Codéine à but récréatif : quel est le profil des ados consommateurs ?

Lors des soirées "lean", de plus en plus d'ados ingurgitent de la codéine pour son effet planant, en cocktail ou en comprimés. Un phénomène de mode inquiétant, popularisé notamment sur les réseaux sociaux.

Codéine à but récréatif : quel est le profil des ados consommateurs ?
© 123RF - Yanlev

[Mise à jour du 12/07/17] Depuis plusieurs années, on parlait déjà du "purple drank", un cocktail de sirop pour la toux à base de codéine, d'antihistaminique, de colorant violet et d'un peu de soda. De quoi inquiéter les parents, mais aussi les autorités sanitaires : en 2016, ces boissons avaient fait l'objet d'une mise en garde de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). Cette année encore, de plus en plus de mineurs, en quête de sensations, détournent l'utilisation première de la codéine, un antidouleur vendu en pharmacie et qui ne nécessite pas d'ordonnance, à des fins récréatives. Pour un effet encore plus planant, les ados la consomment désormais en comprimés (Klipal ou Codoliprane), potentiellement plus dangereux que le sirop, qu'ils achètent en pharmacie moins de 3€ la boîte. Un produit qui représente pour eux une drogue très bon marché.

Profil des consommateurs. En moyenne, les consommateurs des cocktails codéinés ont entre 17 et 25 ans, selon une note de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) datant du 11 juillet. Ces ados ne sont pas, pour la grande majorité, des usagers de drogues illicites, hormis le cannabis. Par ailleurs, il s'agit aussi bien de "lycéens scolarisés dans des filières généralistes, professionnelles ou des jeunes adultes ayant une activité professionnelle précaire (apprentis, petits jobs)" ajoute l'OFDT. Enfin, ces mélanges sont généralement consommées dans le cadre d'une fête privée, sur le modèle des soirées étudiantes, ou d'une petite soirée entre amis, qui ont lieu, le plus souvent, en fin de semaine et pendant l'été. 

Addicts à la codéine. Le phénomène prend encore plus d'ampleur avec les réseaux sociaux sur lesquels des recettes de ces nouveaux cocktails circulent et sont partagées. Et pour cause, cette substance psychoactive, de la même famille que l'opium ou la morphine, provoque une sensation immédiate de défonce, ralentit le rythme cardiaque et rend très vite accro. A forte dose, la codéine s'avère très toxique et peut, à long terme, détériorer le foie. Prise avec des anxiolytiques ou de l'alcool, la codéine, qu'elle soit en solution buvable ou en comprimés, peut même amener le consommateur jusqu'au coma, parfois mortel. Selon le Parisien du 9 juin, l'ANSM a déjà noté cinq cas d'intoxication grave à la codéine chez des ados en 2017, dont deux décédés d'une overdose. Par ailleurs, l'OFDT signale également "plusieurs cas d'hospitalisation" depuis 2015 dus à la prise de cette substance.

Dans un communiqué du 12 juillet, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, annonce qu'elle a signé un arrêté mentionnant que la codéine ainsi que d'autres dérivés de l'opium seront désormais délivrés uniquement sur ordonnance.