Pascale Arbillot : "Quand je pense à Guy, je suis en deuil"

Dans GUY d'Alex Lutz, en salles le 29 août, Pascale Arbillot a du chien, une permanente eighties, des leggings flashy... Amoureuse transie d'un chanteur de Variété has-been, cette starlette maladroite accepte de témoigner dans un docu-réalité (fictif) tourné dans son intimité... Une performance exceptionnelle dans une comédie du même acabit.

Pascale Arbillot : "Quand je pense à Guy, je suis en deuil"
© Appolo Films

Parlez-nous de la genèse de votre participation au film.
Pascale Arbillot : Je rêvais de participer à une parodie, un sketch de Catherine et Liliane. Lorsqu'Alex Lutz,  dont je suis fan, m'a appelée, j'y suis allée sans rien savoir. Il fait partie de ces artistes avec lesquels on a envie de travailler de façon inconditionnelle, aveuglément.  

Comment avez-vous abordé ce rôle, jouer "la femme de" Guy ?
Il y a eu un vrai travail autour des vêtements, de la coiffure, du maquillage... C'est très important pour entrer dans la peau du personnage. J'avais une totale confiance -presque une inconscience- quand je m'en suis remise au regard précis d'Alex, un grand metteur en scène et un grand directeur d'acteurs.

Qui est cette Sophie Ravel que vous interprétez ?
C'est une passionnée d'astrologie canine, une femme qui ne sait pas très bien qui elle est. Elle n'a pas eu accès à la culture, a dû être vaguement mannequin, aspirante comédienne. Je ne lui imagine pas une enfance heureuse. Sophie est d'une grande timidité avec sens du ridicule assez prononcé, elle n'a conscience ni de sa force ni de sa fragilité. C'est une vraie gentille, de celles qui affichent un large sourire jusqu'en dépression. On pourrait la prendre pour une cruche parce qu'elle n'a pas de répartie, pour une poupée superficielle parce qu'elle est soucieuse de son apparence… Elle est surtout bienveillante, très touchante, plus intéressante qu'elle n'en a l'air.

Est-ce que sa vie est envisageable : évoluer dans le showbiz, mais à distance des paillettes ?
Bien sûr, il faut aller chez Drucker pour connaître ce paradoxe. Beaucoup de stars ont connu la lumière et ont choisi de se réfugier dans l'ombre, parce que ce n'est pas une vie d'être sans cesse sous les projecteurs, comme d'ailleurs de rester enfermé chez soi.

Pascale Arbillot et Alex Lutz dans GUY, en salles le 29 août © Apollo Films

Cette midinette vit surtout à travers son mari...
Des gens ne savent pas exister pour eux-mêmes, heureusement pour eux, il y a les autres. Sophie est une héroïne dont la souffrance intérieure est telle qu'elle se protège en quittant la réalité. Elle parle à ses chiens, vit en dehors du temps. Elle s'étale de la crème protectrice indice +50 comme on met un masque, sort des truismes très sincères, énonce des banalités avec une franchise désarmante. La bulle, le monde de cette amoureuse de l'amour, c'est Guy.

Guy n'est pas tendre avec celle qui partage sa vie...
Guy est misogyne, râleur, grande gueule conscient de ses défauts. Il n'épargne pas sa compagne, s'autorise à se foutre de sa gueule, mais il a besoin d'elle et sait ce qu'il lui doit. Dans tous les couples, c'est comme ça. On voit exactement à quel endroit l'autre est défaillant. On est déçu. C'est normal. Comment peut-on exiger toutes les qualités réunies dans une seule  personne ? Guy ne se moque pas parce qu'il méprise sa femme ou parce qu'il n'a pas les moyens d'avoir mieux. C'est un jeu de société de la mordre gentiment. Comme dans un groupe de copains, il y a le rigolo, le taiseux, le fêtard… Dans la vie, on se répartit des rôles comme dans une fiction.

Pourquoi aller voir Guy au cinéma ?
Ce documentaire fictif est unique, je ne peux pas le définir. C'est une expérience visuelle immédiate, fédératrice pour plusieurs générations. C'est un film grand par son ambition et humble par la façon dont il a été réalisé. Drôle et poignant. Pétri d'humanité. Un ovni qui est de l'ordre du chef d'œuvre. Quand je pense à Guy, je suis en deuil. J'ai l'impression qu'il est mort alors qu'il n'a jamais existé. Je trouve cela extraordinaire. C'est de l'ordre de la magie.

  • GUY
    UN FILM DE ALEX LUTZ
    Avec ALEX LUTZ, TOM DINGLER, PASCALE ARBILLOT, DANI, ELODIE BOUCHEZ,