Mamie Gummer: "J'ai adoré hurler sur ma mère"

Mamie Gummer, la fille de Meryl Streep, donne la réplique à sa maman et dégaine son talent dans le glamour et rebelle "Ricki and the Flash", un film rock'n'roll à découvrir au cinéma le 2 septembre. Rencontre avec une actrice extra, une artiste accessible et sensible, une trentenaire aussi spontanée que douée. Un régal !

© Sony Pictures

Ricki and the Flash raconte l’histoire d’une rock star qui renoue avec ses enfants après les avoir délaissés pour assouvir sa passion, la musique. Comprenez-vous qu'une femme préfère sa liberté à son foyer ? Privilégie sa carrière et délaisse sa famille ?
Mamie Gummer : Je ne suis pas vraiment apte à juger. Je pense que la vie est compliquée et que la notion de "maternité" est à redéfinir. Est-ce que je ferais ce choix ? Probablement pas, je peux vous affirmer que mes priorités sont ailleurs. Mais ce que j’aime dans ce scénario, c’est qu’il soulève de nombreuses questions sans pour autant donner de réponses claires. Il vous met juste nez à nez avec tous ces problèmes.

Quelle passion pourrait vous éloigner de vos proches ? 
Le travail que je fais maintenant me tient souvent à l’écart de ma famille, mais je n’ai pas encore la responsabilité d'enfants.

Pourriez-vous faire des choses folles par amour ?
J’en ai déjà fait quand j’étais plus jeune. Avec l'âge, on devient plus sage… et l'on réfléchit à deux fois avant d’acheter un billet d’avion pour aller voir quelqu’un avec qui on a seulement parlé une fois au téléphone.

Votre papa est un célèbre sculpteur, votre maman, une immense actrice. Vous avez grandi dans un milieu artistique, dans le Connecticut.  Comment décririez-vous votre éducation ?(Mamie Gummer a un frère et deux soeurs : Henry est chanteur, Grace est actrice et Louisa top-modèle).
Mon éducation était étonnamment normale. Je pense que les gens imaginent que nous nous asseyions et que nous récitions des pièces de Shakespeare et que tout le monde lisait un personnage à tour de rôle… mais ce n’était vraiment pas le cas…

Quel était votre rêve d'enfant ? Votre fantasme d'adolescente ?
Attirer l’attention du monde entier.

Votre vrai prénom est Mary Willa. Qui vous appelle encore comme ça ?
Mes sœurs et ma meilleure amie ont récemment commencé à m’appeler comme ça, c’est une sorte de surnom inversé.

Pour Ricki, c'est le rock, et pour vous ?
Je dirais que j’aime le rock classique et indépendant. J’apprécie les bonnes compositions, les belles paroles. Quelque chose qui ressemble à de la bonne poésie.

Quelle chanson a bercé votre enfance ?
Les Spice Girls, je les adorais.

Vous êtes musicienne ?
J’aurais aimé savoir jouer d'un intrument, mais je n’avais pas la patience, la discipline ou la coordination pour ça.

Vous avez fait vos études d'art dramatique à Chicago. C'était un moyen de ne pas plonger d'emblée dans la frénésie d'Hollywood ?
Cela n’a jamais été un objectif pour moi d’être une star de cinéma. Je voulais apprendre le théâtre et j’espère pouvoir continuer à en faire le plus possible.

Vous tournez de plus en plus : des séries télé (The Good Wife), des films de cinéma. Êtes-vous fière de vous ?
J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir avant de dire que j’ai réussi. Je pense que je suis fière de pouvoir  jouer. Je suis surprise et comblée à chaque fois qu’on me donne l’occasion de le faire.

Dans le film, vous êtes en instance de divorce et vous apparaissez la plupart du temps déprimée, en pyjama, sans maquillage, pas vraiment à votre avantage... Il faut une certaine maturité pour malmener son image à l'écran, et vous n'avez que 32 ans... 
C'est exactement la raison pour laquelle je voulais faire ce film. C’était vraiment très excitant pour moi de ne pas devoir penser au glamour, parce que, selon moi, l'obsession de l'apparence distancie de la réalité et empêche de raconter une histoire. J’ai joué un médecin dans une série télé (Dr Emily Owens, ndlr) et je sais que la plupart des professionnels de santé n’ont pas le temps de s’asseoir et de se faire coiffer tous les matins avant leur service. Mais l'on doit maintenir l’illusion que "tout le monde est parfait", tout le temps ! Cela m'agace. J'étais heureuse d'incarner un personnage au naturel, plus viscéral...

Vous avez été égérie Gérard Darel, les marques, c'est important pour vous ?
Je suis fan de cosmétiques et produits de beauté, mais plus pour le fun que par passion. Plus récemment, la mode a joué un rôle important dans ma vie et je comprends enfin comment m’habiller. Cela ne me  semble plus aussi intimidant qu’avant. J'ai fait la paix avec ma peau, mes cheveux. Cependant, je pense toujours qu'une femme ne doit pas utiliser d'artifices, de vêtements, de fards, de coiffures pour séduire.

Cela plaît aux hommes, non ?
Ce qui attire, c'est une personne honnête avec elle-même.

Dans Ricki and the Flash, vous mangez n'importe quoi pour compenser un chagrin d'amour, que vous noyez dans l'alcool et les médicaments. Quel rapport entretenez-vous avec votre corps ?
J'ai eu des relations tendues avec la nourriture, multiplié les régimes, tenté le sport à outrance. Ma silhouette est tantôt une amie, tantôt une ennemie, comme toutes les femmes. Aujourd'hui, on est en bons termes mon physique et moi, on prend soin l’un de l’autre de manière stable.

Vous avez dit au New York Daily News que c'était une "thérapie" de pouvoir crier sur votre mère devant les caméras pour Ricki ? Expliquez-nous.
Rassurez vos lecteurs, c'est de pouvoir m'énerver, m'emporter, crier, qui m'a soulagée, pas le fait que ce soit sur ma mère !

Au quotidien, vous êtes plutôt réservée, patiente ou il vous arrive de sortir de vos gonds ?  
Je ne suis pas du genre introvertie, plutôt expressive. Je ne me retiens jamais de tire tout haut mes pensées et mes opinions, mais j’essaye de le faire à un niveau raisonnable.

On doit vous poser souvent la question, mais n'est-ce pas trop difficile de mener une carrière dans l'ombre de Meryl Streep, une interprète multi-oscarisée ?
En aucun cas, ça ne m’atteint pas. Mon but est de continuer à travailler et de le faire le mieux possible.

Mamie, continuons, si vous le voulez bien, par le portrait chinois :
Si vous étiez un mot : Tarte aux pommes
Un végétal : Une orchidée
Un film : La Brûlure (1986) de Mike Nichols avec Meryl Streep, Jack Nicholson (son premier film, ndlr)
Une recette de cuisine : Des cookies au gingembre
Un péché mignon : le Martini
Une chanson : de la Country !
Et si vous étiez un homme ? Je serais Christian Bale !

© Sony Pictures