Dita Von Teese : "Je ne balançerai jamais quelqu'un qui a touché mes fesses"

Reine de l'effeuillage burlesque, mannequin pin-up, créatrice de lingerie... Dita Von Teese s'essaye désormais à la chanson et sort son premier album mis en musique par Sébastien Tellier, virtuose du synthé. L'icône du glamour nous a dévoilé les dessous de cet opus sensuel à souhait.

Dita Von Teese : "Je ne balançerai jamais quelqu'un qui a touché mes fesses"
© Record Makers

Son teint diaphane, sa bouche rouge vif et ses formes voluptueuses qui s'agitent au gré de ses danses lascives ont longtemps été sa marque de fabrique. Aujourd'hui, Dita Von Teese ajoute une corde à son arc et pose sa voix sur les productions de notre Sébastien Tellier national. De leur rencontre musicale est né un album érotico-électro ensorcelant, véritable ode à l'amour, baptisé d'après la reine du burlesque. Rencontre.

Le Journal des Femmes : C'est votre premier album. Comment vous sentez-vous ?
Dita Von Teese :
C'est tout nouveau, ça me met dans une position de vulnérabilité. Je ne m'y connais pas en musique, mais c'était important pour moi de relever le défi. Le fait de me dire que quelqu'un comme Sébastien Tellier croit en moi m'a aidée à l'accepter.

Vous lui avez donné votre nom. Est-il à votre image ?
C'est Sébastien qui le lui a donné ! Il a tout choisi : les musiques, les visuels et même le nom. Je l'ai laissé gérer la meilleure manière de présenter ce projet.

On a parfois l'impression d'entendre le duo Birkin - Gainsbourg...
C'est ce que je voulais. Je suis une grande fan de la musique de Sébastien, je le vois comme un Serge Gainsbourg moderne. Quand il m'a proposé le projet, j'avais déjà ça en tête. Je souhaitais faire un album qui ressemble à une collaboration entre un artiste et sa muse.

D'ailleurs, qu'est-ce que vous écoutez ?
J'adore le groupe Moderat, ou la voix de Blood Orange. J'écoute beaucoup de musique électronique et surtout des voix d'hommes, jamais de femmes. Je m'en suis rendue compte récemment quand Spotify a analysé mes playlists.

Qu'aimeriez-vous que les gens fassent en écoutant votre album ?
C'est un album sensuel. J'aime l'idée que les gens puissent se mettre dans l'ambiance avant de faire l'amour, voire pendant, en l'écoutant.

C'est aussi une déclaration d'amour. Pourriez-vous dire cela à votre petit ami (Adam Rajcevich, graphiste pour Disney, ndlr) ?
Oh que non (rires) ! Quand on le fait à travers l'art, c'est différent de notre vie personnelle. C'est ce qui fait la beauté de la musique et des performances en général.

Envisagez-vous de vous remarier ?
J'ai déjà eu mon grand mariage (avec Marylin Manson, de 2005 à 2007, ndlr). Je n'ai pas vraiment apprécié jouer à la mariée, d'être le centre de l'attention. Le concept du "jour J", je l'ai déjà vécu et je n'en veux plus. En ce qui concerne les enfants, c'est un choix conscient et personnel de ma part que de ne pas procréer. Mais j'ai l'impression de faire un pas en arrière aujourd'hui, parce que je me dis que ce n'était pas la bonne décision.


Vous considérez-vous comme féministe ?
Oui. Au début de ma carrière, j'ai sorti des livres pour expliquer ce que le burlesque signifiait pour moi. J'ai eu énormément de mails de la part des femmes et maintenant, elles composent 85 % de mon public. Je pense que je fais partie d'une catégorie à part de féministes, où l'on peut choisir d'être celle que l'on veut, assumer notre sensualité et conserver notre pouvoir.

Que pensez-vous du mouvement #MeToo et de la tribune sur la "liberté d'importuner" signée par Catherine Deneuve ?
Je peux comprendre les deux points de vue. Il y a toujours eu un jeu de pouvoir entre les deux sexes. Il y a de vrais prédateurs parmi les hommes qui abusent de leur pouvoir. Toutes les femmes ont une histoire #MeToo à raconter, mais il y en a aussi qui ont séduit pour avoir ce qu'elles désiraient. D'un autre côté, il y a de vraies accusations qui sortent et de terribles histoires d'abus. C'est bien que les gens débattent et parlent de ces choses-là, mais il y a aussi des personnes qui s'en servent pour raconter leurs rendez-vous ratés... Le plus important c'est que l'on en parle. J'ai même expliqué à mon petit ami ce que les hommes, même sans le savoir, font vivre quotidiennement aux femmes, car cela arrive tout le temps.

A vous aussi ?
Pas dans mon travail. Je suis mon propre patron, il n'y a personne pour contrôler ce que je fais et je suis toujours entourée de femmes. En revanche, dans ma vie personnelle, oui. Surtout quand j'étais adolescente. Je me souviens de machos qui se conduisaient de manière inappropriée envers moi. Les limites sont importantes. Ça m'est arrivé de me dire, avec du recul sur des situations : "Ça c'est vraiment passé ? Ca n'aurait pas dû". En revanche, jamais je ne balançerai quelqu'un qui a touché mes fesses pendant un shooting, car selon moi, c'est moins grave que quelqu'un qui a vécu un vrai abus sexuel. Tout cela est compliqué, mais il faut en parler. Car oui, time's up !

© Record Makers

Dita Von Teese de Dita Von Teese, produit par Sébastien Tellier, disponible le 16 février.

"Dita Von Teese - Interview "Si j'étais un homme""