Sophie Marceau : "N'ayez pas peur, je ne vous veux que du bien"

Facétieuse, sublime, juvénile, Sophie Marceau -sourire aux lèvres et pull sur les épaules-, nous parle avec douceur et passion de "Mme Mills, une voisine si parfaite", son 3e long-métrage, sa première comédie, une bluette rocambolesque et une charmante chinoiserie.

Sophie Marceau : "N'ayez pas peur, je ne vous veux que du bien"
© UGC Distribution

"Mon projet concrétisé, j'adore le partager, le montrer et je me sens responsable de son succès", nous confie Sophie Marceau, fière d'avoir "réalisé un film intergénérationnel". Pour jouer sa muse, Pierre Richard a rasé sa fameuse barbe et supporté des heures de maquillage. Le grand blond devenu tornade blanche se retrouve grimé en femme… pour son plus grand plaisir. Et le résultat s'en ressent ! Mme Mills est une oeuvre loufoque, mais actuelle, joyeuse, décalée... et si le romantisme est malmené, l'étroitesse d'esprits, les carcans et les préjugés aussi. Rencontre avec une femme heureuse, une cinéaste épanouie et une reine de l'interview.

Quelle a été la genèse de cette joyeuse comédie qu'est Mme Mills ?
Sophie Marceau : Une grande envie de refaire un film. J'étais occupée à jouer l'actrice, je brassais plusieurs projets et j'ai entendu au cours d'une soirée un comédien dire : "Mon rêve serait de jouer une femme". Cela a déclenché chez moi, bêtement, des envies de filouterie, de déguisement, de changement d'apparence… mais c'était vraiment la page blanche. Il a fallu travailler l'écriture d'une histoire, construire un scénario, imaginer les rôles, que tout soit cohérent, ce qui prend du temps. Je n'ai failli à aucun moment. J'étais enthousiaste. Je voulais nous extraire de la réalité, lourde, dure, pesante. Cette énergie positive a été la colonne de toute la préparation. J'avais envie de retrouver ma jeunesse, le côté romanesque de mes quinze ans dans les années 80...

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Présentez nous Hélène que vous incarnez...
C'est une femme normale, libre, une femme d'aujourd'hui, une citadine de 50 ans, travailleuse, courageuse, un peu seule. Elle vit dans les livres, les souvenirs. Elle semble embourbée dans la routine, mais elle a un métier qui lui plaît. Sa passion pour la littérature, héritée de sa grand-mère, lui permet de s'échapper de son quotidien, d'avoir des rêves, de cultiver une certaine légèreté. Ce personnage commence à exister vraiment avec l'arrivée de Mme Mills,une voisine exubérante qui n'hésite pas à forcer la porte de son appartement. On découvre alors en Hélène une grande nostalgique qui peine à se confier, mais qui n'a pas peur de se remettre en question. Hélène est soucieuse de la qualité des rapports humains, elle garde curiosité et ouverture sur l'autre.

Dans votre film, vous jouez une héroïne sans enfant, mais avec jeans, baskets et sans cesse la clope au bec…
Hélène est une solitaire, une anti-fashion victim. Elle s'assume au naturel, fume comme une damnée, se coiffe à peine, ne se maquille jamais... Elle a laissé de côté sa féminité pour mieux endosser les responsabilités professionnelles. Sa priorité est de diriger une maison d'édition, mais elle accepte son imaginaire et publie des romans à l'eau de rose… Comme elle, je suis naïve et sans cynisme. Je déteste la moquerie, le mépris, le jugement. Je préfère être gentille et me faire avoir que d'être sournoise et stratégique.

Indépendante, mais passionnée, seule, mais en quête du prince charmant, est-ce aussi votre paradoxe ?
Rêver, être fleur bleue, ce n'est pas de la mièvrerie, juste du romantisme… Notre société s'interroge sur la relation à l'autre, sur les fondements du couple. Vivre à deux est compliqué. Les générations précédentes ont surinvesti la fidélité au détriment du désir. Il y avait une résignation. Aujourd'hui, l'épanouissement personnel est prioritaire, mais ce n'est pas un renoncement à l'amour. Beaucoup de femmes choisissent le célibat et sont heureuses. C'est une forme d'exigence, une manière de vivre des expériences plus intenses, de se découvrir soi… On n'est jamais à l'abri d'un coup de foudre.

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Pourquoi avoir choisi Pierre Richard, 83 ans, comme partenaire à l'écran ?
J'aime les vieux et je voulais montrer qu'on en a besoin d'eux. Les vieux me font rire, ils sont drôles, sans complexes, sans filtre, parfois terribles..., mais ceux qui ont bien vieilli sont formidables. Pierre en est un exemple criant. J'aime sa générosité, sa façon attachante d'être à côté de la plaque. Il se connaît par cœur, a de l'expérience, conscience de sa valeur, mais n'est jamais blasé et toujours partant. Moi aussi j'aime faire le clown et jongler avec le ridicule.

Pourquoi faudrait-il aller voir Mme Mills au cinéma ?
Si vous cherchez un feel-good movie, laissez-vous emporter, surprendre aussi. Je ne veux pas vous mentir : ce n'est pas un film où l'on est mort de rire du début à la fin, mais il y a de l'émotion. C'est extravagant, sensible, riche d'extravagances et de rebondissements. J'avais envie d'être rassurante, de dire aux gens : "Lâchez prise, n'ayez pas peur, je ne vous veux que du bien".

Mme Mills, une voisine si parfaite, de Sophie Marceau, avec Sophie Marceau, Pierre Richard, Nicolas Vaude, Bastien Ughetto… 1h28.