En direct de Dinard : le cinéma de Clémence Poésy
Talent français qui a conquis le cinéma international, Clémence Poésy s'est posée quelques jours à Dinard pour être membre du jury du 28e Festival du film britannique, mais aussi présenter en avant-première son dernier film, "Final Portrait". Entretien.
Le Journal des Femmes : Quel jury êtes-vous ? Plutôt intellectuelle ou instinctive ?
Clémence Poésy : Il y a toujours une première émotion qu'il faut écouter. Après, dans les discussions avec les autres membres, si l'on veut défendre un film ça devient plus intellectualisé et argumenté.
Quels mots mettriez-vous sur la sélection ?
J'ai l'impression d'avoir suivi des individus, qu'on m'a moins raconté des histoires que présenté des portraits d'hommes et femmes.
Votre plus belle émotion de cinéma ?
Je ne sais pas si c'est la plus belle, mais en voyant Moi, Daniel Blake je n'ai pas pu me relever de mon siège, j'ai pleuré pendant 30 minutes.
Votre rôle le plus difficile ?
Il y a des rôles vers lesquels le chemin est plus long que d'autres ou des scènes et des moments plus durs. Finalement, ce n'est pas pas ce qu'on redoute qui est le plus difficile. C'est parfois des choses très légères.
"En voyant Moi, Daniel Blake de Ken Loach je n'ai pas pu me relever de mon siège"
Jouer en français ou en anglais, quelles différences ?
Depuis 5 ou 6 ans, je ne remarque plus la différence. Quand je joue en anglais, je n'y pense plus désormais. Mais au début ça m'a beaucoup aidé cette différence, parce que ça m'a permis de ne pas m'écouter et de plonger dans les dialogues. Dans sa langue maternelle, on est beaucoup plus conscient des mots et des émotions qu'on croit devoir faire passer. D'ailleurs, pour revenir sur la question précédente, ce n'était pas mon rôle le plus difficile mais ce fut un moment clé : le tournage de Gunpowder, treason and plot, où j'interprète la reine Marie Stuart. C'était tellement impressionnant de se plonger là dedans que ça a été libérateur.
Si vous deviez jouer dans un biopic, quel personnage voudriez-vous interpréter ?
J'ai toujours dit que je voudrais interpréter une peintre. C'est peut-être un fantasme ou un regret de ne pas avoir fait les Beaux Arts.
La scène de cinéma qui vous fait rire à tous les coups ?
Sans doute les scènes dans Certains l'aiment chaud.
Une époque de cinéma qui vous fait rêver ?
La grand époque où les Français tournaient beaucoup en Italie. Ca avait l'air très joyeux ce mélange franco-italien. J'ai d'ailleurs tourné deux films l'an dernier là-bas. C'était vraiment un kiff de tourner en Italie, en italien, avec des Italiens.
Vous pouvez inviter des personnalités du cinéma autour d'une table pour un diner : qui réunissez-vous ?
Werner Herzog et Jane Campion
Enfin, un film qui a changé votre vie et que vous me conseilleriez ?
La leçon de piano de Jane Campion.