Grégory Montel et Thomas Suire : "Le cinéma contribue à faire de nous des êtres tolérants"

L'un est encore anonyme, l'autre est connu pour la série "Dix pour Cent". Thomas Suire et Grégory Montel prouvent leur précision de comédiens dans le très beau "Diane a les épaules", au cinéma le 15 novembre. Ils incarnent le couple qui demande à Clotilde Hesme de porter son enfant. Des acteurs justes et des hommes sensibles. Rencontre.

Grégory Montel et Thomas Suire : "Le cinéma contribue à faire de nous des êtres tolérants"
© Petit Films

Le Journal des Femmes : Qu'est ce qui vous a plu dans Diane a les épaules ?
Thomas Suire : Je travaille avec le réalisateur Fabien Gorgeart depuis 10 ans. Il a toujours écrit pour moi. A la lecture du scénario, je suis toujours touché par sa sensibilité, son génie, sa façon de faire passer les messages en douceur. C'est mon pygmalion. La question ne se pose même pas : Fabien me propose quelque chose, j'y vais.

Grégory Montel : J'adore dès qu'il s'agit d'émotions. Je ne suis pas un grand fan des films manifestes. Celui-ci n'en est pas un, tout en étant engagé. Il ouvre le débat, il nous raconte une situation vécue par des milliers de gens. La sensibilité  et la pudeur du traitement du sujet m'intéressaient. Et comme je suis un double papa, ça m'a tout particulièrement touché. Quand on fait les choses avec pudeur, ça impacte encore plus.

"Les choses pudiques impactent plus les gens"

Vous jouez un couple d'homosexuels sur le point de devenir parents. L'un est angoissé, l'autre plus dans la retenue. Qu'avez-vous mis de vous dans ces personnages ?
Thomas Suire 
: Comme Fabien écrit pour moi, il y a beaucoup de moi en Thomas. S'il a choisi Greg, c'est aussi pour mettre beaucoup de lui dans Jacques. Nous sommes au service des personnages, mais nous sommes surtout bien choisis pour les interpréter.

Grégory Montel : J'ai beaucoup forcé l'effacement. J'ai appris à trouver ma place, à moins en faire. Au début, j'avais très envie de lever mon petit doigt en buvant ma tasse de thé. Fabien m'a dit que ça ne servait à rien. J'ai compris qu'il suffit d'une caresse sur le bras et d'un regard entendu pour qu'on ait la sensation d'être amoureux. J'apprends au fur et à mesure à laisser couler. C'est jubilant d'éprouver le moment, mais il faut beaucoup de confiance. J'ai compris instantanément qu'il y avait cette alchimie avec Fabien.

Au-delà de ce que le film a pu vous apprendre en tant qu'acteur, quelles questions a-t-il soulevé en vous ?
Grégory Montel 
: En bon comédien provincial, un peu paysan, ce film participe à me faire comprendre que le monde est tel que les gens le décident et non pas tel qu'il était écrit. Je continue mon parcours. Quand je suis arrivé à Paris, j'ai réalisé que l'homosexualité était normale. Le cinéma fait de moi l'être tolérant que je suis en train de devenir. Il est bon qu'un film comme celui-ci soit pudique car il ne bloquera pas les gens. Il est très important que nous fassions des films qui s'adressent à des gens dans un milieu rural, qui n'ont peut-être pas l'ouverture d'esprit qu'on a pu acquérir en vivant à Paris. Chez moi, des gens n'ont pas eu la chance d'apprendre ces choses-là. Je crois que c'est la bonne méthode pour expliquer la tolérance.

Thomas Suire : J'ai toujours été investi contre toute forme de discrimination raciale, sexuelle ou de genre. Je suis très content de me retrouver dans un film qui traite ces sujets de manière naturelle. Fabien ne fait pas un film sur la GPA, il montre une belle histoire d'amour, d'amitié, une grossesse peu ordinaire. Ça existe, sûrement de plus en plus. C'est interdit par la loi ce n'est même pas signalé dans le film.

Diane a les épaules, de Fabien Gorgeart. Avec Clotilde Hesme, Grégory Montel, Thomas Suire... Au cinéma le 15 novembre.

"Diane a les épaules // VF"