Armie Hammer : "Chacun devrait être un artiste à sa manière"

Armie Hammer joue l'amant beau comme une statue grecque de Timothée Chalamet dans "Call me by your name", disponible en DVD. Cette puissante histoire d'amour trouve écho dans le jeu brûlant de l'Américain. Déjà repéré chez David Fincher et Clint Eastwood, l'acteur confirme qu'il n'est pas qu'un physique. Entretien avec un grand sensible, passionné par les arts.

Armie Hammer : "Chacun devrait être un artiste à sa manière"
© Sony Pictures

Call me by your name est une sublime histoire d'amour. Pas de celles qui vous font fondre le temps d'une séance de cinéma, mais de celles que l'on vit et qui nous marque. Elle raconte l'été d'Elio, 17 ans et Oliver, 25 ans, dans la chaleur italienne. Les jeunes hommes vont faire l'expérience du désir et des premiers sentiments. Face à eux, le cœur du spectateur s'emballe au rythme des balades en bicyclette et des baignades sensuelles. Tout y est beau, mais surtout, les acteurs y sont grandioses. Timothée Chalamet, 22 ans à la ville, a été nommé pour l'Oscar du meilleur acteur grâce à sa performance bluffante. Armie Hammer, 31 ans, aurait tout autant mérité cette reconnaissance qu'il n'a pas eue. Depuis The Social Network de David Fincher, cet originaire de Santa Monica se démarque par des choix de rôles. On l'a vu glacial chez Tom Ford pour Nocturnal Animal ou drôle à ses dépends dans le déluré Agents Très Spéciaux - Code U.N.C.L.E. Le voilà sensuel, profond et touchant dans cette romance caniculaire. Un rôle qui lui permet de montrer une autre facette de lui. Plus posée, plus réfléchie et tout aussi séduisante.

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous lie à votre personnage, Oliver ?
Armie Hammer : Je me retrouve dans la vulnérabilité qu'il s'acharne à dissimuler. Luca (Guadagnino, le réalisateur, ndlr) a perçu mes tourments internes et a voulu s'en servir. J'étais effrayé. Jouer un personnage qui nous ressemble nous rend vulnérable, mais je me suis finalement senti en sécurité. J'ai pu explorer tout en restant honnête.

Comment avez-vous approché les scènes de sexe avec Timothée Chalamet ?
Nu (sourire)... On ne s'y est pas pris différemment que pour le reste, Les scène de sexe, c'est une manière organique de raconter l'histoire de ces personnages. Ca nous semblait très naturel d'agir ainsi.

Qu'est-ce qui différencie Call me by your name des romances habituelles ?
Il y a une certaine simplicité et une vraie beauté dans Call me by your name. Surtout, il y a cet aspect non moralisateur. L'amour ne rencontre pas d'adversaire. Même dans Roméo et Juliette, les familles se battent à cause de leur couple. Beaucoup de gens comparent notre film au Secret de Brokeback Mountain, mais un des personnages se fait tabasser parce qu'il est gay. Ca n'arrive pas ici. C'est une pure célébration de l'amour.

C'est aussi un parfait exemple de tolérance, qui fait du bien à voir...
Plus de parents devraient voir ce film. Un poème ancien dit "vos enfants sont vôtres, ils ne sont pas vous". C'est une chose merveilleuse que le personnage de Michael Stuhlbarg semble totalement saisir. Il fait comprendre à son fils qu'il n'a qu'à être lui-même, qu'il sera accepté ainsi. J'essaie d'inculquer cette leçon à mes enfants.

Vous êtes papa, mais aussi heureux marié depuis sept ans : quel est votre secret pour un couple qui dure ?
La règle numéro un, c'est la communication. Vous devez aborder
 les points positifs, mais aussi les choses négatives. ce qui crée la dispute, qui est difficile à dire. Et vous devez écouter. Communiquer, ce n'est pas simplement parler.

Quel souvenir gardez-vous de votre premier amour ?
Je me souviens l'intensité et la force des sentiments. J'ai pensé, sûrement comme Elio, que j'allais passer le reste de ma vie avec cette personne. Et puis ça ne se passe pas comme ça et ça vous brise le cœur. On ne devrait pas pleurer parce que c'est fini, mais sourire que ça nous soit arrivé.

Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre adolescence ?
C'était une période bizarre. Je ne m'étais pas encore trouvé, j'avais peu d'estime de moi. A cet âge, vous êtes perdu et aveuglé. Vous n'avez qu'à tenir le coup en attendant de vous sentir connecté à quelque chose. Personne ne sait encore qui il est à 17 ans.

C'est à cet âge que vous avez voulu devenir acteur ?
C'était un peu plus tôt, vers 12 ans. J'ai vu Maman j'ai raté l'avion et je me suis dit que ça avait l'air super fun d'être acteur ! Cette idée a fait du chemin
 jusqu'à mes 17 - 18 ans. Mes parents se sont d'abord moqués de moi. maintenant ils sont heureux.

Armie Hammer et Timothée Chalamet © Sony Pictures

La culture est très importante dans le film. Quelle place prend-elle dans votre vie ?
Le cinéma, l'art dans lequel je baigne, représente une grosse partie de ma vie. Avec ma femme, on essaie d'emmener les enfants au musée le plus souvent possible, d'écouter beaucoup de musique à la maison, de lire. Je suis persuadé que l'art est une des choses qui enrichit l'expérience humaine.

Quelle est la leçon la plus importante qu'il vous ait inculquée ?
Que chacun devrait être un artiste à sa manière. Si vous êtes mathématicien ou comptable, votre art c'est les chiffres. Tout peut être perçu comme tel et abordé avec le dévouement approprié.

Le film mise beaucoup sur l'esthétisme. Vous souciez-vous de votre apparence ?
J'adore le concept de l'esthétisme, de la beauté autour de soi, plus que de la beauté de soi. Mon physique, je m'en fous un peu.

Vous avez tout du gendre idéal ou du super-héros, mais vous faites des choix de rôles plus complexes. C'est conscient, d'éviter les clichés ?
Non, parce que je choisis mes rôles en fonction du réalisateur. Je veux travailler avec des cinéastes dont je peux apprendre quelque chose.

Qu'avez-vous appris avec Call me by your name ?
C'est le film qui a eu l'impact le plus fort. Il a consolidé l'idée selon laquelle que je suis bien un artiste et que je dois consacrer ma vie à ça.

Call me by your name, avec Armie Hammer et Timothée Chalamet. Disponible en DVD.