Ellen Page : l'amour engagé

Ellen Page est à l’affiche de "Free Love" avec Julianne Moore. Ce long-métrage de Peter Sollett, en salles le 10 février, raconte l’histoire vraie de Stacie et Lauren, un couple de femmes remarquable qui s’est battu pour défendre l’égalité des sexes. Le Journal des Femmes a rencontré la jeune actrice militante.

Ellen Page : l'amour engagé
© Copyright Universum Film
Ellen Page dans Free Love © Copyright Universum Film

L'actrice Ellen Page s'investit sans relâche pour participer et soutenir des projets cinématographiques en faveur de la cause LGBT. Aujourd'hui, elle partage l'affiche de Free Love avec Julianne Moore. Elle y incarne Stacie Andree, compagne de Laurel Hester, elle-même atteinte d'un cancer en phase terminale. Leur histoire d'amour est devenue celle d'un combat pour l'égalité des droits afin que Stacie puisse toucher la pension de sa compagne, requête systématiquement refusée à cause de leur sexualité. Rencontre avec une jeune actrice déterminée.

Le Journal des Femmes : Comment vous-êtes vous préparée pour interpréter Stacie Andree ? 
Ellen Page : J'avais vraiment envie de capturer l'essence de cette personne. Je me suis beaucoup documentée sur cette histoire, puis j'ai eu l'honneur de rencontrer Stacie. C'était très émouvant car c'était dur pour elle d'évoquer son amour perdu.

Travailler avec Julianne Moore, c'est…
Une expérience incroyable. Non seulement c'est une des plus grandes actrices de tous les temps, mais c'est aussi quelqu'un de tellement agréable et bienveillant. On s'est tout de suite très bien entendues, on était inséparables sur le tournage. C'était peut-être même un peu chiant pour les autres (rires).

Jouer dans Free Love était une forme d'engagement ?   
Avant tout, c'est une très belle histoire d'amour. Ce qu'ont fait ces femmes dans la lutte pour l'égalité des sexes est remarquable. Je me sens privilégiée et pleine de gratitude d'avoir pu raconter leur combat.

La vie d'Adèle, Carol, Free Love... Peut-on dire que l'industrie du cinéma est plus encline à montrer toutes les sexualités ?
J'espère que cet élan va se poursuivre, on le voit aussi sur le petit écran avec de plus en plus de place laissée aux membres LGBT. C'est excitant, en tant qu'actrice et spectatrice, de pouvoir découvrir des films aussi fabuleux que La vie d'Adele. C'est une chance et un progrès, une grande avancée pour la jeune génération qui se voit représentée à l'écran.

Vous êtes aussi productrice de Free Love. C'était un moyen de garder un droit de regard sur le film ? De donner votre opinion ?
De manière générale, je m'investis dans la production parce je veux le contrôle (rires). Mais pour Free Love, c'était surtout quelque chose d'organique, je me suis lancée dans ce projet avant même que le scénario soit écrit. Les autres producteurs étaient vraiment motivés et j'ai donc pu voir comment on construit un film de bout en bout. Tout cela était nouveau pour moi. C'était donc moins le désir d'être aux commandes
– bien que j'aie donné mon avis – que d'y participer.

Dans le discours de votre coming-out en février 2014, vous évoquez les standards créés par Hollywood, qui range les acteurs dans des cases. Vous ?
Ce discours est la meilleure décision que je n'ai jamais prise, je ne pouvais pas me sentir plus heureuse. Avant, j'avais le sentiment d'être cloisonnée et freinée dans ma carrière. Aujourd'hui je suis de nouveau passionnée, inspirée et capable de porter des films comme Free Love. J'arrive enfin à explorer cette part de créativité liée à mon identité, chose que je ne pouvais pas faire avant.

Avez-vous déjà ressenti de la discrimination dans votre travail ?
Je pense que chaque femme, toute sexualité confondue, y a été confrontée. Dans l'ensemble, j'ai eu la chance de travailler avec des gens exceptionnels. Oui, Hollywood est toujours majoritairement représenté par les hommes, mais ça commence à changer et je suis optimiste.

Est-ce que le tournage de Free Love vous a transformée ?
Je pense que ces deux femmes m'ont changée. Elles font partie de ces gens inspirants qui nous poussent à accepter pleinement qui on est, à être plus radical.

De quoi voulez-vous que les gens se souviennent après avoir vu Free Love ?
Qu'ils se rappellent de Laurel et Stacie, leur amour l'une pour l'autre, leur combat et tout ce qu'elles ont dû endurer. Le film s'attache à dénoncer à quel point la discrimination peut affecter des vies. Toutes les discriminations, pas seulement celles envers les personnes LGBT.

Quels sont vos projets ?
Je serai au casting du film Tallulah, projeté au Sundance Festival, qui me tient très à coeur. Je vais aussi tourner une nouvelle histoire d'amour avec l'actrice Kate Mara. Et puis je travaille avec HBO pour développer une mini-série sur Sally Ride (
troisième femme à être allée dans l'espace, qui a toujours caché son homosexualité, ndlr). 

Free Love, en salles le 10 février. 

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