Pénélope Leprévost : rencontre avec la championne d'équitation

Le Longines Masters de Paris se tiendra au Parc des Expositions du 30 novembre au 3 décembre. Des cavaliers de renom seront présents pour assurer le show. Pénélope Leprévost, championne olympique d'équitation, sera de la partie. Rencontre avec cette sportive de haut niveau.

Pénélope Leprévost : rencontre avec la championne d'équitation
© RBpresse-J.Rodrigues

Les meilleurs cavaliers d'Europe et des États-Unis seront réunis pour quatre jours de compétitions pendant le Longines Masters de Paris, du 30 novembre au 3 décembre. Parmi eux, l'incontournable Pénélope Leprévost. En 2016, la cavalière normande connaît la consécration ultime : elle devient championne olympique de saut d'obstacles par équipe. La jeune femme a déjà atteint les sommets mais cette amoureuse des chevaux n'est pas près de s'arrêter. Rencontre avec une férue de compétition.

Journal des Femmes : Vous n'avez pas grandi dans une famille de cavaliers. Comment avez-vous découvert votre passion ?
Pénélope Leprévost :
C'est l'amour des animaux qui m'a fait monter à cheval. Enfant, je voulais un chat et un chien, mais on habitait dans un appartement, c'était trop petit. Nous étions deux par chambre avec mes frères et sœurs. Un jour, mes parents m'ont emmenée à une porte ouverte dans un poney-club. Et là, coup de foudre, ils ont vu que j'étais heureuse auprès des équidés.

Qu'est ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la compétition ?
Personne ne savait que j'avais ce côté compétitrice, ni moi ni mes parents, parce que j'étais une enfant timide et introvertie. Ma mère me disait que je ne la lâchais pas et que je ne parlais à personne d'autre. Quand on allait chez des amis, je ne disais rien, je caressais le chien toute la soirée. Paradoxalement, j'avais cette force intérieure qui s'est beaucoup manifestée lors de mes leçons d'équitation. Depuis plus mon jeune âge, je me chronométrais à poney, j'essayais toujours d'aller plus vite. Je ne gagnais pas à chaque fois, mais j'ai le souvenir de la monitrice qui me disait : "Doucement Pénélope, doucement !" Je redescendais de poney et tout d'un coup, je redevenais la petite fille sage que ma mère connaissait. Je me suis vraiment réalisée grâce à l'équitation.

Avez-vous grandi avec un modèle qui vous a inspirée ?
Pas du tout, je ne suis pas influençable. Mes propres idées évoluent et ce que pensent les autres ne m'influence pas trop. J'ai toujours tenu à garder mon regard même si je me trompe. Ce n'est pas parce que les gens me disaient "bleu" qu'il fallait que je pense "bleu". J'étais même un peu provoc', j'aimais faire le contraire de ce qui était attendu. Je me suis construit simplement avec mes idées, mon envie d'être proche des animaux, ma manière de penser, de monter à cheval, de fonctionner avec eux.

Dans ce sport, hommes et femmes s'affrontent. Vous sentez-vous à pied d'égalité avec le sexe opposé ?
Oui, je me sens cavalier au milieu de tout le monde. Le partenariat avec Esthederm (Pénélope est l'égérie de la marque, ndlr), permet de garder une petite touche féminine, je trouve ça vraiment chouette. Les cavaliers me parlent vraiment d'égal à égal. Ils sont même plutôt plus courtois avec moi qu'avec les autres jeunes hommes. Pour le sport, ils ne me ménagent pas du tout, mais à côté, ils ont de bonnes intentions envers moi.

Diriez-vous que ce sport se pratique différemment selon le sexe ? Constatez-vous des disparités avec vos coéquipiers masculins ? 
Il y a quelques cavaliers qui préfèrent un type d'équidés. Pour ma part, j'essaie de m'adapter au cheval et de faire ce qu'il veut que je fasse sur son dos. Certains préfèrent les grands chevaux froids, d'autres se sentent plus à l'aise sur les petits chevaux chauds… Pour moi, peu importe, j'essaie vraiment de donner le meilleur de moi-même pour inciter le cheval à être compétitif.

L'équitation est un sport accessible aux femmes, pourtant elles sont rares dans la compétition de haut niveau. Comment l'expliquez-vous ?
Les femmes font des enfants, elles veulent une famille. Ce n'est pas simple, j'ai une fille (Eden, 13 ans, ndlr) mais je suis absente la moitié du temps. C'était un choix. J'ai été maman à 23 ans avant de faire du haut niveau. Ma fille monte à cheval, elle va d'ailleurs faire le concours au Longines.

Comment trouvez-vous l'équilibre entre votre carrière et votre vie de famille ?
Ma mère s'occupe beaucoup de ma fille, je ne crois pas qu'elle en souffre. Et puis, elle monte à cheval, ça lui permet d'être à mes côtés. Par contre, si aujourd'hui je devais avoir une grossesse et un petit bébé, il faudrait une nounou qui soit là à plein temps, il faut des moyens... Ce serait compliqué. J'ai eu de la chance : dans ma vie, tout est arrivé au bon moment.

Comment avez-vous repris la compétition après votre grossesse ?
Cela n'a pas été si difficile, mais je ne suis pas un exemple, il ne faut pas que les gens m'écoutent (rires). J'étais en concours sept jours après l'accouchement ! C'est ridicule… J'étais jeune, évidemment, j'avais 23 ans, les femmes ont des enfants plutôt vers 30 ans.

Lors de la première épreuve olympique, en 2016, vous avez souffert d'une déchirure musculaire qui vous a poussée à prendre quelques semaines de repos. Comment êtes-vous parvenue à vous remettre en selle ?
C'était la première fois de ma vie que je prenais autant de repos et c'était assez compliqué. C'était plus douloureux de lâcher les rênes que de me remettre en selle. Avant, je n'avais jamais vraiment été blessée et je n'avais jamais arrêté le sport. J'ai toujours des séquelles de cette blessure.

Comment acquérir ce mental d'acier nécessaire à la pratique d'un sport de haut niveau ?
On l'a ou pas. Certaines personnes travaillent cet esprit de compétition, mais c'est mieux de l'avoir dans la peau. Il y a de très bons cavaliers qui n'ont pas de mental d'acier, qui doutent et qui font une préparation spéciale. Je ne fais pas partie de ces gens-là, mais ce n'est pas parce que l'on doute que l'on est moins bon, au contraire. Chacun a sa propre identité, sa propre manière d'aborder la compétition, qu'on soit homme ou femme.

Avez-vous conscience d'être une inspiration pour beaucoup de femmes ?
Beaucoup de petites filles passionnées d'équitation m'envoient des messages, elles veulent savoir comment j'en suis arrivée là. Je suis contente de mon parcours et de montrer aux jeunes filles qui montent dans les clubs que c'est possible. Il  n'y a pas besoin d'argent, on peut y arriver simplement en aimant les chevaux et en donnant le maximum de soi-même. 

Retrouvez Pénélope Leprévost au Longines Masters de Paris du 30 novembre au 3 décembre 2017. 

Informations pratiques

Hall 5B - Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte
Programme & billetterie sur Longinesmasters.com
Hotline : 0892 390 209 (0,45 €/mn, appel depuis la France) et dans les billetteries et points de vente traditionnels