Violette face à la grève

Quand Violette tente de prendre le bus un jour de grève, elle se sent bien seule... Mais c'est sans compter sur son prince charmant qui vient voler à son secours.

violette
Il est où Jean Mond ? © Carole Anne Lemaire

L'aube se lève à peine sur la ville. Pour un peu, on pourrait croire que c'est un jour ordinaire. Mais, si j'ai troqué mes talons hauts pour des baskets, c'est que l'heure est grave : c'est la grève des métros ! Pas de panique, j'ai élaboré mon plan de bataille. Réveil plus tôt et petit déj' dans le sac à dos, me voilà sur la route. Dehors, la foule m'attend déjà.

En sortant de chez moi, je croise Julio, un papy qui a connu la grande grève de 86. Il en est sorti borgne avec une jambe boiteuse. D'un air solennel, il me souhaite bonne chance.

Forza !

Il va falloir être forte. Sur le trottoir, des petits vieux au bord de l'asphyxie guettent l'arrivée de Messie (le chauffeur de bus). Vingt minutes plus tard, il s'arrête devant nous, bien entendu bondé. Je suis sur le point d'entrer (et autant vous dire que ça joue des coudes) quand une vieille dame m'appelle à l'aide. Ni une ni deux, je vole à son secours en lui faisant le courte-échelle. Et alors que je m'apprête à grimper à mon tour, le bus ferme ses portes et démarre. J'ai beau courir, je n'arrive pas à le rattraper et je vois s'éloigner mon dernier espoir d'arriver au bureau avant midi. Désespérée, je me laisse choir sur le trottoir, le visage dans les genoux et le moral dans les chaussettes.

"Désespérée, je me laisse choir sur le trottoir, le visage dans les genoux et le moral dans les chaussettes."

Près de moi, quelques naufragés grognent contre leur manque de bol. L'un d'eux se veut optimiste : "Le prochain arrive dans 85 minutes, ça va aller". Je sens la fatigue et les larmes monter quand, soudain, une voiture s'arrête devant moi. Je me redresse et, ô surprise, j'aperçois Jean Mond au volant. Lequel me salue, tout sourire. "Je te dépose ?". Je crois que c'est la plus belle chose que l'on m'ait jamais dite. A défaut d'étalon blanc, c'est en coupé sport que mon prince charmant est venu me chercher. L'histoire ne dit pas si nous serons heureux et aurons beaucoup d'enfants, mais au moins, je suis arrivée à l'heure au boulot. Affaire à suivre...