Mort de Jean d'Ormesson, écrivain immortel

Jean d'Ormesson est décédé d'une crise cardiaque mardi 5 décembre à l'âge de 92 ans, dans sa demeure de Neuilly-sur-Seine. L'esprit, la plume et la verve emblématiques de l'écrivain et académicien n'ont cessé de marquer ses contemporains.

Mort de Jean d'Ormesson, écrivain immortel
© BALTEL/SIPA

Un immortel s'est éteint. Jean d'Ormesson – Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d'Ormesson de son vrai nom – est mort dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 décembre 2017 emporté par une crise cardiaque, à son domicile de Neuilly-sur-Seine. L'écrivain, académicien, journaliste et philosophe s'est battu contre un cancer de la vessie en 2013, qui lui a valu 8 mois d'hospitalisation.

Homme de lettres au parcours exemplaire

Jean d'Ormesson naît le 16 juin 1925 à Paris, dans un milieu bourgeois. Après une année d'hypokhâgne, ce brillant élève accède à l'âge de 19 ans à l'Ecole normale supérieure – la voie royale – où il obtient une licence de lettres et d'histoire, avant d'être agrégé en philosophie en 1949. Une fois son service militaire effectué, il donne des cours de grec classique et de philosophie, avant d'embrasser une carrière de journaliste chez Paris MatchOuest-FranceNice-Matin ou encore Le Progrès. Il publie son premier roman L'amour est un plaisir en 1956, ce qui lui vaut d'être considéré par son éditeur, Julliard, comme un "frère de Sagan". Il connaît son premier succès littéraire en 1971 avec La Gloire de l'Empire, récompensé du grand prix du roman de l'Académie française. Institution qu'il rejoint par ailleurs en 1973, en siégeant dans le fauteuil précédemment occupé par Jules Romains.

Ecrivain, journaliste et figure de la droite

En 1974, Jean d'Ormesson est nommé directeur général du Figaro. Ce qui ne l'empêche pas d'être un auteur prolifique. Il publie la même année Au plaisir de Dieu en 1974, Dieu, sa vie, son œuvre (1981), Mon dernier rêve sera pour vous (1982), Histoire du Juif errant (1990) ou encore La Douane de mer en 1994. Cet homme de droite, "gaulliste avéré" de son propre aveu, n'a jamais cessé de défendre son parti politique, notamment dans les colonnes du Figaro Magazine et Figaro Littéraire, même après en avoir abandonné la direction. Ses articles se voient même réunis dans les ouvrages Odeur du temps et Saveur du temps (2007 et 2009), publiés par sa fille Héloïse, née en 1962 de son mariage avec Françoise Béghin. Son œuvre est également rentrée, de son vivant, dans la prestigieuse collection "La Pléiade" éditée par Gallimard : un fait rare, sinon un honneur, réservé à une poignée d'écrivains qui ont marqué leur temps.

Jean d'O en quelques citations

Son époque, il l'a marquée par sa plume, sa verve et son esprit épicurien. En témoignent ces quelques citations, qui, comme lui, resteront immortelles :

  • "C'est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle", dans Dieu, les affaires et nous
  • "Les traditions - comme les femmes - sont faites pour être à la fois respectées et bousculées", à propos de l'élection de Marguerite Yourcenar, première femme à entrer à l'Académie française
  • "N'existent que les êtres dans l'espace et le temps. Dieu n'existe pas puisqu'il est éternel", dans Presque rien sur presque tout
  • "Pendant des millénaires, on n'était ni optimiste ni pessimiste parce que les choses ne changeaient pas. Demain était semblable à hier", dans un entretien donné en 2015 au Figaro Magazine
  • "Je crois que si je passe pour l'écrivain du bonheur, c'est parce que je pense qu'il faut être heureux en dépit de tout le reste", dans un entretien donné en 2015 au Figaro Magazine
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