Le Journal de Cannes : la vérité nue

L'autre Festival de Cannes se joue au pied du tapis rouge, dans l'ombre des crépitements de flashes. Sous les palmiers de la Croisette, dans les couloirs des hôtels de luxe et aux abords des salles de projections, le quotidien est moins glamour qu'un sourire de star. Mais tout aussi éclatant.

Le Journal de Cannes : la vérité nue
© Instagram JDF

Escabeaux surplombés de badauds, longues jambes terminées par des corps divins, robes de soirées virevoltantes traînées par des assistants... Cannes est un ballet emmené par la vulgarité, le glamour et l'improbable. Ou plutôt un stop-motion rythmé par mon pas de course. Baskets aux pieds, accréditation au cou, je trotte. Comment être au Martinez à onze heures, au Majestic à midi, au Palais à quatorze heures ? Comment alterner avec brio interviewes, verres, organisation, verres, projections, verres ? Comment ça, il faut aussi prendre du temps pour écrire ?

Du 11 au 22 mai, la Méditerranée est témoin de ma drôle de mutation. La journaliste devient bête à cinq bras, pro des réseaux sociaux, intervieweuse de l'extrême, critique cinéma, paparazzi et trieur de mails automatique. Seuls moments de répit : les déjeuners sur la plage du Majestic où, attablée les pieds dans le sable face à la mer, je reprends des (délicieuses) forces pendant que des stars se font interviewer à l'abris des regards indiscrets.
Le soir venu, le monstre de travail se transforme en créature à talons hauts. Les tennis et le stress sont au placard, le sourire est de mise. Personne ne doit connaître la vérité sur Cannes. Les minutes à attendre le bus avec le gang des retraités râleurs pour rentrer dans un appart' du Cannet taper frénétiquement sur mon clavier en enfilant un Coca zéro. Les levers d'avant-bras fréquents pour vérifier l'heure avec la cadence d'un métronome. L'unique repas quotidien. Les journées qui débutent à 8 heures et ne finissent qu'au lever du jour suivant.

Au-delà du Suquet, personne ne doit savoir. Les reporters se passent le mot avec des regards entendus : ici, on bosse, on festoie, on est heureux et on le montre au reste du monde. Point. Le plus absurde, c'est que dans ce mensonge se cache une vérité. Même seule sur la Croisette, le ventre aussi vide que ma batterie, le sommeil léger et le dictaphone plein à craquer, l'effervescence finit toujours par l'emporter. Oui, on est bien ici. Surtout quand ladite effervescence pétille à la surface d'une coupe de champagne.

 

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Une photo publiée par JournalDesFemmes (@journaldesfemmes) le

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