Josiane Balasko et Alexandra Lamy, victimes de la génération boomerang

C'est sans doute la peur de tous les adultes : devoir retourner vivre chez papa-maman, des années après avoir quitté le nid, parce qu'un rouage s'est grippé. Parce qu'un divorce, parce que le chômage... Josiane Balasko et Alexandra Lamy sont confrontées à cette situation dans "Retour chez ma Mère", au cinéma le 1er juin.

Josiane Balasko et Alexandra Lamy, victimes de la génération boomerang
© Pathé Distribution

Les éclats de rire et de voix fusent dans cette suite d'un grand hôtel parisien. Pas étonnant quand deux comédiennes de la trempe de Josiane Balasko et Alexandra Lamy se retrouvent dans la même pièce. Elles incarnent une mère et une fille dans Retour chez ma Mère, comédie douce-amère réalisée par Éric Lavaine, au cinéma le 1er juin. On y rencontre Stéphanie, 40 ans, contrainte de réintégrer sa chambre d'ado après avoir divorcé et perdu son travail. Mais pas facile de passer ses soirées à jouer au Scrabble avec sa maman quand on a soi-même fondé une famille. Et malgré tout l'amour que l'on se porte, quand les esprits s'échauffent, les mots peuvent dépasser la pensée. Si dans le film, les relations entre les deux femmes sont plutôt tendues, il n'en est rien une fois que les caméras sont coupées. La complicité entre les deux comédiennes, qui se donnent la réplique pour la première fois, est évidente. Avec elles, nous avons parlé parents, enfants, chômage et comédie, dans une atmosphère détendue et presque familiale. 

Alexandra Lamy ne trouve pas les mots... © Pathé Distribution

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a plu dans le scénario de "Retour Chez ma Mère" ?
Alexandra Lamy :
L'histoire !
Josiane Balasko : Ces deux personnages de femmes étaient vraiment originaux. Je n'avais pas eu de scénario comme ça avant et avec un tel humour. J'ai beaucoup ri en lisant le texte.
Alexandra Lamy : Des films de femmes, il y en a pas mal, mais ce sont des films de copines. C'est rare d'avoir un scénario de femmes avec un rapport mère-fille sans être dans le registre de LOL [de Lisa Azuelos, ndlr], ce qui n'est pas du tout péjoratif.
Josiane Balasko : Avec des femmes adultes...

Comment s'est passée la collaboration entre vous deux ?
Josiane Balasko :
Mal ! (rires)
Alexandra Lamy : On nous séparait régulièrement. On avait une doublure à chaque fois (rires).
Josiane Balasko : C'était évident. Il y a des choses pour lesquelles on ne se pose pas de question. Tu sais tout de suite qui est la personne. J'ai un test pour savoir à qui je m'adresse : je vanne. Si la personne le prend bien, c'est gagné. Si elle le prend mal, c'est plus compliqué.
Alexandra Lamy : Ça m'a mis à l'aise très vite.    

Le film traite du chômage, de la vie amoureuse des parents passé la soixantaine… C'est important d'aborder ces thématiques ?
Josiane Balasko :
C'est ce qui fait le sel de la comédie. Dans le drame, on a une femme qui perd son boulot et dans la comédie, il y a ce secret que la mère a cachés à tout le monde. La comédie vient du malentendu. Le spectateur est au courant et va rire de ces situations. C'est la force du film : il y a des moments durs, émouvants et des moments très drôles. 

Retour chez ma Mère parle de la "génération boomerang", ces adultes qui reviennent chez papa-maman après avoir pris leur indépendance. Vous avez connu cette situation ?
Josiane Balasko :
Ça n'existait pas à mon époque. C'était les Trente Glorieuses et il n'y avait pas de chômage. Les enfants pouvaient rester un peu plus longtemps chez les parents, mais une fois qu'ils travaillaient, c'était fini. Dans les années 60-70, on se mariait jeune, à 25 ans. Avec mon BEPC, je pouvais entrer à la Poste, en 1965.   
Alexandra Lamy : Quand je suis montée à Paris, mon père m'avait mis la pression. Il avait un commerce et m'avait dit : "Je te préviens ma fille, je te donne un an. Si dans un an, ça ne marche pas, tu redescends." Je me suis dit que si je retournais chez mes parents, ça voulait dire que je n'avais pas réussi. C'était la défaite. Ce sont des choses qui angoissent un peu. On avait la génération Tanguy qui n'avait pas envie de partir, mais là c'est différent. Si votre enfant revient, c'est qu'il y a eu un échec. C'est dur, pour lui et pour nous, parce que ça nous fait de la peine.

Les repas de famille, comme dans l'une des principales scènes du film, c'est une épreuve pour vous ou un moment de partage ?
Josiane Balasko : 
J'ai de la chance, j'ai très peu de famille. J'ai ma fille, mon fils, mon mari. De temps en temps, mon frère est là, mais on n'est pas une grande famille. Par exemple, du côté de mon mari aux États-Unis, quand tout le monde se réunissait, il y avait 100 personnes qui se connaissaient à peine. Ces repas ne sont pas obligatoires, donc quand ma fille vient, c'est un plaisir de la voir.