En direct de Deauville : rencontre avec Clotilde Hesme

Dans le jury du Festival de Deauville, je demande une grande gigue, sublime, accessible, mélancolique et drôle à la fois. Cette actrice à la silhouette élancée, au sourire immense et au talent démesuré, c'est Clotilde Hesme. Echange, au pied-levé, avec une anti-diva, douce, affable et spontanée.

En direct de Deauville : rencontre avec Clotilde Hesme
© JEAN MARC HAEDRICH/SIPA

Avec son corps de liane, ses yeux vert amande, sa classe naturelle, on l'imagine Parisienne bourgeoise, intellectuelle distante et précieuse -ou pire, blasée-, elle se revendique "provinciale de Troyes, de la classe moyenne, de parents fonctionnaires qui se fichaient du cinéma" et nous fait rire.
Malgré sa beauté froide, son passé de mannequin et ses dons pour la tragédie, Clotilde Hesme se révèle chaleureuse, passionnée et épanouie par son foyer. Humour, répartie et auto-dérision sont au rendez-vous de cette interview réalisée dans les jardins du Normandy, entre deux projections au Festival du Cinéma Américain de Deauville.

Votre première émotion sur grand écran ?
Clotilde Hesme : E.T. l'Extra-terrestre de Steven Spielberg. Je viens de le revoir avec mon fils, j'adore ce film.

Un fantasme d'adolescente ?
Terminator de James Cameron, plus pour Sarah Connor qu'Arnold Schwarzenegger je vous rassure, et Alien de Ridley Scott, aussi, pour Sigourney Weaver. Ce sont les performances des femmes puissantes que j'admirais.

Le moteur de votre carrière ?
Le désir, la curiosité des êtres et de leur vision des choses. J'ai envisagé le cinéma comme une profession de foi. Jusqu'à 16 ans, j'étais une vraie grenouille de bénitier, je sacralisais la religion, je priais. Puis je suis devenue une spectatrice fascinée. Ma cinéphilie s'est précisée. Elle m'est apparue comme une "croyance".

Qu'est ce qui vous anime devant une caméra ?
La confiance du réalisateur.

Qu'est-ce que vous n'avez pas encore "réalisé"?
Un rôle qui me transforme. Une écriture forte avec beaucoup d'imagination. Je ne dirai pas une proposition "risquée" ou "qui me mette en danger" car je ne veux pas exagérer : notre métier est privilégié et sécurisé. C'est une chance. Il n'y a pas de raison d'avoir peur.

Qui est votre modèle dans le métier ?
Vincent Lindon pour son rapport intime à son art. Il fait des choix qui l'engagent et sait garder intact l'aspect sensible. Je respecte la technique, les gestes, les marques au sol… mais, comme lui, je m'oublie complètement au profit du film.

Quel film souhaiteriez-vous me conseiller ?
Une Vie Violente de Thierry de Peretti sur les méandres du nationalisme en Corse. Le scénario, la direction des acteurs, la réalisation... tout est impressionnant.

Quel trophée pourrait-on vous décerner ?
Le prix de la meilleure actrice enceinte ou allaitante. Je viens de vivre ma 2e grossesse sur les plateaux de tournage. Et après l'accouchement, j'ai géré les montées de lait et le fait de nourrir mon bébé entre deux prises. Une prouesse !

Quel est votre talent caché ?
Je fais très bien les crêpes !

Qui serait votre partenaire idéal pour un baiser de cinéma ?
Gérard Depardieu, sans hésitation.

Quel moment de votre vie aimeriez-vous re-mettre en scène ?
Celui où mes grands-parents étaient encore présents… où nous allions passer du temps dans leur maison dans la Creuse. J'ai une nostalgie de cet ancrage familiale et de cette région...

Pour juger d'une oeuvre du 7e Art, vous faites confiance à... ?
J'aimerais dire "à mon coeur et à ma tête", et respecter l'égale importance accordée à l'émotionnel et au cérébral, mais je dois avouer que je suis sensitive et instinctive. Dans tous les cas, il sera plus facile pour moi de défendre un film que j'aime, que de critiquer un opus que je n'apprécie pas. J'ai trop de respect, de bienveillance, de conscience du travail pour ça.

Qu'est-ce qui est toujours mieux "à l'américaine" ?
Les comédies musicales !

Avez-vous un projet à partager en cette rentrée ?
Je joue dans Diane a les Epaules de Fabien Gorgeart, en salles le 15 novembre. Allez le voir !