ont estimé qu’il était possible de les séparer. Les bébés siamois ont alors été dirigés vers la France pour une opération chirurgicale qui a duré près de dix heures le 26 mai dernier. Deux équipes chirurgicales se sont ainsi relayées pour découper la peau et séparer le foie et les 30 cm d’intestin grêle que les bébés avaient en commun. Rendue possible grâce aux donateurs de La chaîne de l’espoir, cette opération à risque a été longuement préparée par les deux équipes de l’hôpital Necker. Ce sont sept chirurgiens accompagnés d’anesthésistes et d’infirmiers qui ont ainsi répété leurs gestes maintes fois et qui se sont préparés à divers scénarios avant l’opération. Le jour J, c’est le Dr Daniel Agbo-Panzo, chef du service pédiatrique du CHU de Conakry, qui a symboliquement tranché le dernier lambeau de peau qui unissait les deux bébés. Une semaine après leur opération, Hassan et Boubacar vont bien et leurs organes fonctionnent parfaitement.

Une anomalie extrêmement rare. Une grossesse sur 50 000 à 100 000 serait concernée par cette anomalie congénitale. Touchant plus souvent les filles, la formation de bébés siamois est extrêmement rare. Comme pour les vrais et les faux jumeaux, elle provient de la division accidentelle du même œuf qui est issu de la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. C’est le stade de développement auquel l’œuf se sépare qui va ensuite donner soit des vrais ou faux jumeaux, soit des siamois. Ainsi, si la séparation intervient au-delà de douze jours, la division des deux embryons sera incomplète et donnera des bébés siamois. Avant, elle donnera soit des vrais, soit des faux jumeaux.

Une opération nécessaire la première année de vie. Ces "jumeaux conjoints" sont souvent mort-nés ou décèdent quelques heures après la naissance. S’ils survivent, une opération est inévitable dans leur première année de vie même s’il est toutefois préférable d’attendre quelques mois avant de la réaliser pour augmenter les chances de succès. En fonction du ou des organe(s) conjoint(s), il n’est par ailleurs pas toujours possible de les séparer. Par exemple, si les bébés partagent un même cœur, c’est impossible. Parfois, un des deux enfants doit être sacrifié pour sauver l’autre.