Angela Curri, la Fornarina de Raphaël, rêve de cinéma français

Angela Curri interprète la Fornarina dans "Raphaël, le Seigneur des Arts, bientôt en salle dans 60 pays. A 23 ans, la jeune actrice délaisse Hollywood au profit de Paris, ville dans laquelle elle souhaiterait, un jour, se faire remarquer.

Angela Curri, la Fornarina de Raphaël, rêve de cinéma français
© Alessandro Pizzi

Le nouveau documentaire de Flavio Parenti, "Raphaël, le Seigneur des Arts" retracera la vie de l'un des plus grands artistes de la Renaissance italienne. A l'affiche de ce nouvel opus, Angela Curri, actrice italienne qui fait ses premiers pas vers la reconnaissance mondiale. Dans ce film produit par la chaîne Sky la jeune femme donnera vie à la Fornarina, grand amour du prodige de la peinture. Née à Noci en 1993, elle participe à la version italienne de l'émission L'école des fans à l'âge de 10 ans. Elle sera malheureusement éliminée à la finale. Chanteuse et danseuse en herbe, elle gagnera le soutien de sa mère qui l'inscrira ensuite dans une agence de castings. 

Son allure et son talent feront le reste : en 2004, elle réussit à décrocher un petit rôle dans Nel mio amore de Susanna Tamaro. C'est alors qu'elle découvre les bonheurs du tournage entre Trieste et la Slovénie. "Je ne me souviens pas de la fatigue, mais juste de la joie. Avec le temps, j'ai compris que c'était la seule chose que je pourrais faire dans ma vie", avoue-t-elle. Angela Curri est devenue femme, en passant de plateau en plateau et en se retrouvant à fouler le tapis rouge "toujours un peu effrayée" et sans jamais savoir comment s'habiller. Grande enfant amoureuse de la vie, elle avoue aujourd'hui avoir succombé au charme d'un acteur, dont elle ne veut pas dévoiler le nom. Malgré les projecteurs qui seront bientôt braqués sur elle et la célébrité qui l'attend, la comédienne garde une tendre pensée pour ses parents, qui l'ont toujours épaulée. Malgré son enthousiasme d'écolière et son sens affuté de l'autocritique, Angela Curri dit nous réserver de grandes surprises dans ce nouvel opus placé sous le signe du génie artistique. En attendant, dit-elle "j'étudie le français". 

Après les séries télévisées italiennes, on vous retrouve dans Raphaël, le Seigneur des Arts : comment êtes-vous devenue femme à travers tous ces rôles ?
Chaque film est comme une pièce de puzzle. J'ai absorbé une partie de chaque personnage que j'ai pu jouer au fil de ma carrière et j'ai été très chanceuse car l'on m'a souvent choisie pour des rôles engagés et intenses. Chacun d'entre eux m'a offert une approche différente. La Fornarina m'a apporté l'élégance, par exemple. Je m'identifie beaucoup aux personnages au point où je les deviens, même en dehors du tournage.

Vous donnerez vie à Fornarina dans ce nouvel opus. Qui est-elle ?
Elle est un mélange entre légende et vérité, donc il n'y a pas grand-chose à dire d'un point de vue historique. J'ai essayé de découvrir le plus de choses possibles sur le génie de l'art dont elle est tombée amoureuse, car j'ignorais tout d'elle. Après avoir lu plusieurs livres, j'ai surtout passé la plupart de mon temps devant La Dame Voilée et j'ai remarqué que Fornarina et moi avons énormément de point communs. Elle avait aussi 23 ans, par exemple.

Qu'aimez-vous dans votre travail ?
Tout me plaît et je n'ai même plus l'impression de travailler. J'aime étudier les personnages : jouer c'est vivre plusieurs vies et celles que j'ai eu l'opportunité de vivre jusqu'à maintenant m'ont toutes plu.

"Jouer, c'est vivre plusieurs vies"

Quand avez-vous compris que vous étiez faites pour ce métier ?
J'ai aménagé à Rome pour étudier avec Gisella Burinato à l'âge de 19 ans. Elle m'a appris tout ce que je sais au sujet de la construction d'un personnage. Grâce à elle, j'ai aussi compris combien il était important de se connaître soi-même. J'ai compris que je pouvais réaliser ce rêve lorsque Liliana Cavani m'a choisie pour l'un de mes premiers rôles. Je me suis libérée de mes angoisses au fil des tournages. Même s'il s'agit d'un exercice difficile, travailler en plateau est nécessaire pour le développement de son talent. C'est l'école la plus efficace qui puisse exister.

Comment avez-vous vécu votre adolescence ?
J'ai pu vivre sans portable et écrire de vraies lettres d'amour. Tout était moins superficiel, à cette période et on portait plus d'intérêt à ce qu'il se passait autour de nous. Si nous sommes actifs sur les réseaux sociaux aujourd'hui, on reste très distraits. Si je pouvais choisir ma date de naissance, je naîtrais avant notre époque.

Utilisez-vous beaucoup les réseaux sociaux ?
Je souhaiterais étudier la photographie  donc j'ai une préférence pour Instagram parce que je peux y partager mes moments privés et professionnels mais aussi mes photos artistiques. C'est très important pour mon métier mais j'aime également le lien que j'ai instauré avec le public. Il peut apprendre à me connaître au-delà du personnage.

Que faites-vous quand vous ne travaillez pas ?
J'écris des poèmes, des chansons. J'aime bien chanter du Luigi Tenco ou du Mia Martini. Je ne suis ni fêtarde ni douée en cuisine mais j'apprécie les dîners à la maison avec des amis. Je profite aussi de mon temps libre pour aller voir ma famille et mes amis d'enfance.

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
J'espère continuer ce que je fais et  fonder une famille, un beau jour. Je voudrais devenir une actrice talentueuse et une mère capable de donner le bon exemple à ses enfants pour les encourager à faire ce qu'ils aiment sans regret. La peur  de l'avenir est nocive et ne produit que de la tristesse.  

"Pour surprendre le spectateur, le cinéma doit émerveiller l'interprète avant tout. "

Rêvez-vous de cinéma ?
C'est mon rêve mais je ne suis pas encore prête. Je le serai certainement un jour mais l'important est que le projet et le personnage qui me sont proposés soient intéressants. Il faut un bon réalisateur pour me diriger.

 

Quel genre de rôle aimeriez-vous interpréter ?
Je suis très inspirée par Marion Cotillard dans La Môme, alors qu'elle incarnait Edith Piaf. Je rêve d'un personnage avec une psychologie profonde et différente de la mienne. Sergio Rubini m'a enseigné ça lors du tournage de La Terra. Pour surprendre le spectateur, le cinéma doit émerveiller l'interprète avant tout.