Le décrochage scolaire baisse, mais reste préoccupant

En 2016, 450 000 des 18-24 ans ont seulement leur brevet en poche ou ne sont pas du tout diplômés. Ces "décrocheurs" scolaires viendraient surtout d'Île-de-France, du nord et du sud-est de la France. Comment peut-on l'expliquer ?

Le décrochage scolaire baisse, mais reste préoccupant
© Wavebreak Media Ltd - 123RF

Si en France, ce sont 100 000 jeunes qui, chaque année, quittent précocement le système éducatif sans diplôme de fin d'études secondaires (CAP ou baccalauréat), le décrochage scolaire recule nettement en France, depuis la fin des années 2000. C'est en tout cas ce que révèle le rapport publié ce vendredi 8 décembre par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco). Résultats : en 2016, "environ 450 000 jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans n'ont obtenu que le diplôme national du brevet, ne sont pas du tout diplômés ou n'ont pas suivi de formation au cours des quatre dernières semaines", indique l'enquête. Reste tout de même que ce nombre a baissé de 100 000 par rapport à 2006.

Des inégalités territoriales. D'après les résultats de l'étude, le décrochage scolaire est très présent dans les académies du nord de la France (Lille et Amiens), en Île-de-France (Créteil) et dans le sud-est (Corse, Montpellier, Aix-Marseille). A l'inverse, l'ouest de la France (Rennes, Nantes) semble moins touché par le décrochage scolaire. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces inégalités : "la très grande majorité des académies les plus exposées au décrochage scolaire ont une part plus élevée de familles monoparentales, un chômage plus élevé et une part importante de familles nombreuses", explique le Cnesco, "le fait d'avoir ses deux parents nés à l'étranger doublerait également les risques d'absentéisme".

© Cnesco

Lutter contre l'absentéisme. "Signe précurseur de décrochage scolaire", déplore le Cnesco, l'absentéisme concernerait en France 11 % des élèves de 15 ans qui déclarent avoir volontairement manqué l'école durant au moins une journée, dans les deux semaines précédant l'enquête. "L'effet de pairs" (lorsque d'autres élèves de l'établissement s'absentent) renforce d'ailleurs l'absentéisme, souligne l'enquête. En effet, "il y a des établissements à risque, dans lesquels le taux d'absentéisme est très élevé. [C'est] un cercle vicieux : les élèves s'absentent plus quand ils voient les autres élèves de l'établissement le faire", confirme Nathalie Mons, la présidente du Cnesco.

Des préconisations pour agir plus efficacement. Même s'il est en baisse, le décrochage scolaire reste un phénomène préoccupant qui nécessite une meilleure prévention. En effet, "les décrocheurs sont encore nombreux et rencontrent généralement de graves difficultés d'insertion professionnelle", regrette le Cnesco qui, en guise de préconisations, appelle à "intervenir dès les premiers signes d'un possible décrochage et surtout, quand le jeune est encore dans l'établissement". La qualité des apprentissages, l'aide à l'orientation (mise en relation avec le jeune en décrochage et avec ses parents pour les aider à identifier ses compétences et à construire son projet d'études), un meilleur climat scolaire, la flexibilité des parcours scolaires, le renforcement de l'identité de l'établissement et du sentiment d'appartenance à l'école, ou encore une meilleure surveillance de leur santé… sont autant de leviers qui permettraient, sur le long terme, d'agir plus efficacement face à l'échec scolaire et "ainsi d'éviter une démotivation", conclut l'enquête.