Coachella, haut lieu des agressions sexuelles

Une journaliste américaine a récolté les témoignages de 54 festivalières de Coachella, toutes victimes de harcèlement et d'agression sexuels au cours de cette édition 2018. Une enquête publiée dans "Teen Vogue" qui met en lumière la culture du viol présente dans les concerts et festivals de musique.

Coachella, haut lieu des agressions sexuelles
© Amy Harris/AP/SIPA

Siestes sur l'herbe, défilé de stars superlookées, programmation époustouflante.... Coachella a tout pour faire rêver. Pourtant tout n'est pas aussi rose que ce que les clichés Instagram veulent bien montrer. Derrière ces images d'Epinal se cache une réalité beaucoup plus sombre qu'a choisi de dénoncer Vera Papisova, une journaliste américaine, à travers une enquête publiée dans Teen Vogue et intitulée Sexual Harassment Was Rampant at Coachella.
La jeune femme de 27 ans s'est rendue au célèbre festival de musique californien afin de recueillir les témoignages de victimes de harcèlement et d'agression sexuels. Si elle en a récolté une cinquantaine, la journaliste a elle aussi subi ce genre de comportement. "Sur les dix heures que j'ai passées au festival, on m'a pelotée vingt-deux fois. Un mec m'a même suivie et a profité du fait que je sois seule pour s'approcher de moi et passer ses mains sur mes fesses et mes cuisses", raconte la rédactrice de Teen Vogue. Une expérience malheureuse vécue par la totalité des jeunes femmes interrogées.

90% des femmes se rendant à un concert ont déjà subi un harcèlement

Vera Papisova a interrogé 54 femmes qui lui ont toutes affirmé avoir été "victimes d'agressions sexuelles ou de harcèlement, cette année, à Coachella". Une d'entre elles, prénommée June, raconte qu'elle a été "touchée plus d'une quarantaine de fois" tandis qu'une autre, Phoebe, déclare que "c'est vraiment très inconfortable de sentir quelqu'un derrière vous, vous toucher, se frotter". Des cas loin d'être isolés mais aussi loin d'être limités à Coachella. Selon une étude publiée par OurMusicBody en mars 2018, 90% des femmes qui se sont rendues à un concert ont déjà subi du harcèlement. Pour la journaliste, ce genre de comportement serait favorisé par l'atmosphère et la configuration des événements musicaux, qui poussent les agresseurs à croire qu'ils peuvent agir de cette manière... et à montrer leur mécontentement, voire leur agressivité si leurs demandes ne sont pas entendues. Une des jeunes filles interrogées, Reagan, explique : "C'est plus effrayant de leur dire quelque chose parce qu'ils pourraient se mettre en colère et être violents". 

Manque de mesures

Dans cette enquête, la journaliste dénonce également le manque de mesures de la part des organisateurs du festival pour contrer ce genre de comportements. Elle rapporte qu'aucune des brochures distribuées à l'entrée de l'événement ne mentionne comment réagir en cas d'agression sexuelle. Une absence d'informations à laquelle certains festivals tentent de remédier. Aux Etats-Unis, Lollapalooza a lancé une page "Safety" qui évoque la marche à suivre en cas d'agression sexuelle. En France, les Solidays avaient accueilli un stand dédié au harcèlement de rue en 2017. Des initiatives encourageantes pour espérer qu'un jour les festivalières puissent vivre pleinement et sereinement leurs aventures musicales.