Camille Razat, une amie prometteuse

Visage encore inconnu du cinéma français, Camille Razat va truster les salles obscures. Dans "Ami-Ami", en salles le 17 janvier, elle joue la copine de William Lebghil, jeune homme totalement perdu entre sa meilleure amie envahissante et son amour naissant. Interview avec une débutante pleine de fougue.

Camille Razat, une amie prometteuse
© Julien Panié / Nord Ouest Films

Le Journal des Femmes.com : Vous incarnez Julie, la petite copine de Vincent, face à Néfili, sa coloc'. Qui est Julie ?
Camille Razat : Julie est un personnage assez timide, en tout cas au début du film. C'est quelqu'un de lumineux et de bien dans ses baskets. Elle est intelligente, d'une douceur et d'une compréhension folles. C'est une véritable gentille fille qui en plus n'est pas con. Elle n'a pas de fêlure ni de névrose, comme peut en avoir Néfili.

C'est votre premier rôle au cinéma... Qu'est-ce qui vous a plu ?
C'est mon premier film, ou plutôt mon premier rôle important. Avant ça, j'avais eu une apparition dans Rock'n'Roll, mais c'était vraiment anecdotique. Le rôle de Julia correspondait à mes envies, puisque je souhaitais commencer ma carrière par une comédie, par quelque chose de léger, même si en tant que spectatrice je préfère le drame.

Malgré cette première expérience, qu'avez-vous mis de vous en elle ?
Sur le scénario, le personnage était beaucoup plus lisse. Je me laisse évidemment diriger, mais j'aime beaucoup l'impro' et je suis toujours un peu  en "free style". Je pense avoir amené une dimension plus délurée au personnage.

C'est une comédie romantique qui aborde les relations garçon/fille de notre génération avec une telle justesse. Les rôles masculins et féminins sont parfois un peu inversés. Quand tu as lu ça, c'est quelque chose dans lequel tu te retrouvais ?

En quoi Ami-Ami est une comédie romantique résolument moderne ?
Cette histoire de mec coincé entre deux nanas est tellement dans l'air du temps ! Avec le nombre de possibilités qui s'offrent à eux, les jeunes se retrouvent forcément bloqués à un moment entre deux situations. Vincent est un indécis comme il en existe beaucoup dans la vie. Il trouve beaucoup de qualités à Julie qu'il ne trouve pas à Néfili et inversement. Sa meilleure amie lui apporte une folie grandiloquente qui le fait se sentir vivant, tandis que Julie lui apporte de la stabilité et quelque chose de plus sain. L'idéal serait que ces deux filles ne fassent qu'une.

Le film montre aussi un Paris très actuel, avec des militaires qui patrouillent par moments par exemple...
Oui, mais le film ne s'enferme à Paris. Le réalisateur a eu l'intelligence de prendre des décors pas reconnaissables au premier coup d'œil et trop connotés. Pour moi, c'est un film qui relate la jeunesse en générale. J'ai vécu à Toulouse jusqu'à mes 18 ans et ça me parle beaucoup. C'est une comédie sur la vie, sur l'amour. C'est un film qui donne envie de vivre, d'être jeune.

Qu'est-ce que ce film vous a appris ?
J'ai été à l'aise très vite sur le tournage car c'était aussi le premier long-métrage de Victor (Saint Macary, le réalisateur, ndlr). Je m'en faisais tellement une montagne en amont que j'ai été surprise d'être aussi détendue ! J'ai également appris à patienter. Dans la vie, je suis très impatiente. Là j'ai dû me taire, m'asseoir sur un siège et attendre que ce soit mon tour.

L'amitié sans ambiguïté entre un homme et une femme, vous y croyez ?
Mon meilleur ami est dans ma vie depuis 7 ans et il ne s'est jamais rien passé. Si on avait voulu plus, ça serait fait depuis longtemps. L'essentiel dans une relation saine, et encore plus pour une amitié garçon/fille, c'est la communication : il faut tout se dire et ne jamais se mentir, même si les choses sont parfois difficiles à entendre. Les non-dits sont venimeux et peuvent très vite conduire à l’ambiguïté.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire du cinéma ?
Ce n'était pas une vocation. Je voulais être reporter de guerre, ce qui n'a rien à voir si ce n'est que d'un jour à l'autre, on ne fait pas la même chose. Ma plus grande hantise, c'est de m'ennuyer. L'ennui est l'ennemi du temps.

Quels sont vos projets ?
J'ai tourné trois films dont un film de genre. Je serai aussi dans L'amour est une fête, où j'ai le premier rôle féminin aux côtés de Guillaume Canet et Gilles Lellouche. J'ai aussi un tout petit rôle d'une minute dans le prochain film de Clint Eastwood... qui me vaut d'être dans la bande-annonce alors que je pensais être coupée au montage (rires) !

Quel film rêveriez-vous de tourner ?
Un film d'époque, ça me plairait beaucoup. J'adorerais jouer dans une série aussi. Ce serait un exercice intéressant.

Quelles actrices t'ont inspirée ?
Gena Rowlands est mon actrice préférée. Elle est d'une justesse incroyable dans son jeu, avec une vraie folie pendant ses interviews. Elle est authentique et outre le fait de vouloir évidemment avoir ce genre de carrière, j'aimerais être ce genre d'actrice, une femme authentique comme Isabelle Huppert également.

Ami-Ami, au cinéma le 17 janvier. Avec William Lebghil, Margot Bancilhon, Jonathan Cohen et Camille Razat.